» Quelqu’un d’un doigt léger m’a touchée à l’épaule.
Je me suis retournée mais il s’était enfui :
Peut-être es-tu celui que je n’espérais plus
Et dont le souvenir confus
Trouble encore quelquefois le miroir de mes songes ?
Ou bien
L’ange gardien de mon âme d’enfant
Alors que résonnait aux jardins du Printemps
Le doux éclat de nos deux rires ?
Je froissais quelquefois tes ailes dans nos jeux,
Blanches ailes au reflet bleu
Comme l’enfantine journée.
Viens-tu comme autrefois, poser mes pieds lassés
Sur la divine échelle où palpitaient les anges ?
Nous la sentions vibrer d’amour pur sous nos doigts,
Mais c’était le temps d’autrefois…
Ou bien
Es-tu tout simplement
Celle que chaque jour j’attends,
La patiente Silencieuse,
Avec le fil aiguisé de ta faux
Dissimulé derrière ton épaule ? …
Es-ce donc en ce soir d’automne
Et dans sa fragile beauté
Qu’il faut partir pour l’incertain voyage ?
Ô Mère du sommeil, prends moi donc par la main,
Ne faisons pas de bruit et ne troublons personne,
Partons comme s’envole une feuille en automne. » Louisa PAULIN (Institutrice et poétesse française occitane – Aveugle et très malade, elle a dicté ce poème à l’automne 1943. Elle est décédée en 1944)
