» Des cils raides et longs, antennes hérissées,
Font sentinelle autour de son nez frémissant ;
Et le plus léger bruit qui le frôle en passant
Elargit sur son front ses oreilles dressées.
Quand la nuit a brouillé les formes effacées,
Il voit ; le monde noir à son regard perçant
Ouvre ses profondeurs ; il distingue, il pressent ;
Ses sens plus acérés aiguisent ses pensées.
Des craquements de feu courent sur son poil roux ;
Tout le long de sa moelle un tressaillement doux
Conduit l’émotion en son âme inquiète.
Les poils de son museau vibrent à l’unisson,
Et sa queue éloquente a le divin frisson,
Comme une lyre d’or aux mains d’un grand poète. » Hippolyte TAINE (Philosophe et historien français. Lorsqu’il est décédé en 1893, on découvrira qu’il écrivait aussi des sonnets destinés à ses chats Puss, Ébène et Mitonne. Celui-ci fait partie de ces textes réunis sous l’appellation A trois chats, douze sonnets. La sensibilité/ 1883)
