Le ruisseau dans la forêt …

( Vidéo : Elena BEKMAN-SHCHERBINA au piano)

Anton Arensky a fait ses études au Conservatoire de musique de Saint Pétersbourg où il reçut, à sa sortie, une médaille d’or en composition. Élève de Rimsky Korsakov, il sera un jour, à son tour, un éminent professeur de contrepoint et harmonie au Conservatoire de Moscou ( On compte Rachmaninov et Scriabine parmi ses élèves).

Il eut, par ailleurs, la réputation d’être un compositeur de pages infiniment mélodieuses. Celle-ci est le bel exemple de son expression mélodique, son élégance, son côté imaginatif. Elle ne manque pas de lyrisme, poésie et charme.

Elle fait partie d’un recueil de 26 pièces pour piano qui fut écrit en 1894

Chanteurs d’oiseaux …

 » Diminution du stress, moindre sensibilité à la douleur, amélioration de la mémoire, augmentation des défenses immunitaires …. Écouter les oiseaux serait, d’après les scientifiques, un véritable élixir de jouvence. Seulement voilà, une étude récente a montré qu’à cause de l’activité humaine, les chants d’oiseaux pourraient être amenés à disparaitre dans un futur proche. Prenons donc le temps d’écouter les oiseaux chanter …  » Valérie JOSSELIN ( Journaliste française)

Jean BOUCAULT (pianiste) & Johnny RASSE (acteur) sont deux artistes talentueux, passionnés par la nature et plus particulièrement par le chant des oiseaux, sacrés champions d’Europe d’imitation dans cette catégorie . Ils se produisent en duo (Chanteurs d’oiseaux) sur scène, accompagnés soit par un piano ou un orchestre. C’est très beau.

 » L’homme a toujours vécu bercé par le chant des oiseaux. C’est sa musique naturelle depuis deux millions d’années. A cause de son rythme de vie et des bruits motorisés qui peuplent désormais son environnement, il a tendance à l’oublier. Et pourtant c’est fou tout ce qu’ils nous apprennent rien qu’en les écoutant. Leur chant n’est pas seulement stupéfiant de beauté, il est utile pour annoncer les saisons ou le temps qui change, pour comprendre ce qu’il se passe autour de nous et nous rappeler que nous faisons partie d’un tout.  » Jean BOUCAULT

La cantate du café BWV 211  » Schweigt stille, plaudert nicht (Faites silence ! Ne bavardez pas ) 

 » Ah comme le café a bon goût ! plus agréable que mille baisers, plus doux qu’un vin de muscat. Un café, je dois avoir un café, et si quelqu’un veut me faire plaisir, Ah ! qu’il me donne juste un café  » … (Paroles extraites du texte du poète allemand  Christian Friedrich HENRICI dit PICANDER )

( Vidéo : Emma KIRBY (Soprano ) – Davis THOMAS (Basse) – Roger COVEY-TRUMP( Ténor) – Tous trois accompagnés par l’ACADEMY OF ANCIENT MUSIC – Direction Christopher HOGWOOD )

Pourquoi une Cantate destinée au café ? Cette boisson était consommée en Europe depuis la fin du XVIIe siècle, à la mode et très prisée en Allemagne. Bach, on le sait, en fut un grand adepte . La Cantate parle, au travers des mots humoristiques de Picander, de l’addiction de celles et ceux qui raffolaient du café, mais aussi des autres, généralement plus vieux, qui voyaient en lui un vice social, une boisson dangereuse.

Son histoire est celle de la jeune Lieschen qui tombe carrément amoureuse du café et qui ne peut se passer d’en boire au moins trois tasses ( voire plus ) par jour ! Son père est sous le choc de cet engouement.  Il trouve la boisson odieuse et pour la faire changer d’avis, l’informe qu’il lui interdira de se marier si elle persiste à en consommer. Obstinée, la jeune fille ne cédera pas .

A noter que Bach a rajouté un récitatif et un chœur final au texte de Picander,afin de  laisser en quelque sorte une porte ouverte à un éventuel changement d’avis de la jeune Lieschen, ce qui serait alors vu comme un  » happy end « , une réconciliation du père et de la fille.

Cette joyeuse et merveilleuse  Cantate profane, composée en 1734, est incroyablement charmante, audacieuse, délicate, non dénuée d’émotion aussi. Elle  fut jouée dans un endroit très célèbre de Leipzig : le Café Zimmermann par le Collegium Musicum, un ensemble de jeunes musiciens que le Cantor avait dirigé quelques années auparavant. Ce café était l’un des plus grands et beaux endroits de la ville, mais aussi un lieu de rencontre de la bourgeoisie locale.

La musique …

 » L’histoire de la musique est d’abord, et avant tout, l’histoire d’une recherche sans fin de spectaculaire. L’émotion et la surprise. Pas une seule marche, dans l’aventure de la musique cultivée, qui n’ait été gravie dans le but de créer d’abord ces deux sortilèges. » Alessandro BARICCO (Musicologue et écrivain italien)

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« Allégorie de la musique  » 1752/53 Charles VAN LOO

Grand Galop chromatique … Franz LISZT

(Vidéo : Gyorgy CZIFFRA au piano)

Liszt avait l’habitude, régulièrement, de jouer cette pièce lors de ses concerts et à chaque fois on le rappelait sur scène pour l’interpréter  encore . Si elle a toujours autant enthousiasmé le public, c’est parce qu’elle est brillante, exigeante dans ses prouesses techniques, éclatante, alliant complexité, virtuosité, sensibilité et intelligence. La critique disait qu’elle était un badinage scientifique.

Elle se compose de quatre  thèmes dont le premier met en évidence la gamme chromatique à savoir 12 notes du clavier : 7 blanches = 7 notes ; 5 noires = 5 notes,  séparées par 1/2 ton et toutes utilisées.

Elle fut composée en 1838.

Cziffra Il fait partie de ceux qui entrent dans la catégorie des   grands lisztiens. Le compositeur hongrois fut parmi ses préférés. C’ est un pianiste infiniment talentueux, virtuose, une inspiration imaginative et débordante d’improvisation qui convient parfaitement dans une interprétation de Liszt , avec une technique dont on peut dire qu’elle est quasi parfaite.

Le violon …

 » Dans le violon, l’orchestre a trouvé sa voix plus qu’humaine. De l’humble boite à corde inventée par les Celtes jusqu’aux violons que de lents progrès, de recherches et quelle longue suite de générations ! C’est la perfection.

Le violon est le roi du chant. Il a tous les tons et une portée immense : de la joie à la douleur, de l’ivresse à la méditation, de la profonde gravité à la légèreté angélique, il parcourt tout l’espace du sentiment. L’allégresse sereine ne lui est plus étrangère que la brûlante volupté. Le râle du cœur et le babil des sources, tout lui est propre, et il a passé sans effort de la langueur des rêves à la vive action de la danse.

Notre violon n’a plus depuis tantôt quatre siècles. Il est tel que l’ont légué à la musique les luthiers de Crémone, vers 1550, avec les quatre cordes accordées en quintes, le manche étroit et l’ardente volute qui fait le chapiteau au bout du cheviller. Ses lignes sont un poème de grâce, elles tiennent de la femme et de l’amphore. Elles sont courbes comme la vie, et tant de grâce exprime l’équilibre de toutes les parties, la fleur de la force.

Dans un violon tout est vivant. Si je prends un violon dans les mains, je crois tenir une vie. Tout est en bois vibrant et plastique, aux ondes pressées. Ainsi l’arbre, le violon brut de la forêt, rend en vibrations tous les souffles du ciel et toutes les harmonies de l’eau. C’est pourquoi, il ne faut qu’un rien pour changer la sonorité d’un violon : le chevalet un peu plus haut ou un peu plus bas, plus étroit ou plus large, et le son maigrit et s’étouffe, s’altère et pâlit. Le grand Stradivarius en a réglé la forme et la place pour toujours. Les luthiers de Crémone voyageaient dans le Tyrol pour y choisir les bois les plus purs, les plus belles fibres et l’érable le plus sonore.

Tout est beau dans le violon, tout a du prix. Aux moindres détails, on reconnaît l’accord de l’instinct musical et d’une raison, d’une étude séculaire. Les tables sont voûtées selon un calcul exquis. L’évidement des côtés est d’une grâce comparable aux plus suaves inflexions de la chair qui sinue de la gorge aux hanches : cette scotie d’un galbe si ferme et si tendre n’est pas d’un trait moins sûr que la nacelle des plus pures corolles. Et les ouïes sont les plus belles intégrales.

Dans le violon visible, je suis toujours tenté de reconnaître le corps divin du son en croix : le chant sur le saint bois du sacrifice. Et le grand violoniste, quand il va donner le premier coup d’archet, semble toujours le grand prêtre d’un culte voué aux enchantements. Son geste est une incantation.

Au dedans de ce corps sensible sont logés les organes les plus délicats qui font le mystère du timbre : les tasseaux et les coins, le ruban des contre éclisses, la barre qui est le système nerveux du violon, et l’âme qui en est vraiment le cœur très véridique. En déplaçant l’âme, on déplace le son. Voilà la merveille de vie sonore, avec les quatre-vingt-trois pièces qui la composent et que les luthiers de Crémone ont porté à la perfection. » André SUARÉS (Écrivain et essayiste français / Extrait de son livre Le voyage du Condottiere )

Concerto pour violon Op 61 … Ludwig V. BEETHOVEN

( Vidéo : David OISTRAKH (violon) – Accompagné par l’ORCHESTRE NATIONAL DE LA RADIO FRANCAISE dirigé par André CLUYTENS )

« La mélodie se répand avec une sérénité divin, envahie de la pure harmonie de ré majeur  » Walter RIEZLER (Musicologue allemand)  … «  Un moment de poésie pure qui glisse entre rêve et réalité  » André BOUCOURECHLIEV (Compositeur, critique musical, musicographe bulgare naturalisé français)

Le seul Concerto que Beethoven composera  pour le violon. Il n’a pas toujours été plébiscité par la critique dans le passé. Elle aura tendance à le trouver trop long et répétitif . Par contre, les musiciens vont beaucoup l’apprécier et auront plaisir à l’exécuter. Ce sont eux qui feront son succès.

Quasi symphonique, écrit à la demande de Franz Clément, un violoniste virtuose  rencontré en 1794. La partition porte d’ailleurs son nom, mais Beethoven changera d’avis par la suite et le dédicataire deviendra son ami et protecteur Stephan Von Breuning.

STEPHAN VON BREUNING
Stephan VON BREUNING

Quoi qu’il en soit, Clément créera l’œuvre  en 1806. Malheureusement il semblerait que Beethoven ait quelque peu tardé à la terminer. En conséquence de quoi, le violoniste eut très peu de temps pour la préparer. L’histoire raconte qu’il déchiffrait la partition tout en la jouant en direct devant le public, ce qui entraînera un manque total de cohérence entre lui et l’orchestre. De ce fait, le public n’appréciera pas, et la critique pensera que cette partition était injouable.

Ce sera un autre virtuose du violon, Joseph Joachim, qui prouvera le contraire en 1846, sous la direction de Félix Mendelssohn. Malheureusement, Beethoven n’était plus de ce monde pour savoir que son merveilleux Concerto était enfin apprécié à sa juste valeur.

Joseph JOACHIM
Joseph JOACHIM

C’est désormais une œuvre majeure du répertoire pour violon, originale, lyrique, harmonieuse, radieuse, un soupçon capricieuse aussi parfois, cantabile, d’une grande richesse violonistique, avec des rythmes bondissants, un orchestral puissant, et ne manquant pas de poésie et de délicatesse dans certains mouvements.

Quelques musiques espagnoles …

ASTURIAS Op.47 N°5 Suite Espagnole – Isaac ALBENIZ

Il y a dans cette pièce, comme dans chacune de celles qui compose cette magnifique Suite Espagnole, toute la nostalgie de son compositeur pour son pays : l’Espagne, lorsqu’il en était éloigné et se trouvait soit à Paris, soit à Londres.

Asturias est fort imaginative, évocatrice, originale, virtuose, avec une particularité à savoir celle de notes piquées et répétées qui sont très typique du flamenco andalou.

(Vidéo : John WILLIAMS à la guitare)

LAS GOYESCAS – Enrique GRANADOS

Las Goyescas est le chef-d’œuvre de ce compositeur. Il s’agit d’une suite pour piano composée de six pièces dans lesquelles Granados a imaginé le regard du peintre espagnol Goya.

C’est très coloré, enjoué, subtile, contrasté, un peu comme de la musique du XVIIIe siècle avec, à la base, une danse aragonaise du nord de l’Espagne.

(Vidéo : Alicia DE LARROCHA au piano)

FANTAISIE POUR UN GENTILHOMME – Joaquin RODRIGO

Cette superbe Fantaisie, composée de 4 pièces, fut inspirée par des danses du XVIIe siècle, en variations diverses, fut dédiée au guitariste Andres Segovia, lequel l’interprètera en 1958.

Selon la pièce choisie, elle se révèle tantôt mélancolique et lente, et tantôt plus vivace, joyeuse, lyrique.

(Vidéo : Andres SEGOVIA à la guitare – Il est accompagné par LA SYMPHONY OF THE AIR – Direction : Enrique JORDA)

6.5.2023 – Couronnement de Charles III d’Angleterre : Coronation Anthems … Georg Friedrich HAENDEL

Ce samedi, Charles III d’Angleterre sera couronné roi pour attester de sa légitimité en tant que tel . Parmi les différentes œuvres musicales et vocales choisies pour cet évènement, il y en a une qui est toujours reprise à cette occasion. Il s’agit des Coronation Anthems de Haendel, qui furent composés en 1727 pour le couronnement du roi George II et de la reine Caroline.

Une commande requise peu de temps après que le compositeur ait été naturalisé anglais. Quatre hymnes tirés des quatre psaumes de la liturgie anglicane : Zadok the Priest – The King shall rejoice – My heart is inditing – Let thy and be strengthened. De plus, Haendel reprendra quelques extraits de ses œuvres antérieures comme par exemple : l’arrivée de la Reine de Saba , deux passages du Messie et de son Concerto Op.4 On entendra retentir cette page superbe en octobre 1727 .

Écrite pour orchestre et chœur pour faire référence à la gloire et la puissance du souverain, reprise pour chaque roi qui succèdera à George II. C’est l’hymne des Hanovre et des Windsor. Elle est d’une grande intensité , très expressive, brillante, pleine de ferveur, puissante, fougueuse, élégante.

Ci-dessous  » Zadock the Priest HWV 258  » – par l’Ensemble LES ARTS FLORISSANTS & les élèves du département Historical Performance de la Julliard School – Direction : William CHRISTIE

et  » My heart is inditing  » HWV 261 – par l’Ensemble THE ENGLISH CONCERT & LE CHOEUR DE WESTMINSTER ABBEY – Direction : Trevor PINNOCK

Suite orchestrale BWV 1067 … Jean-Sébastien BACH

(Vidéo :  » Ouverture  » MUSICA ANTIQUA KÖLN sous la direction de Reinard GOEBEL )

Bach a composé diverses Suites orchestrales pour clavier. Elles sont influencées pour les danses traditionnelles françaises. Celle-ci fut écrite à Köthen entre 1738/39, avec une flûte virevoltante introduite car l’instrument plaisait beaucoup à l’époque.

Elle se compose de différents mouvements : Ouverture (à la française) dans l’esprit de celles proposées autrefois par Lully – Rondeau Sarabande : qui fut l’une des danses baroques la plus prisée. On pourrait penser qu’elle fut d’origine française, mais elle ne l’est pas. Elle vient d’Espagne – Bach en a écrit de merveilleuses – Bourrée est, de base, une danse française – Polonaise et Double/ La Polonaise était connue avant celles proposées par Chopin. C’était une danse assez rythmée – Menuet – Badinerie : mouvement magnifique de cette Suite, probablement celui qui reste le favori.

Selon le mouvement abordé, cette Suite se révèle virtuose, énergique, joviale, optimiste, mais aussi pleine de grâce, mélancolique, élégante, et douce.

(Vidéo :  » Badinerie  » – MUSICA ANTIQUA KÖLN sous la direction de Reinhard GOEBEL)
( Vidéo :  » Sarabande  » – MUSICA ANTIQUA KÖLN sous la direction de Reinhard GOEBEL)