LOUIS XV – Passions d’un roi …

« Portrait de Louis XV » 1774- Arnaud Vincent de MONTPETIT (Musée national des châteaux de Versailles et Trianon) C’est lui qui illustre l’affiche de l’expo

« Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez, autant que vous le pourrez, de faire la guerre : c’est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela. J’ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l’ai soutenue par vanité. Ne m’imitez pas , mais soyez un prince pacifiste, et que votre principale application soit de soulager vos sujets. » Louis XIV à son arrière petit-fils, futur Louis XV, en 1715 sur son lit de mort

Il y a 300 ans, en juin 1722, le gouvernement, ainsi que la Cour se réinstallaient à Versailles, et en octobre de la même année, le jeune Louis XV était sacré roi à Reims. Il lui faudra néanmoins attendre l’âge de 33 ans pour gouverner réellement seul. .Une série d’évènements importants qui ont donné naissance à l’exposition magnifique et somptueuse organisée par le château de Versailles. Elle s’intitule : LOUIS XV – Passions d’un roi – jusqu ‘au19.2.2023. Un évènement très intéressant compte tenu du fait que la dernière lui étant consacrée remonte à 1974 !

C’est une exposition qui traite surtout de l’homme qu’il fut. Elle ne s’attarde pas sur son parcours de roi . Toutefois j’ai fait le choix d’en parler un peu , ceci pour mieux le cerner. Il fut le seul à naitre (1710) et mourir(1774) à Versailles. Fils du dauphin Louis de France et de Marie Adélaïde de Savoie, et arrière petit fils de Louis XIV.

Elle nous est présentée en différentes sections : «  l’homme privé « – «  les passions du roi «  – et «  Louis XV et les arts «  , au travers d’environ 400 œuvres superbes, des chefs d’œuvre. Elle vous permettra également, si le cœur vous en dit, de visiter, dans le château, les appartements du roi, ceux du dauphin, ceux de Mme de Pompadour, et ceux fraichement restaurés, après 18 mois de travaux, de Mme Du Barry.

C’est un monarque un peu méconnu. Il est vrai qu’il venait après un roi imposant qui avait marqué les esprits ! Son règne a été mitigé. Il serait mal venu de dire qu’il a été catastrophique parce que dans les premières années, Louis XV a démontré qu’il pouvait être efficace dans certains domaines. Il a même représenté, à une époque, l’espoir d’un peuple. Ce qui va jouer (entre autre) contre lui c’est probablement son manque de confiance en lui, de cohérence, sa timidité maladive. Il a du mal à s’imposer et préfèrera souvent laisser ses conseillers prendre les décisions à sa place, ce qui, malheureusement lui aura été fatal dans certains cas.

Du coup, son bilan ne sera pas très reluisant surtout lorsque l’on pense au mécontentement du peuple écrasé par les impôts, délaissé par son roi qui ne s’en rendait pas compte, aux querelles religieuses et à la guerre de Sept Ans qui s’est terminée tragiquement avec la perte de presque tout l’empire colonial français de l’époque (Canada, Arcadie, les Indes, la Louisiane, certaines îles des Antilles) en faveur du roi d’Angleterre George III et Charles III d’Espagne .

Il fut l’un des rois de France que l’on peut qualifier de très instruit. Un lecteur assidu qui pouvait lire en plusieurs langues, et quel que soit l’endroit où il résidait, il eut à cœur de faire construire une bibliothèque – Il a reçu une très bonne éducation, laquelle lui a apporté des bases solides. C’était, semble t-il, un enfant studieux qui a aimé des matières plus que d’autres, comme la géographie, la cartographie, la typographie, l’astronomie, l’horlogerie, la botanique.

Il a été un bâtisseur notamment dans Paris où il a ordonné de nombreuses nouvelles constructions, mais s’est également occupé de la rénovation, l’achèvement et les agrandissements d’autres bâtiments qui ne sont pas de son fait, qui existaient déjà mais laissés un peu à l’abandon : l’Hôtel des monnaies, La Place Louis XV aujourd’hui Place de la Concorde, l’École militaire, l’École de médecine, l’Académie de chirurgie, l’Odéon, l’Abbaye Sainte-Geneviève, le Collège de France (commencé sous Louis XIII) , l’École de droit, l’Église de la Madeleine (début de construction), l’Hôtel des Monnaies, le Panthéon (construction décrétée en 1757) , la Chambre des comptes (incendié en 1737 – On décida de le rebâtir par souhait du roi) ,les Invalides , sans oublier Le Louvre qui était quasi abandonné, inachevé et pour lequel on lança des travaux de restauration.

 » Réductions des statues érigées sur les places royales réalisées par Louis XV en France et dont certaines sont encore existantes « 
« Pose de la première pierre de l’Église Sainte-Geneviève  » ( qui deviendra, par la suite, le Panthéon )1764 Pierre Antoine DEMACHY (Musée Carnavalet)

Côté religion, il a été infiniment croyant. Certes, de par sa vie personnelle amoureuse parfois scandaleuse, il s’est souvent « écarté » de la religion et des préceptes de l’église, mais elle a représenté pour lui un ciment fondamental pour garder l’unité du royaume.

Louis XIV a eu un règne très long (1643/1715) . Il eu de nombreux enfants ce qui lui avait permis de rester serein quant a sa succession. Malheureusement, son fils mourra subitement en 1711, puis ce sera le tour de ses petits-fils et 2 de ses arrière petit-fils . Du coup, il ne restait donc plus que le petit duc d’Anjou, 2 ans à l’époque. Tous les espoirs se sont tournés vers lui .

« Louis XV enfant  » 1716 Antoine COYSEVOX (The Frick Collection New York)
« Louis en costume de sacre » 1715 Hyacinthe RIGAUD (Château de Versailles)
Couronne de Louis XV-Augustin DUFLOS 1722 ( Musée du Louvre)
« Louis XV portrait allégorique, représenté par les Vertus  » 1762 –Charles Amédée VAN LOO (Château de Versailles)
 » Louis XV enfant lors de la visite de Pierre le Grand le 10 mai 1717  » – 1838/39 – Louise HERSENT ( Château de Versailles)

Comme il est encore très jeune, c’est le duc d’Orléans, neveu de Louis XIV, fils de Philippe dit Monsieur , qui assurera la régence(pour ce faire il fit casser le testament de Louis XIV par le Parlement, ce qui ne sera pas sans conséquence par la suite) et décidera que désormais l’enfant et la Cour s’installeraient aux Tuileries. Le régent l’accompagnera jusqu’à sa majorité officielle fixée à 13 ans pour les rois. Philippe d’Orléans fut un régent efficace qui a favorisé la paix. La France était très endettée à son arrivée mais il a su redresser économiquement le pays.

 » Portrait de Philippe d’Orléans  » 1717 d’après Jean-Baptiste SANCERRE (Château de Versailles

L’enfance de Louis XV sera marquée par le deuil : sa mère, ses deux frères , puis, comme je l’ai dit, son père, et son arrière grand-père. Ces pertes successives vont faire de lui quelqu’un de profondément mélancolique, triste, dépressif, secret, timide, hanté par la mort, d’autant qu’on ne manquait pas de lui rappeler tous ces décès en le faisant assister à des messes commémoratives, chaque année.. Une personne va veiller sur lui avec une grande tendresse maternelle : sa gouvernante la duchesse de Ventadour, qu’il appelait maman. S’il sera, un jour, un adulte à la santé assez robuste, il fut un enfant plutôt fragile, mais la duchesse fit son maximum pour qu’il ne soit pas continuellement dans les mains des médecins.

 » Portrait de Charlotte de la Mothe Houdancourt, duchesse de Ventadour  » 1717 env. -Auteur inconnu mais tableau attribué à Pierre MIGNARD (Château de Versailles)

Malheureusement, la bienveillance protectrice de cette femme prendra fin lorsqu’il aura 7 ans car il fallait parfaire son éducation de futur roi. Deux personnes vont s’en charger : le maréchal de Villeroy (pas très agréable) pour tout le côté cérémonial de la Cour, et un ancien évêque Monseigneur André Hercule de Fleury ( la présence rassurante ). Le régent, quant à lui, aura pour mission de l’initier à la politique dès ses 10 ans, le mettre face à ce que seront ses responsabilités, à la lourde tâche qui l’attendait. Il mourra en 1723 et ce décès ne fera qu’accroitre la mélancolie du jeune Louis.

 » Portrait du cardinal Fleury  » par François STIÉMART d’après Hyacinthe RIGAUD (Château de Versailles)

1723 sera l’année de sa majorité, 13 ans (officiellement attribuée aux rois à cet âge) et il doit donc diriger le gouvernement, mais vu son âge ce sont surtout ceux qui l’entouraient qui le faisaient, lui y assistait. Il y eut d’abord le cardinal Dubois, puis le duc de Bourbon, remercié car impopulaire. Louis demanda qu’il soit remplacé par Fleury, lequel sera considéré comme un premier ministre. Il avait carte blanche. Il était âgé mais fera le choix de s’entourer d’une équipe de jeunes conseillers.

Fleury a gouverné durant 17 ans . La sérénité de vie , dont Louis XV bénéficiait durant toutes ces années, prit fin à sa mort. Le jeune roi avait alors 33 ans et se trouvait face à ses responsabilités, seul à décider, à s’impliquer. Il savait observer, écouter, consulter, approuver etc… était doté un raisonnement souvent juste, n’était pas incompétent, mais lorsqu’il fallait décider eh bien il était bloqué et lorsqu’on le mettait devant une situation bien précise , sa timidité l’emportait souvent et son caractère changeait du tout au tout. Il pouvait, par exemple, se montrer brutal, froid, ou congédier quelqu’un sans explication, sans que cette personne ne puisse réellement comprendre pourquoi, . Le temps des ministères sera réduit et il multipliera les commissions administratives.

Louis XV aura à cœur de continuer sur les traces de son aïeul dans l’exercice royal , mais avec des changements parce qu’il n’aimait pas être en représentation, et au côté publique il va préférer celui plus intimiste, se retirant souvent dans ses cabinets privés seul ou avec des proches . Il optera pour un Versailles plus aristocratique que royal, mais toujours dans le luxe.

Au début de son règne, il sera très populaire. On le surnommera Le bien-aimé, une affection qui va durer longtemps. Un jour, malheureusement, il sera détesté par son peuple et deviendra Le bien haï !. Durant la dernière partie de son règne, en effet, de 1757 à 1774, il devint extrêmement impopulaire parce que le peuple avait faim alors que le roi dépensait des sommes folles pour lui, la Cour, ses maitresses etc … Il ne se rendra pas compte que le nationalisme pointait le bout de son nez. Il apparaissait comme un monarque ne pensant qu’à ses plaisirs et son train de vie. Les mécontentements s’amplifiaient.

Il fera l’objet d’une tentative d’assassinat en 1757. Un homme (Robert François Damien) s’introduira dans le château et le poignardera. Fort heureusement, vu l’épaisseur de tous ses vêtements, Louis ne sera que très légèrement blessé. Un procès pour régicide aura lieu. L’individu sera exécuté en Place de Grève. On aurait pu penser qu’avec cette tentative d’assassinat une certaine bienveillance ou sympathie du peuple serait de mise , mais il n’en fut rien.

Louis XV fut un assez bel homme, tous les témoignages s’accordent à dire qu’il fut un incorrigible séducteur, attachant. . Sa belle prestance a fait l’objet de nombreux portraits, bustes etc…

Il était très jeune lorsque l’on songea à lui trouver une épouse. A 12 ans, le choix se porta alors sur sa cousine, l’infante d’Espagne, Marie-Anne Victoire, fille de Philippe V qui avait à peine 3 ans ! Un projet qui, finalement, tombera à l’eau. La petite-fille, qui avait fait le déplacement, retournera chez elle. Elle deviendra un jour reine du Portugal.

« Portrait de Marie-Anne d’Espagne » 1714 Nicolas DE LARGILLIÉRE (Musée du Prado / Madrid)

En 1725,le duc de Bourbon avec l’approbation de Louis XV se décide pour la princesse Marie Leszczynska, polonaise, pas de dot, pas de trône, 7 ans de plus que lui, un choix qui ne manquera pas d’en étonner beaucoup, carrément une mésalliance diront d’autres. Qu’importe ! Elle est en bonne santé, bien réglée donc certainement féconde. Le mariage aura lieu en 1725. Il donnera naissance à 10 enfants ( Huit filles et deux garçons) en dix ans. « Toujours couchée, toujours grosse, toujours accouchée « dira la reine. A 35 ans, elle était usée par les maternités. Son médecin lui conseillera de ne plus avoir d’enfant. Elle décidera donc de refuser toute relation sexuelle avec son royal époux. Oui mais, Louis est jeune, vigoureux, donc elle  » comprendra » qu’il aille voir ailleurs.

« Marie Leszczynska, reine de France » 1748 Jean-Marc NATTIER (
Château de Versailles)
 » Acte de mariage de Louis XV avec Marie Leszczynska  » (Archives de la ville et de l’Eurométropole à Strasbourg)

Une union plutôt heureuse même si ils avaient peu de goûts en communs. Elle saura se faire discrète, jouera son rôle à la perfection, respectera l’étiquette et le protocole rigide de la Cour . Louis XV tenait beaucoup à sa vie de famille, s’accordant souvent de moments avec ses enfants , établissant notamment la coutume de diners hebdomadaires les réunissant tous etc… Il les chérissait infiniment, et sera profondément meurtri lorsque certains d’entre eux décèderont . Son fils, le dauphin, s’unira en 1745 à la fille du roi d’Espagne, puis en secondes noces à Marie Josèphe de Saxe, avec laquelle il aura huit enfants parmi lesquels figurent les trois derniers rois de France : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.

Comme d’autres monarques avant lui, Louis XV a eu des maitresses. Deux de ses favorites en titre sont devenues célèbres : Jeanne-Antoinette Poisson qui deviendra la marquise de Pompadour, et Madame du Barry, née Jeanne Bécu . Elles ont du braver l’hostilité des membres de la famille et de la Cour.

« Amour essayant une de ses flèches » 1753 Jacques SALY (Musée du Louvre)
 » L’amour assis sur le bord de la mer  » 1755 Louis Claude VASSÉ (Musée du Louvre/Paris)
« L’Odalisque » 1743 François BOUCHER (Musée de Louvre )

La première était mariée et avait une fille. Il la rencontre en 1745. Il tombe follement amoureux, l’installe à Versailles, lui offre le titre de marquise, et elle fera son entrée officiellement à la Cour la même année. La famille royale la surnomme la putain et la noblesse de la Cour la méprise car c’est une roturière. Les ministres sont inquiets . Elle sera l’objet de nombreuses critiques et pamphlets. Qu’importe, e roi en est fou . Elle aura une grande influence sur cet homme qui a toujours manqué de confiance en lui. Elle est belle, cultivée, possède l’art de la conversation, savait organiser des fêtes et divertissements , elle ne manquait pas d’esprit, fréquentait assidument le monde des philosophes et du théâtre. Elle s’imposera aux côtés du roi sur le plan politique, soutenant certaines personnalités plus que d’autres en tant que chef de gouvernement, favorisant des alliances durant la guerre etc.. Elle s’est véritablement prise pour la reine

 » La marquise de Pompadour  » 1755 Maurice QUENTIN DE LA TOUR (Musée du Louvre/Paris)
« Madame de Pompadour en amitié  » 1753 Jean-Baptiste PIGALLE (Musée du Louvre/Paris)

Avec Louis XV il y eu l’amour passion, puis elle deviendra son amie, sa confidente, sa complice et non plus sa maîtresse. Pour ne pas le perdre, elle se chargeait de lui conseiller de nouvelles maitresses, voire même lui en fournir si besoin . En effet, elle choisissait des jeunes filles de familles bourgeoises, que l’on faisait venir dans une demeure située rue Saint-Médric à Versailles. Ce lieu deviendra une sorte de maison close pour le plaisir du roi. Certaines d’entre elles se retrouveront enceintes et mettront au monde des enfants. On leur trouvait alors un époux issu de la Cour qui assumait la paternité.

La marquise est décédée en 1764. Parmi les cadeaux royaux qu’elle posséda, il y eut le Petit Trianon, et le Palais de l’Elysée anciennement Hôtel d’Évreux. Le roi fut vraiment triste à l’annonce de son décès.

Madame du Barry, était une libertine. Elle sera présentée au roi par son valet de chambre du roi, un homme en qui il avait confiance. Louis en tombe amoureux, la marie à un comte pour qu’elle ait un titre, et la présente à la Cour en 1769. Elle devient sa favorite . Sa venue n’a pas arrangé la réputation du roi. cela l’a même discréditer aux yeux de beaucoup. Leur liaison fera l’objet de scandales. A l’inverse de Mme de Pompadour, elle ne se mêlera jamais de politique. Une des filles du roi fut tellement offusquée de cette liaison qu’elle entrera au Couvent et quittera la Cour pour toujours. La comtesse et le roi vont s’étourdir dans des fêtes somptueuses alors que le pays déclinait. Louis n’était plus le Bien Aimé et il mourra Bien Haï . La comtesse fut chassée de Versailles. Elle mourra guillotinée par le tribunal révolutionnaire en 1793

« Madame Du Barry  » 1772 Hubert DROUAIS (Château de Versailles)

En dehors de ses obligations de roi, Louis XV s’est passionné pour de nombreuses choses : les sciences, l’astronomie, la botanique, les expérimentations, la technologie, la médecine, la cartographie, la géographie, la littérature, la chasse, les expéditions maritimes, et l’art (pictural, architectural, sculptural, mobilier. Par contre, pas trop la danse ou la musique comme son arrière grand-père.

Féru de botanique, il demandera , en 1759, à Claude Richard (jardinier) et Bernard de Jussieu (botaniste scientifique) de s’occuper d’un jardin expérimental au Petit Trianon. Il sera créé non loin du potager et du jardin floral. C’est ainsi que plus de 4000 espèces ramenées des expéditions lointaines dans des pays étrangers (vanilliers, cacaoyers, haricots sucrés dits le gros pelé , un grand nombre de fleurs exotiques etc…) vont se retrouver dans des serres construites pour les recevoir. Ce jardin sera réputé dans toute l’Europe pour sa beauté, et fera la fierté du roi . De nombreux chênes, châtaigniers et hêtres seront également plantés. On persévèrera dans la culture de la pomme de terre.

Ce lieu a disparu de nos jours car Marie-Antoinette souhaitera avoir son propre jardin anglais. Lorsque Louis XVI fera cadeau du Petit Trianon à son épouse, elle n’aura aucun scrupule à faire détruire ce merveilleux endroit conçu et tant affectionné par Louis XV. Toutes les différentes espèces exotiques furent alors envoyées au Jardin des Plantes à Paris.

« Louis XV visitant ses jardins à Trianon  » 1750 – Illustration par Jacques André PORTAIL vers 1750 ( Château de Versailles)
 » L’ananas en pot  » 1733 Jean-Baptiste OUDRY (Château de Versailles)

Pour l’anatomie et la chirurgie, et à sa demande, il fut initié en cela par La Peyronie qui était son propre chirurgien. C’est sous son règne que fut créée l’Académie royale de chirurgie, ainsi qu’une école de chirurgie en 1769. Il visita avec intérêt l’Observatoire de Paris et des astronomes assez connus de l’époque lui donnèrent des leçons. A sa demande certains scientifiques organisèrent des démonstrations à la Cour.

Sa grande passion pour l’astronomie va le pousser à faire retirer toutes les peintures et bronzes ayant appartenus à son aïeul pour pouvoir placer de nombreux instruments scientifiques qui le passionnaient et qui seront installés sur trois étages du château. De plus, le cabinet des médailles deviendra un laboratoire d’électricité.

« Pendule astronomique » de Louis Siméon PASSEMANT – Louis DAUTHIAU – Jacques & Louis CAFFIÉRI – (Château de Versailles) – Elle dispose de cinq pendules en une, un planétaire indiquant la position des astres autour du soleil . Elle a été restaurée en 2021 grâce au mécénat de la Maison Rollex France)
« Microscope tripode » Claude-Siméon PASSEMANT 1750 env. (Château de Versailles) – Cette pièce fut réalisée en collaboration avec Jacques & Philippe CAFFIÉRI (sculpteurs)
« Pendule en ivoire tournée par le roi  » Vers 1770 – Jean-François LÉPINE (Château de Versailles)

J’ai parlé de la chasse. Elle a été très prisée par les rois de France. Louis XV n’y échappera pas et on peut affirmer qu’il a été le roi le plus passionné par cet exercice avec François Ier et Charles IX. La chasse a représenté son activité physique principale, plusieurs fois par semaine ! Plus qu’une activité, ce fut une passion. Certainement pas un divertissement. Dès l’âge de six ans, on l’a initié à différentes sortes de chasses. Ce qu’il préférait c’était la chasse à courre et à tir. Compte tenu du fait qu’il avait de très nombreux équipages, il pouvait donc s’adonner à sa passion plusieurs fois par jour et il l’a fait jusqu’à la fin de sa vie.

Il ne se contentait pas de pratiquer : la chasse faisait aussi partie de la décoration de ses appartements. Nombreux sont les tableaux qu’il a commandés avec pour sujets des scènes s’y référant, des portraits des chiens qu’il affectionnait dans la meute qui l’accompagnait, des cartes précisant les endroits les plus prisés pour son activité favorite.

« Louis XV à cheval » 1769 Jean-Baptiste LEMOYNE (Musée des Beaux Arts de Bordeaux)
 » La chasse du lion  » Jean-François De TROY ( Musée des Beaux Arts d’Amiens)
« Ours de Pologne arrêté par les chiens de forte race » 1757 Jean-Jacques BACHELIER (Musée des Beaux Arts d’Amiens)
 » Le cerf qui tient aux chiens sur les rochers de Franchard  » 1737 Jean Baptiste OUDRY (Musée des Arts décoratifs/Paris)

Louis XV a, par ailleurs, beaucoup aimé l’art qu’il soit pictural, architectural, sculptural, le mobilier aussi. Avec ce roi s’épanouira l’art rocaille (né à la fin du règne de Louis XIV) dont le style offre des lignes en spirales, en courbes, en arabesques, des ornements semblables à des coquillages, des éléments floraux, des animaux exotiques. C’est très lumineux, raffiné, rayonnant, élégant et plus qu’un style cela deviendra vraiment un art de vivre. Il prendra fin à sa mort.

« Commode de la chambre de Louis XV » 1739 – Jacques CAFFIÉRI (The Wallace collection/Londres)

L’art c’est quelque chose que Louis XV a aimé faire partager à la Cour, laquelle était souvent invitée à venir admirer les merveilleuses productions de la Manufacture de Sèvres, des Gobelins ou de la Savonnerie. Par ailleurs , il passait ces commandes de pièces exceptionnelles à différents artistes et dont certaines font partie de l’expo. Avec lui les collections royales, déjà somptueuses, se sont encore enrichies non seulement en tableaux , en sculptures intérieures mais groupes sculptés dans les jardins et fontaines de Versailles, en mobilier aussi, en vaisselle de porcelaine. Il fait reconstituer le service d’or que Louis XIV avait fait fondre.

 » Vases symbolisant l’eau et le feu et vase au médaillon de Louis XV  » Johan Joachim KAENDLER (Staat

Louis XV tomba très malade lorsqu’il se trouvait à Trianon en compagnie de Madame du Barry. Son état va s’aggraver et son médecin lui dira Sire, c’est à Versailles qu’il faut être malade  » … Le roi sera donc transféré dans la chambre de son petit appartement au château et non dans sa chambre officielle. Là le diagnostic tomba : il était atteint de la petite vérole( variole) . Pour éviter la contagion, toute sa famille sera éloignée . Il demanda à être confessé, exprima ses regrets d’avoir offensé Dieu et son peuple, et exprima son désir de recevoir la communion (chose qu’il n’avait plus fait depuis de longues années). Il meurt en 1774 – Son corps reposa en la cathédrale Saint-Denis, mais fut profané en 1793.

 » L’exposition présente en final  » Après nous le déluge  » un ensemble de 20 fontaines, en porcelaine, bronze doré, miroirs, réalisé en 2022 par le Collectif LIGNEREUX , spécialement pour l’exposition. « Après nous le déluge » ou plus exactement  » Il ne faut point s’affliger, vous tomberiez malade. Après nous le déluge « , serait une phrase déjà utilisée par le passé, mais prononcée par Madame de Pompadour lorsque le roi vint la voir un jour complètement accablé par la défaite de ses armées en Allemagne. Elle tentait de le consoler en prononçant ses mots. Le roi la reprendra (Après moi le déluge) en parlant de ce qui lui succèdera et particulièrement de l’héritier Louis XVI.