» La photographie prend un instant hors du temps, changeant la vie en la maintenant immobile. Il faut utiliser l’appareil photo comme si, demain, on devenait aveugle. Vivre une vie visuelle est une entreprise énorme, pratiquement inaccessible. Ma façon de photographier a été basée sur trois règles : d’abord ne rien toucher ! Quelles que soient les choses que j’ai photographiées, elles n’ont pas été dérangeantes et je m’en suis accommodée . Deuxièmement : le sens du lieu. Quelles que soient les choses que j’ai photographiées, elles ont toujours dues apparaître comme faisant partie de mon ambiance , comme enracinées en moi. Troisièmement, j’essaie de montrer que le passé est inséré dans le présent. La photographie prend un instant hors du temps, changeant la vie en la maintenant immobile.
La photographie-documentaire porte en elle autre chose, une qualité du sujet à laquelle l’artiste répond. C’est une photographie qui porte tout le sens de l’épisode, de la circonstance ou de la situation qui ne peut être révélée parce que l’on ne peut vraiment la ressaisir que par cette qualité. Il n’y a pas de véritable guerre entre l’artiste et la photographie-documentaire, ils doivent être deux.
En tant que photographes, nous tournons notre attention vers les familiarité dont nous faisons partie. Ainsi tournant, nous pouvons parler, dans notre travail, que de notre sujet. Nous pouvons parler avec nos sujets. Nous pouvons même plus parler de nos sujets Nous pouvons parler pour eux. Eux, pourvus de langue, pourront parler avec nous et pour nous. Et dans ce langage sera proposé à l’objectif ce dont , en fin de compte, la photographie doit s’occuper : le temps, le lieu, les œuvres de l’homme. La photographie devient, en quelque sorte, un autoportrait. Un portrait rendu plus significatif par l’intimité, une intimité partagée non seulement par le photographe avec son sujet, mais par le public aussi après. » Dorothea LANGE (Photographe américaine pionnière dans la photographie-sociale)




