MUNCH – Un poème de vie, d’amour et de mort …

Edvard MUNCH en 1943 dans son atelier à Ekely

«  J’ai peint les lignes et les couleurs qui émeuvent mon œil intérieur. Je peignais de mémoire sans ajouter quoi que ce soit, sans les détails que je n’avais plus sous les yeux. Ceci explique la simplicité des tableaux, le vide évident. J’ai peint les impressions de mon enfance, les couleurs troubles de mon passé. « 

« En vérité, mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative de tirer au clair, pour moi-même, mon rapport avec la vieQu’est-ce que l’art en vérité ? L’expression d’une insatisfaction dans la vie, l’empreinte d’un désir vital de création, l’éternel mouvement de la vie, la cristallisation  »

« L’art est le contraire de la nature. Une œuvre d’art ne vient que du plus profond de l’être humain. L’art est la forme que prend une image à travers les nerfs, le cœur, le cerveau, l’œil de l’être humain  »

Edvard MUNCH (1863/1944)

 » Vers la lumière  » 1914 (Lithographie) -Edvard MUNCH ( Musée d’Oslo )

Merveilleuse et émouvante exposition que celle qui nous est proposée par le Musée d’Orsay en cet automne 2022. Ce n’est pas la première fois que Paris pose un regard sur cet artiste puisque le Centre Pompidou et le Musée d’Orsay l’avaient déjà fait dans le passé . Celle-ci a pour but de nous faire comprendre combien il a été très moderne, populaire aussi si l’on s’en réfère aux thèmes qu’il aborde et qui nous parlent beaucoup comme l’amour, la vie, l’inquiétude, la souffrance, la douleur, la mort aussi.

Elle s’intitule  » MUNCH – Un poème de vie, d’amour et de mort  » (jusqu’au 22 janvier 2023). Cela ressemble fortement à une rétrospective accompagnée d’ une centaine d’œuvres, peintures, dessins, estampes, blocs etc … d’un peintre dont l’art se mêle de symbolisme, primitivisme et expressionnisme : Edvard MUNCH.

Il fut également un éminent graveur, lithographe( c’est à Paris qu’il s’y est initié) , et n’a pas manqué de s’adonner à de très nombreuses expérimentations picturales, des techniques, a étudié différents supports, divers procédés d’impression, de transfert. La gravure est une technique qui a attiré de nombreux artistes du XIXe siècle qui se sont passionnés par le travail des maîtres du passé dans ce domaine.

Il s’est également tourné vers la photographie, comme l’ont fait d’ailleurs d’autres peintres. Certes, pour lui  » l’appareil ne peut concurrencer le pinceau et la palette «  mais cet art pourra apporter des nouvelles possibilités dans sa peinture, comme par exemple, entre 1902 et 1908, pouvoir faire des autoportraits et mieux s’autoanalyser . Il reconnaitra que cela lui a beaucoup appris :  » La photographie m’a beaucoup appris . J’ai une vieille boite dans laquelle j’ai pris d’innombrables photos de moi-même, et cela me donne souvent d’étonnants résultats  »

Un électron libre, un visionnaire, un avant-gardiste qui a excellé en tant que symboliste, mettant toujours en valeur la subjectivité plus que le réalisme, et ce dans le but d’obtenir plus d’émotions encore. Un visionnaire viscéralement moderne, complexe, créatif. Sur ce dernier point, Munch a suivi un processus bien précis à savoir prendre un sujet et le décliner de nombreuses fois et en faire diverses versions (dès que l’un de ses tableaux est vendu, il le remplace par une nouvelle version, pour les avoir toujours auprès de moi dit-il ) . C’est le principe du cycle qu’il a fortement apprécié. C’est à la fois cohérent, inventif, étrange, obsessionnel.

Par exemple, on note six versions de son célèbre tableau L’enfant malade , sept pour Les jeunes filles sur le pont. Il revient sans cesse sur le même motif, pas obligatoirement au même moment, mais des années plus tard parfois avec un autre style présentant souvent des couleurs plus intenses, des expressions plus développées.

« Je n’ai jamais fait de copies de mes tableaux. Quand j’ai utilisé le même motif, c’était uniquement pour des raisons artistiques et pour approfondir ce motif  » (Propos tenus en 1935

Son œuvre est profonde, à la fois fascinante, hallucinante, angoissante, mais tellement prenante. Au départ, il s’est tourné vers la peinture en extérieur, mais les fréquentations qu’il aura par la suite, philosophes, théoriciens etc… vont changer sa vision picturale. Humanité, émotions et nature se retrouvent dans ce cycle de la vie, de l’amour et de la mort chez lui, avec pour inspiration profonde les écrits philosophiques de Nietzsche ou Henri Bergson.

Toutes les émotions qu’il a pu ressentir durant les drames qu’il a traversés dans sa vie, tous ses états d’âme, sont passés au travers de son art. Il a voulu peindre l’intériorité humaine. Du reste, il a toujours cherché à laisser une explication analytique personnelle de ses tableaux afin que l’on puisse mieux comprendre son cheminement et ses ressentis. Tout comme il a été important pour lui de rester maître de son art.

«  Je ne peindrai jamais plus de scènes d’intérieur où l’on voit l’homme lisant et la femme tricotant. Je peindrai des êtres vivants qui respirent, qui ont des émotions, qui souffrent et qui aiment. » E.M.

 » Rouge et blanc  » Edvard MUNCH 1899/1900 – (Musée d’Oslo)
 » Mélancolie  » 1894/95 – Edvard MUNCH (Art Museum and Composers homes à Bergen)

Il a été très malheureux, sa vie fut difficile, tourmentée, mais très certainement que les dernières années en Norvège, lui ont apporté des satisfactions, et probablement plus de sérénité qu’il n’en a eu auparavant.

Il est reconnu de nos jours comme un des pionniers du mouvement expressionniste. Il a eu du succès de son vivant, mais cela n’empêche pas qu’il a très souvent été incompris et condamné. Ses tableaux amèneront souvent le scandale. On le traitera d’anarchiste, la critique sera très virulente, on protestera durant les expositions qui lui seront consacrées, on dira de ses tableaux (particulièrement L’enfant malade) qu’ils ne sont des barbouillages, mais finalement toute cette agitation autour de lui confortera son succès.

On l’a très souvent pris pour un fou, surtout lorsqu’il parlait de lui à la 3e personne ou qu’il écrivait des journaux intimes remplis de mots, de couleurs et de symboles étranges qui ne pouvaient être compris que de lui.

En dehors de la peinture, il a accordé une large place au dessin, à la gravure, la lithographie et il s’est également intéressé à l’art pictural japonais qui a influencé son travail de gravure sur bois. Il a eu beaucoup d’affinités avec la poésie, la littérature et le théâtre.

 Même s’il a dit un jour » Je suis bon pour peindre et dessiner. Je le crois moi-même et les autres me le disent aussi, bien que je ne sois pas tout à fait sûr que ce soit vrai. Je suis sûr de deux choses : 1 ) il n’existe aucun autoportrait de moi. Ma personne ne m’intéresse pas comme objet de peinture. Ce sont les autres qui m’intéressent plutôt. Je suis convaincu que ma propre personne n’a rien de particulier. Je suis un peintre qui peint tous les jours, du matin au soir, figures-paysages-des portraits un peu moins. 2 ) Je ne vaux rien lorsqu’il s’agit de parler ou d’écrire et encore moins s’il faut parler de moi-même, de mon travail. L’idée de devoir écrire une simple lettre m’angoisse, me tenaille comme le mal de mer. Je crains fort que nous devions nous passer de mes talents d’autoportraitiste ou littéraire, mais ce n’est pas une grande perte. Pour qui a envie d’en savoir plus sur moi, à savoir sur l’artiste, l’unique chose qui vaut la peine de connaître est d’observer attentivement mes tableaux pour savoir qui je suis et ce que je veux. » , il a peint de nombreux tableaux de lui : 70 en peintures, 20 en gravures et une centaine entre le dessin et l’aquarelle. Au travers de ces tableaux, ce n ‘est pas l’artiste qu’il a voulu étudier, mais bien plus son moi intérieur

« Autoportrait à la cigarette » 1895 Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)
« Autoportrait à Bergen » 1916 Edvard MUNCH (Musée Oslo)
 » Autoportrait entre l’horloge et le lit » 1940/43 – Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)
 » Autoportrait avec des bouteilles » 1930 env. Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)

Edvard Munch est né en Norvège, en 1863 dans une famille bourgeoise, pas particulièrement riche, mais vivant de façon assez confortable. Il fait partie d’une fratrie de cinq enfants. Son père, Christian était médecin à Kristiana.

Il perd sa mère à l’âge de 5 ans. Son père sombre alors dans une dépression profonde et se tourne vers la religion. Pour autant, cela ne rendra pas son fils religieux, mais lui laissera un intérêt pour le sacré et le mystique. Vu la situation, les enfants furent confiés à leur tante maternelle Karen. C’est elle, peintre à ses heures perdues, qui, très tôt, va se rendre compte que son neveu est particulièrement doué et encouragera ce talent. A noter aussi que sa maman peignait elle aussi et qu’elle a toujours intéressé ses enfants à l’art.

Son père à droite – Sa mère avec lui, ses frères et sœurs
« Inger en noir et violet » 1892 – Edvard MUNCH (Musée d’Oslo) – Inger est l’une de ses sœurs, un de ses modèles.
«  L’enfant malade  » 1896 Edvard MUNCH (Göteborgs Konstmuseum à Göteborg) –  » Dans cette toile se trouve déjà tout ce que j’ai développé plus tard, ainsi que les différentes directions que prendra l’art. Dans cette peinture, si l’on veut bien l’étudier de près, se trouvent quelques traces de pointillisme, la ligne du symbolisme de l’art nouveau, de l’expressionisme, et la forme «  Propos tenus aux environs de 1928
 » Près du lit de mort  » 1895 – Edvard MUNCH (Art Museum and Composers homes à Bergen)

« Je vois tous les êtres humains derrière leurs masques. Les visages calmes de pâles cadavres qui, affairés, se hâtent sur une route tortueuse dont la fin est la tombe. » Propos tenus entre 1915 et 1930

La malédiction s’abattra sur la famille. Après la mort de sa mère, il perdra deux de ses sœurs de la même maladie, la tuberculose. Son autre sœur, Laura, a de gros problèmes mentaux. Elle sera internée durant 20 ans. Quant à son frère Andréas, qui deviendra un brillant médecin, il va mourir d’une pneumonie à l’âge de 30 ans. Il restera donc seul, lui qui était si souvent malade enfant, si chétif et dont on pensait qu’il ne vivrait pas vieux. Il se retrouvera seul, ressassant un maximum d’émotions. Tout ce qu’il va ressentir en traversant ses drames, rejaillira sur ses toiles : que ce soit la maladie, la mort, l’anxiété, la solitude, la mélancolie et autres troubles divers.

 » J’étais déjà un être malade en venant au monde. La neige froide recouvrait mes racines. Le vent glacial a empêché mon arbre généalogique de croître. Ainsi l’arbre de ma vie était maudit dès le départ. .. J’ai reçu en héritage deux des plus terribles ennemis de l’humanité : la tuberculose et la maladie mentale. La maladie, la folie et la mort étaient les anges noirs qui se sont penchés sur mon berceau ….  » E.M.

Un désir profond d’être peintre va se déclarer adolescent. Son père n’était pas vraiment d’accord avec cette idée, souhaitant que son fils termine ses études et devienne architecte . Mais, malgré le fait qu’il était un élève brillant, il abandonnera très vite, pour ne se consacrer qu’à la peinture.

Il entrera à l’École royale d’art et de design où l’un de ses professeurs, un sculpteur, va vivement l’encourager. Cela lui donnera la force de quitter le foyer familial, louer un atelier avec d’autres élèves et poursuivre sa formation jusqu’en 1883.

Il s’éloignera très vite de la peinture paysagiste en extérieur de ses débuts, pour placer l’homme au centre de ses tableaux, en se basant sur des ressentis autobiographiques éprouvés dans sa vie : son éveil à la sexualité, la maladie, la mort etc…Grâce à l’obtention d’une bourse, il part à Paris en 1885, se rend à l’Exposition universelle, au Louvre également , découvre Manet à la Galerie Durand Ruel. La modernité de ce peintre va complètement le bouleverser.

A la mort de son père quatre ans plus tard, il traversera, à nouveau, une période d’instabilité et voyagera beaucoup, à la rencontre de nouveaux grands courants artistiques européens, avec entre deux, des séjours dans la capitale française où en 1892 il découvrira Van Gogh, Toulouse Lautrec, Pissarro, Renoir, mais aussi les nabis, les peintres de Pont Aven, Gauguin (dont la technique moderne et la couleur vont l’influencer) ,le néo impressionnisme, les nabis, l’impressionnisme . Entre deux voyages, il expose au Salon des Indépendants, travaille comme illustrateur de programmes pour des théâtres parisiens, et petit à petit quitte le naturalisme pour introduire de nombreux éléments symbolistes dans sa peinture.

On peut dire que c’est en Allemagne, à Berlin, en 1892 que sa carrière va s’envoler – Durant cette époque se définit son langage pictural largement inspiré par l’expressionnisme. C’est là qu’il va se lancer dans la lithographie, les pointes sèches, les eaux-fortes et la gravure sur bois. On peut dire qu’il va exceller dans ces différents domaines, et recevra de nombreuses commandes.

 » Le cri  » 1893 – Edvard MUNCH (Musée d’Oslo) – » Je me promenais sur un sentier avec deux amis. Le soleil se couchait. Tout d’un coup, le ciel devient rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture. Il y avait du sang et des langes de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville. Mes amis continuèrent et j’y restai, tremblant d’anxiété. Je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et déchirait la nature. » Edvard MUNCH sur son journal en 1892  

La grande modernité de ses toiles présentées dans une exposition organisée par l’Association des artistes berlinois, va à la fois plaire et créer la polémique de façon intense dans les deux cas. Cela va lui amener le succès, la reconnaissance, la célébrité. Il va décider de s’installer à Berlin, fréquentera les cercles intellectuels-philosophiques les plus en vue, rencontrera des personnalités éminentes comme des critiques d’art, des marchands d’art, des mécènes aussi ! Tout ce petit monde, va lui faire gagner de l’argent et vivre confortablement de son art.

En 1893, son tableau le Cri, qui faire de lui un grand peintre européen. Mais à côté du succès, il y aura des années traversées par l’alcoolisme, la violence, la dépression. Par ses mauvaises rencontres, il se retrouvera très souvent mêlé dans des bagarres violentes. Toute cette situation va l’amener à devoir se faire interné en 1906/07. Un an plus tard, lors d’un voyage à Copenhague pour une exposition, une crise paralysera la moitié de son corps. Il est à bout. Nouvel internement en institution psychiatrique durant plus de huit mois. Beaucoup diront qu’il retrouvera la force grâce au traitement d’électrochocs qu’il a dû subir, mais ce qui lui a fait du bien également, c’est d’être au repos, loin de toutes tentations néfastes à son équilibre mental .

« Jeunes filles arrosant des fleurs » 1904 – Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)
« Les baigneurs » 1907/08 Edvard MUNCH (Atheneum Art Museum de Helsinki)
« Jeunes filles sur le pont » 1927 Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)

Du côté vie privée sentimentale, il a eu un premier amour en 1885 : Milly Thaulow, une femme mariée à un officier de marine. C’est du reste avec elle qu’il perd sa virginité. On peut dire qu’elle va lui laisser une empreinte indélébile et même après leur rupture, des années plus tard, même après qu’elle divorcera et se tournera vers un autre que lui et l’épousera, Munch continuera de penser à elle de façon assez obsessionnelle, allant même jusqu’à imaginer qu’elle lui reviendrait . On peut dire qu’elle l’a marqué et que cette forte déception aura un impact sur les autres relations amoureuses qu’il aura dans sa vie.

Milly THAULOW née Andrea Emilie ILHEN (Thaulow est le nom de son premier époux qui était le frère du peintre).

Il a vécu ensuite une liaison passionnelle avec Mathilde Larsen dite Tulla. Une femme très étrange, pas faite pour lui, qu’il retrouve parfois allongée dans un cercueil entourée de bougies. Une atmosphère assez glauque et morbide qui n’étais pas saine pour lui déjà si souvent confronté à la mort. Ils se disputaient beaucoup et un jour de l’été 1902, elle va tirer un coup de feu sur lui. Un geste que ni lui, ni elle ne pourront véritablement expliquer. Il sera blessé à la main, perdra une phalange et finira par la quitter.

Edvard & Tulla

En 1908 il vivra une autre histoire avec une violoniste anglaise, Eva Mudocci qui deviendra sa maîtresse. Comme les autres, elle apparaitra sur ses tableaux. Ils vont très vite se séparer. Il y aura d’autres brèves et nombreuses liaisons Des aventures passionnelles, douloureuses, marquées par la jalousie, la déception. Il dira :  » Je n’ai jamais aimé. J’ai connu la passion qui déplace les montagnes et métamorphose l’individu. La passion qui arrache le cœur et s’abreuve de votre sang, mais il n’y a jamais eu de femme à qui j’ai pu dire  » c’est toi que j’aime, tu es tout pour moi ».

Eva MUDOCCI
 » Femme en pleurs » 1907/08 Edvard MUNCH (Musée d’Oslo) – » Ses cheveux couleur de sang m’avaient enveloppé. Ils s’étaient enroulés autour de moi comme des serpents rouge sang. Leurs fils, les plus fins, s’étaient emmêlés dans mon cœur  »
Dans la même idée que le tableau précédent, on trouve  » Vampire dans la forêt  » avec un autre décor environnant – 1924/25 Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)
 » Jalousie  » 1907 – Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)
 » Le baiser  » 1897 Edvard MUNCH (Musée d’Oslo)

Constatant que sa vie sentimentale est vraiment un véritable fiasco, il fera le choix de rester seul et retournera vivre en Norvège en 1916.Il va alors rompre tous les liens de sa vie passée et ne retiendra auprès de lui qu’un cercle restreint constitué de quelques amis intimes. Il ne boira plus, s’enfermera dans son atelier et peindra. Il fera l’acquisition d’une grande maison entourée d’une forêt, à Ekely, un endroit qu’il ne quittera quasiment jamais sauf lorsqu’on l’appelle pour des expositions le concernant. Il y aura un beau jardin et des studios en plein air. C’est là, dans cet environnement propice à la sérénité, qu’il restera jusqu’à sa mort.

 » La bagarre  » 1932/35 Edvard MUNCH (Musée d’Oslo) – Cette toile le représente avec son ami le peindre Ludvig Karsten. Tous deux avaient des idées complètement à l’opposé en ce qui concernait la séparation de la Suède et de la Norvège et leurs échanges étaient tels qu’ils en sont à se bagarrer.

Munch souffrira d’une maladie oculaire en 1930 à la suite d’une hémorragie. Il perdra la vision de son œil droit. Il est décédé d’une pneumonie en janvier 1944 dans sa maison. Il finira sa vie célibataire, sans descendance, lèguera toute son œuvre et ses collections à la ville d’Oslo en 1940 soit 1100 tableaux, 4500 dessins, des aquarelles, 18.000 estampes, plus sa correspondance, ses carnets, des photographies et autres objets personnels.

Durant la seconde guerre mondiale, les allemands qualifieront son art de dégénéré. Tout ce qui était exposé de lui dans des musées, soit environ plus de 80 œuvres, sera retiré. Il en sera profondément affecté car il considérait l’Allemagne comme sa seconde patrie.

On peut dire que, quelque part, cette injustice historique faite à son art, sera réparée lorsque la Norvège donnera à son peintre, à l’occasion du centenaire de sa naissance, l’écrin qui convient à son œuvre .

Mais le lieu se révèlera vite bien trop petit, la sécurité n’était pas franchement au top : le tableau Le Cri version 1910 et La Madone feront l’objet d’un vol en 2004. Fort heureusement ils seront retrouvés en 2006. Après quoi, la ville décidera la construction d’un autre musée. L’architecture assez audacieuse ne va pas plaire à tout le monde. On la trouve froide, impersonnelle. Qu’importe, la décision est largement assumée par ceux qui en ont eu l’idée, architectes et direction ! Ce nouveau bâtiment en verre, aluminium et béton va offrir non seulement un espace de 4.500 M/2 à Munch, mais également des salles de cinéma, concert, et des ateliers. Il a été inauguré en octobre 2021 : Musée national de l’Art, de l’Architecture et du Design (Nasjonalmuseet ) d’Oslo.

«  Munch voulait avoir un musée. Il désignait ses tableaux comme ses enfants et il voulait qu’ils soient tous rassemblés au sein d’une collection. Je pense qu’il serait heureux de voir ce que l’on a fait.  » Trine OTTE BAK NIELSEN (Conservatrice du musée)
Tombe d’Edvard MUNCH au Cimetière de Var Frelsers à Oslo ( Norvège )

 » Le bonheur est l’ami du chagrin. Le printemps est l’annonciateur de l’automne. La mort est la naissance de la vie. » Edvard MUNCH