Catégorie : Lire & Écrire
Celui qui aime lire …
» Celui qui aime lire a tout à sa portée. Dans un livre bien écrit on nous présente les reflets les plus matures ou les vols les plus heureux d’un esprit d’excellence inhabituelle. Les livres gratifient et excitent notre curiosité d’innombrables manières. Ils nous obligent à réfléchir. Ils nous pressent d’un point à l’autre. L’impression que nous tirons d’un livre dépend beaucoup moins de son contenu réel que du tempérament de l’esprit et de la préparation avec lesquels nous le lisons. » William GODWIN (Théoricien, politicien et romancier anglais )

Quand on lit …
» Quand on lit, on tue le temps. Pas dans le sens « passer le temps« , ça c’est quand on lit en bâillant pour vaguement occuper un après-midi à la campagne, non, mais quand on fait une lecture sérieuse, une lecture où on est absorbé par le livre. Elle donne l’impression que le temps n’existe plus. Et voilà pourquoi les grands lecteurs ont le sentiment d’être toujours jeunes. Ils n’ont pas été usés de la même façon par un emploi du temps, c’est-à-dire un temps employé à autre chose qu’à obéir au sens commun. Chaque nouvelle lecture a été une plongée dans un bain frais, un moment où on a, pas tout à fait illusoirement, vaincu le temps.
On lit pour comprendre le monde, on lit pour se comprendre soi-même. Si on est un peu généreux, il arrive qu’on lise pour comprendre l’auteur. Je crois que cela n’arrive qu’aux grands lecteurs, une fois qu’ils ont assouvis leurs deux premiers besoins, la compréhension du monde et la compréhension d’eux-mêmes. Lire fait chanter les momies, mais on ne lit pas pour cela. On ne lit pas pour le livre, on lit pour soi. Il n’y a pas plus égoïste qu’un lecteur.
Les gens qui ne lisent pas ignorent l’exaltation que l’on peut ressentir dans une librairie. Ils n’ont pas idée qu’un commerce aussi calme, où vendeurs et acheteurs sont chacun de leur côté, puisse être autre chose qu’ennuyeux. Tant mieux, ils ne se rendent pas compte que c’est un endroit très dangereux pour l’opinion qu’ils se font de leur importance. Dans les librairies, on comprend que les rois de jadis aient eu les plus grandes hésitations à autoriser l’imprimerie. Des gens qui, seuls avec un autre, pensent sans contrôle! Ces clients qui ont l’air si calmes, si recueillis, des girafes broutant lentement des feuilles, sont des boules de passion à l’intérieur desquelles ça bout, ça bondit, ça bande !
La lecture est cet instant d’éternité simultanément ressenti par quelques solitaires dans l’espace immatériel un peu bizarre qu’on pourrait appeler l’esprit. » Charles DANTZIG (Écrivain et éditeur français – Extrait de son livre Pourquoi on lit)

Les hommes sont un peu comme des livres …
» Les hommes sont un peu comme des livres : vous en lisez un distraitement, et vous ne prévoyez pas qu’il finisse par laisser en vous une trace indélébile. Vous en assimilez un autre, qui a l’air d’être digne de cette entreprise, avec beaucoup de zèle, et quelques mois plus tard vous vous rendez compte que la fatigue a été pire qu’inutile. Mais sur le moment, à la première rencontre, le résultat final, perte ou profit, est suspendu à un point d’interrogation. » Eugenio MONTALE (Écrivain et poète italien )

Bibliothèque …
» Le livre est, en soi, un objet qui n’est nullement anodin. Mais quoi de plus dérangeant qu’une communauté de livres, une bibliothèque ? Peu son prêts a considérer le côté compromettant d’une série d’étagères pleines de volumes. Ils semblent être dans notre domaine à part entière, comme le génie dans la burette. Nous pouvons évoquer, quand nous y croyons, une partie du savoir qu’ils contiennent, puis le faire replier, à volonté, entre leurs ailes de papier pressé. En réalité, une fois établie, une bibliothèque est une entité indépendante qui vit sa propre vie et a un pouvoir qui nous conditionne avant même d’ouvrir une seule page. » Giuliano GRAMIGNA (Écrivain italien, poète, critique littéraire – Extrait d’un article dans Le corriere della sera/1990

La lecture …
» La lecture, certaines précautions prises, est un des moyens de bonheur les plus éprouvés. Elle conduit au bonheur parce qu’elle conduit à la sagesse, et elle conduit à la sagesse parce qu’elle en vient que c’est son pays où, naturellement, elle aime à mener ses amis. Il est vrai que la lecture devient une passion et que, comme toute passion, elle a de singuliers excès. À un certain degré de violence, elle empêche toute action, elle s’oppose à tout emploi énergique de la vie. Le livre est un moly qui empêche les hommes de devenir bêtes aux mains des Circé ; mais c’est un lotos, aussi, qui paraît une nourriture si délicieuse qu’il faut user de violence pour nous arracher au pays où il croît, pour nous faire rentrer dans nos vaisseaux et nous obliger à ramer. Il n’y a nul doute à cet égard. Il faut s’armer de sagesse même contre les passions les plus innocentes, parce qu’il n’y a pas de passions innocentes, et même en parlant de la lecture il faut dire : » Le sage qui la suit, prompt à se modérer, sait boire dans sa coupe et ne pas s’enivrer. » Émile FAGUET (Écrivain, critique, historien de la littérature et moraliste français – Extrait de son livre L’ art de lire)

Il y a des poèmes …
» Il y a les poèmes qu’on dérobe à l’aube pour tenir toute la journée. Ceux qu’on ramasse au fond des ruelles où s’envasaient nos cauchemars. Ceux qu’on dépoitraille pour leur aérer le cœur. Ceux qu’on tanne comme de vieilles peaux luisantes. Ceux qui s’érodent quand on les arrose. Ceux qui se froissent quand on les touche. Ceux qui se ressemblent et ne s’assemblent pas. Ceux qui font semblant de venir nous sauver, quand rien ne le peut. Nous le savons … Et nous écrivons quand même ! » Adeline BALDACCHINO (Femme de Lettres française et poétesse libertaire-Extrait de son recueil 13 poèmes composés le matin )

Pourquoi lisons-nous …
» Pourquoi lisons-nous ? N’est-ce pas dans l’espoir d’une vie plus dense, de journées plus vastes ? Une vie plus dense, des journées plus vastes, plus claires, un monde plus lumineux, un avenir vivable, un passé compréhensible, oui : les livres lorsqu’ils sont lus par ceux, innombrables, à qui ils sont destinés, sont simplement vivants. Il sont la chance que l’on peut saisir l’ouverture inattendue, les autres dans leur impensable mystère. Un espoir .
Les livres sont les garants d’une vie plus vaste. Ils contiennent des mondes gigantesques. Je pense aussi que la légèreté est très importante dans un monde extrêmement lourd. Elle laisse des traces, particulièrement en poésie, et l’idée d’écrire des choses à la fois plus légères et plus durables. C’est une forme d’esthétique. Les livres m’ont plusieurs fois sauvé la vie. Je suis loin d’être la seule car ils en sauveront beaucoup d’autres. Nous en avons besoin autant que d’eau ! Lire m’aide tellement ! La littérature est un fleuve ! Nous, des gouttes d’eau avec nos mots. » Geneviève BRISAC (Écrivaine, éditrice française )

Il faut donner des livres aux enfants …
» Quand je trouvais un roman qui m’emportait, j’aimais lire lentement, plus lentement encore sur les dernières pages, pour que ça dure encore un petit peu, pour différer le moment où je devrais fermer le livre. J’éprouvais le sentiment délicieux de ma liberté. J’étais à la fois, par ces vies fictives, loin de moi et rendue à moi-même, un moi indépendant des contingences familiales, culturelles, religieuses, politiques.
Il faut donner des livres aux enfants pour leur faire prendre conscience de tout ce qui les contraint, pour alléger leurs souffrances, pour les faire rire, pour les faire rêver, pour les aider à penser, pour les rendre libres.
Leur donner des livres comme il m’en a été donné. Pour les délivrer. » Brigitte SMADJA (Auteure franco-tunisienne de littérature pour la jeunesse, agrégée de Lettres, normalienne)

Sur les lèvres des hommes …
» Sur les lèvres des hommes, la parole n’a jamais tari ; les mots, les chants, les cris se succèdent sans fin, se croisent, se heurtent, se confondent. L’impulsion de la fonction langage a été portée jusqu’à l’exagération, jusqu’à l’exubérance, jusqu’à l’incohérence. Les mots disent le monde et les mots disent l’homme, ce que l’homme voit et ressent, ce qui existe, ce qui a existé, l’antiquité du temps et le passé et le futur de l’âge et du moment, la volonté, l’involontaire, la crainte et le désir de ce qui n’existe pas, de ce qui va exister. Les mots détruisent, les mots prédisent, enchaînés ou sans suite, rien ne sert de les nier. Ils participent tous à l’élaboration de la vérité. Les objets, les faits, les idées qu’ils décrivent peuvent s’éteindre faute de vigueur, on est sûr qu’ils seront aussitôt remplacés par d’autres qu’ils auront accidentellement suscités et qui, eux, accompliront leur entière évolution. Il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel, il nous faut tous les mots pour le rendre réel. Contradiction, difficultés contribuent à la marche de notre univers. « Paul ÉLUARD ( Poète et écrivain français – Extrait de Les sentiers et les routes de la poésie – 1952 )
