Ce matin le lac est gelé …

 » Ce matin le lac est gelé,
Quelques oiseaux désemparés,
Crient comme s’ils voulaient rappeler,
Qu’ils ont faim et sont égarés,

C’est l’aurore les premières lueurs,
S’en vont rougir à l’horizon,
Le lac est transparent et l’heure
Est forte exquise pour la saison,

Le lac bien gelé en surface,
Est-il tourmenté en dessous ?
Question posée quelle angoisse,
Mais c’est une question à cent sous,

Le froid mord le bout de mes mains,
Mon cœur s’ouvre au vent de l’hiver,
La neige tapisse le chemin,
Le lac s’est à nouveau couvert,

De brumes, là je vais me rentrer,
Quelques oiseaux désemparés,
Crient comme s’ils voulaient rappeler,
Qu’ils ont faim et sont égarés.  » Pierre CLÉON (Poète français)

L’écrivain & le lecteur …

 » L’écrivain ne dit, que par une habitude prise dans le langage insincère des préfaces et des dédicaces, mon lecteur. En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même. La reconnaissance en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre, est la preuve de la vérité de celui-ci, et vice-versa, au moins dans une certaine mesure, la différence entre les deux textes pouvant souvent être imputée non à l’auteur mais au lecteur. L’auteur n’a pas à s’en offenser, mais au contraire à laisser la plus grande liberté au lecteur en lui disant :  » Regardez vous-même si vous voyez mieux avec ce verre-ci, avec celui-là, ou avec cet autre « .  » Marcel PROUST (Écrivain et poète français – Extrait du septième tome et dernier tome de A la recherche du temps perdu  » , qui s’intitule Le Temps retrouvé )

Marcel PROUST ( 1871/1922) Portrait de Jacques-Émile BLANCHE en 1892 – Il se trouve au Musée d’Orsay/Paris