Aria  » Cessate omai cessate  » … Antonio VIVALDI

(Vidéo : Andreas SCHOLL (Contre-ténor) – Il est accompagné par l’Ensemble 415 – Direction : Chiara BANCHINI )

Cette aria est extraite d’une Cantate de Chambre (alternance de récitatifs et arias avec accompagnement instrumental en petit nombre ) un genre qui plaisait beaucoup au XVIIIe siècle et qui, vocalement, se rapproche de l’opéra. Celle-ci est assez tardive puisqu’elle date de 1734/35 environ. Elle a été écrite pour voix de contralto, cordes et basse continue. La partition originale se trouve à la Bibliothèque nationale de Turin.

Un petit chef-d’œuvre, magnifiquement exigeant, émouvant, brillant, rageux aussi parfois.

 » Cari giorni  » … Aria extraite de l’Opéra INES de CASTRO de Giuseppe PERSIANI

(Vidéo :  » Cari Giorni  » – Cecilia BARTOLI accompagnée par Adam FISCHER à la direction de l’ensemble LA SCINTILLA –  » Cari giorni  » est l’aria que Ines chante depuis sa prison avant de mourir . Elle devient folle car ses enfants ont été enlevés et tués sur ordre du roi, et son amour le prince Pedro en est complètement désespéré.)

Giuseppe Persiani est un compositeur d’opéras né en Italie en 1799, et mort à Neuilly-sur-Seine en 1869.. Il a épousé une soprano assez connue à son époque, Fanny Tacchinardi qui connaitra un succès international. Cette célébrité aurait pu profiter également à son époux, mais il n’en sera rien : ce dernier sera beaucoup plus intéressé à écrire pour elle et s’occuper de sa carrière, que de penser à la sienne.

Ines de Castro est une tragédie lyrique en trois actes, magnifique, créée au Teatro San Carlo de Naples en 1835 sur un livret du poète Salvatore Cammarano. Elle connaitra un succès immédiat qui ne cessera pas durant près de 16 ans avant de tomber un jour, peu à peu, dans l’oubli.

L’histoire réelle de Ines de Castro a beaucoup inspiré la littérature au Portugal, ainsi que le monde lyrique. Ines , dame d’honneur arrivée à la Cour du Portugal, va connaitre une relation passionnelle avec l’héritier du trône le prince Pedro, à qui elle donnera plusieurs enfants. Ils se marieront en secret après la mort de son épouse officielle , la princesse Constanza. Le couple vivra heureux jusqu’au jour où le roi (père de Pedro) qui avait toujours été opposé à cette relation, va faire assassiner Ines. Fou de rage et de douleur, le prince Pedro fera déterrer son épouse, fraichement inhumée, la fera vêtir de façon royale et elle sera couronnée reine du Portugal.

Un sujet à la fois fascinant, dramatique, sensible et plein d’émotion qui se retrouve le chef d’œuvre de Persiani.

 » Cari giorni a me sereni d’innocenza e di virtù,

foste brevi, siete spenti,

né a brillar tornate più.

Nel dolor è scorsa intera la prim’ora dell’età,

mia giornata innanzi sera nel dolor tramonterà. »

Titon & L’Aurore … Jean-Joseph CASSANÉA DE MONDONVILLE

Jean-Joseph CASSANÉA DE MONDOVILLE 1711/1772 – Un tableau Maurice QUENTIN DE LA TOUR

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville est un compositeur français, natif de Narbonne. Excellent et brillant violoniste, il se distinguera à la Cour de Louis XV où il aura le soutien de la favorite en titre à savoir la marquise de Pompadour. Il faut dire qu’il lui offrira de très beaux rôles dans ses pièces lyriques, ce qui lui permettra d’obtenir le poste très convoité de directeur du Concert Spirituel .

Titon et l’Aurore est ce que l’on appelle une Pastorale héroïque (genre très apprécié au XVIIe et XVIIIe siècle, avec ballet). Elle fut écrite et créée à l’Académie royale de musique en 1753. Le livret du Prologue est de Antoine Houdar de la Motte et celui de l’opéra de l’abbé de la Motte qui, malheureusement, va mourir avant même de l’avoir terminé. Du coup, ce sera l’abbé de Voisenon qui le fera.

Cette œuvre lyrique va se retrouver en plein conflit des Bouffons avec d’un côté le parti français soutenu par Mme de Pompadour et le roi, et de l’autre le parti italien (dit la buffa italienne) soutenu par la reine. Elle obtiendra un vif succès durant environ 35 représentations avant de tomber dans l’oubli durant près de deux siècles, puis renaîtra de ses cendres grâce au merveilleux chef Marc Minkowski.

Une page vraiment magnifique, puissante, pleine de belles couleurs orchestrales, lumineuse, raffinée, gracieuse.

(Vidéo : « Ouverture et Prologue » – LES MUSICIENS DU LOUVRE sous la direction de Marc MINKOWSKI – Baryton : Philippe HUTTENLOCHER

Les Troqueurs … Antoine DAUVERGNE

(Vidéo : Ouverture – William CHRISTIE à la direction de l’Ensemble CAPPELA COLONIENSIS)

Dauvergne fut premier violon, chef d’orchestre à l’Académie royale de musique, compositeur de la Chambre du roi en 1755, surintendant de la Musique royale en 1764, et nommé à trois reprises directeur de l’Académie royale de musique.

Les Troqueurs est, en quelque sorte, le premier opéra comique de l’histoire, sur un livret de Jean-Joseph Vadé, créé à Paris en 1753. C’est, en effet, Dauvergne qui inventera de nouveaux genres scéniques qui, bien des années plus tard, donneront naissance, entre autres, à la comédie légère et le ballet-pantomime . De plus, il va œuvrer pour donner un petit coup « de jeune » à l’ancien répertoire lyrique français.

Dauvergne composa ce petit opéra-bouffon en un acte, à une époque où le public était enthousiasmé par les troupes italiennes qui venaient donnaient leurs spectacles à Paris. C’est ce qui incitera le directeur de l’Opéra comique de demander au compositeur d’écrire cette œuvre qui, d’ailleurs, va obtenir non seulement un franc succès à l’époque, les louanges de Rameau (dont on peut dire qu’il est le digne successeur) , mais sera reprise un peu partout en Europe.

C’est une partition raffinée, pleine de verve, très rythmée, audacieuse, richement harmonisée, saupoudrée de style italien, et qui se terminera par un ballet.

(Vidéo : Nicolas RIVENQ & Mary SAINT-PALAIS  » Sans rire comment va le désir conjugal ?  » – Ils sont accompagnés par William CHRISTIE à la direction de l’Ensemble CAPPELA COLONIENSIS )
(Vidéo :  » Contre-Danse (ballet)  » – William CHRISTIE à la directoin de l’Ensemble CAPPELLA COLONIENSIS)

MEDO… Leonardo VINCI

(Vidéo : Cecilio BARTOLI  » Cervo in bosco  » – Elle est accompagnée par l’Ensemble IL GIARDINO ARMONICO sous la direction de Giovanni ANTONINI

Leonardo Vinci fut un merveilleux compositeur baroque issu de l’École napolitaine, successeur de Scarlatti à la Chapelle royale de Naples. Il a eu son heure de gloire, proposant des opéras (environ 36) très inventifs, expressifs, empreints d’émotion, vivacité, délicatesse, vigueur, poésie, grâce. Il a su trouver une belle osmose entre les paroles et la musique, a œuvré pour développer et amener encore plus de technique, de beauté dans ses arias, notamment l’aria di capo (les siens restent des modèles de virtuosité et font partie d’un répertoire vocal exigeant ).

Il fut un grand amoureux de la voix , et du reste, il a travaillé avec les plus grands castrats de son époque, notamment Farinelli. Son style a largement influencé Haendel, Pergolese et Vivaldi. Il aimait aussi beaucoup le jeu et les femmes, s’est fait de nombreux ennemis, et il est malheureusement mort, assez jeune, empoisonné avec un chocolat dit-on !

Medo est l’un de ses superbes opéras, créé au Teatro ducale de Parme en 1728, écrit pour le castrat Farinelli – Le livret est de Carlo Innocenzo Frugoni.

(Vidéo : Franco FAGIOLI  » Sento due fiamme in petto  » – Il est accompagné par L’Ensemble IL POMO D.ORO sous la direction de Zefira VALOVA)

Alcina … Georg Friedrich HAËNDEL

HAENDEL OPERA GARNIER
Sculpture de Georg Friedrich HAËNDEL réalisée par Jean-Jules SALMSON ( celle-ci se trouve à l’Opéra Garnier)

«  Haëndel est le maître infini de tous les maîtres. Allez et apprenez avec lui comment réaliser de grands effets avec de simples moyens. C’est le plus grand compositeur qui ait jamais vécu. Je découvre ma tête et me mets à genoux sur sa tombe. » Ludwig V.BEETHOVEN (Compositeur allemand)

(Vidéo : Ouverture-Prélude – John Eliot GARDINER à la direction de l’Ensemble ENGLISH BAROQUE SOLOISTS )

Parmi les œuvres magnifiques de Haëndel, il y a Alcina, un de ses plus gros succès opératiques, écrit en 1735 et créé la même année au Covent Garden de Londres.

Le livret a différentes sources d’inspiration : Alcina deluso da Ruggiero  écrit par Antonio Marchi en 1725 pour un opéra de Tomaso Albinoni ; livret repris et remanié en 1728 par Antonio Fanzaglia pour l’Isola d’Alcina,  un opéra de Riccardo Broschi en 1728. Une histoire d’amour passion dans un monde enchanté, délicieusement ensorcelant. Une œuvre inventive, expressive, particulièrement bien réussie, avec de sublimes arias.

Cet opéra a connu quelques problèmes lors de sa création : le castrat Giovanni Carestini ne voulait absolument pas interpréter l’aria principale prétextant que sa voix ne s’y prêtait pas ! Quant à l’étoile de la danse , Marie Sallé, elle trouvait que le costume de Cupidon, qu’elle devait porter, ne la mettait pas du tout en valeur lorsqu’elle dansait et préféra apparaître dans une toute autre tenue qui, finalement, ne se révéla pas être du goût de tout le monde.

Haëndel réussira, malgré tout, à calmer tout ce petit monde capricieux et l’œuvre obtiendra un triomphe. Un jour, elle tombera dans l’oubli ….. puis renaîtra de ses cendres en 1928 à Leipzig. Elle ne connaîtra, toutefois, réellement le succès qu’en 1957 lors de la merveilleuse interprétation de la soprano australienne Joan Sutherland.

(Vidéo : Ah mio cor, schernito sei  / Acte II . Joan SUTHERLAND accompagnée par l’Ensemble CAPPELLA COLONIENSIS sous la direction de Ferdinand LEITNER )

La gazza ladra ( La pie voleuse ) … Gioacchino ROSSINI

(Vidéo : Ouverture – Claudio ABBADO à la direction du LONDON SYMPHONY ORCHESTRA)

La gazza ladra (La pie voleuse) n’est pas le plus connu des opéras de Rossini , ce qui est injuste car il est vraiment magnifique. Il fut créé en 1817 à la Scala de Milan. Le livret est de Giovanni Gherardini d’après la pièce ( tirée d’un fait divers réel) de Théodore d’Aubigny et Louis Craigniez en 1815.

Cette œuvre lyrique mélange de comédie et tragédie, mettant en évidence l’esprit créatif et génial de ce merveilleux compositeur, fut rendue célèbre par sa superbe et brillante Ouverture , laquelle est très souvent jouée seule en concert.

(Vidéo :  » Di placer mi balza il cor  » Maria BAYO – Elle est accompagnée par l’Ensemble CONCERTO ITALIANO dirigé par Rinaldo ALESSANDRINI)

 » Les Arts florissants  » H/487… Marc-Antoine CHARPENTIER

 » Les Arts florissants  » est un opéra de Chambre en cinq scènes , ou pour reprendre les propos du compositeur Une idylle en musique « , écrit en 1605 à l’attention de la duchesse de Guise, Marie de Lorraine.

Ce n’est pas le plus grand des opéras de ce compositeur , mais il est charmant et traite de beaux sentiments et de valeurs humaines importantes. C’est une œuvre qui nécessite des voix vocalement talentueuses . Bien sur, la danse y avait gracieusement sa place comme c’était le cas à l’époque.

Les personnages sont des allégories représentant la Musique, l’Architecture, la Poésie et la Peinture, des arts appréciés par Louis XIV . Entre elles, il y a deux symboles : celui de la paix et celui de la discorde. C’est le premier qui triomphera du second avec l’aide des arts. La paix c’était bien sur le roi , lui seul pouvait être celui qui la ramène.

Au travers de son œuvre, Charpentier a tenu à rendre hommage à ce roi dont il était apprécié , ce qui, soit dit entre nous, ne fut pas chose facile pour le compositeur quand on sait combien Lully a tenu une place importante , avant lui, à la Cour auprès du roi Soleil.

(Vidéo :  » Ouverture  » – Interprété par l’Ensemble LES ARTS FLORISSANTS – Direction William CHRISTIE )
(Vidéo : Scène I  » Que mes divins concerts  » (la Musique) – Interprété par Agnès MELLON – Elle est accompagnée par William CHRISTIE à la direction de son Ensemble LES ARTS FLORISSANTS )

ISIS … Jean-Baptiste LULLY

Isis, créé à Saint-Germain-en-Laye en 1677 , ne fut pas l’opéra le plus aimé de Lully. Le livret est de Philippe Quinault. Ce dernier tomba en disgrâce à cause de cette œuvre. On l’écarta même de la Cour durant deux ans ! Tout simplement parce que Madame de Montespan crut reconnaitre l’histoire qu’elle vivait , à ce moment là, avec le roi. Elle pensait qu’on avait voulu se moquer d’elle (en la représentant en Junon) et du fait qu’elle avait été délaissée par Louis XIV ( Jupiter) qui lui préférait alors Mademoiselle de Ludres (Io) … Bref, elle en était tellement persuadée qu’elle fit arrêter toutes les représentations.

La musique fut l’objet d’un grand nombre de critiques à l’époque, affirmant notamment qu’elle était trop savante ! Fort heureusement, au fil des siècles, on a rendu à cette œuvre lyrique la place de choix qu’elle méritait. La musique est éclatante. C’est vraiment, comme beaucoup l’ont affirmé à juste raison : l’opéra des musiciens. Il est joyeux, harmoniquement jubilatoire, les duos inventifs , les arias charmantes, les chœurs superbes, le final grandiose. Il y a de l’émotion, de la subtilité Franchement, il est à conseiller à toutes celles et ceux qui aiment le lyrique baroque.

Le Chœur des Trembleurs (Io a été exilée vers des terres glaciaires) a été rendu très célèbre en raison du procédé utilisé par Lully pour donner l’impression des voix tremblotantes de froid (à savoir doubler les syllabes d’une note pour les accentuer ) a été repris par d’autres . On le retrouve notamment chez Vivaldi et Purcell dans certaines de leurs œuvres.

 » L’hiver qui nous tourmente
S’obstine à nous geler:
Nous ne saurions parler
Qu’avec une voix tremblante:
 La neige et les glaçons
 Nous donnent de mortels frissons
.

Les frimas se répandent
Sur nos corps languissants:
Le froid transit nos sens,
Les plus durs rochers se fendent:
 La neige et les glaçons
 Nous donnent de mortels frissons
« 

( Vidéo :  » Le Chœur des Trembleurs  » (l’hiver qui nous tourmente) Acte IV / Scène 1 – LES TALENTS LYRIQUES & LE CHŒUR DE CHAMBRE DE NAMUR – Direction Christophe ROUSSET )

 
 

TANCRÈDE … Gioacchino ROSSINI

«  Ce qui me frappe dans la musique de Tancrède, c’est la jeunesse simple et pure. C’est le génie dans toute sa naïveté, et si l’on me permet l’expression : le génie vierge encore ! Ce qui excita des transports si vifs à Venise, ce fut la nouveauté de ce style, ce fut des chants délicieux garnis, si j’ose m’exprimer ainsi, d’accompagnements singuliers, imprévus, nouveaux, qui réveillaient sans cesse l’oreille et jetaient du piquant dans les choses les plus communes en apparence ; et cependant les accompagnements produisaient des effets si séduisants sans jamais nuire à la voix. » Henri BEYLE dit STENDHAL (Écrivain français après avoir assisté à cet opéra à Venise)

( Vidéo : Ouverture – Claudio ABBADO à la direction du LONDON SYMPHONY ORCHESTRA)

Tancrède est un opéra du jeune Rossini lorsqu’il avait 21 ans. Il fut créé à Venise en 1813. Le livret est de Gaetano Rossi. Le sujet a été emprunté à la tragédie homonyme de Voltaire (1760).

Une histoire de luttes, de pouvoir, de querelles, de réconciliations et d’amour secret. Contrairement à l’œuvre de Voltaire, la version de Venise se termine bien. Pour la version qui se fera plus tard à Ferrare, Rossini demandera au poète Luigi Lechi de reprendre le livret et apporter une fin plus dramatique afin de se rapprocher de celle de l’écrivain, philosophe, dramaturge, poète et encyclopédiste français.

C’est réellement un chef-d’œuvre qui, exporté dans toute l’Europe, connaitra un très grand succès. Il est séduisant, poignant, les arias & duos superbes dans la pure tradition du Bel Canto, une musique novatrice.

( Vidéo :  » Di tanti palpiti- Acte I) – Ewa PODLES – Elle est accompagné par l’Ensemble CAPELLA BRUGENSIS & COLLEGIUM INSTRUMENTAL BRUGENSE – Direction : Alberto ZEDDA)
(Vidéo :  » Non lasciami, non t’ascolto  » acte II – Jennifer LARMORE & Hei KYUNG HONG – Elles sont accompagnées par LE MUNICH RADIO ORCHESTRA sous la direction de Jesus LOPEZ COBOS )