Quelqu’un …

 » Quelqu’un d’un doigt léger m’a touchée à l’épaule.

Je me suis retournée mais il s’était enfui :

Peut-être es-tu celui que je n’espérais plus

Et dont le souvenir confus

Trouble encore quelquefois le miroir de mes songes ?

Ou bien

L’ange gardien de mon âme d’enfant

Alors que résonnait aux jardins du Printemps

Le doux éclat de nos deux rires ?

Je froissais quelquefois tes ailes dans nos jeux,

Blanches ailes au reflet bleu

Comme l’enfantine journée.

Viens-tu comme autrefois, poser mes pieds lassés

Sur la divine échelle où palpitaient les anges ?

Nous la sentions vibrer d’amour pur sous nos doigts,

Mais c’était le temps d’autrefois…

Ou bien

Es-tu tout simplement

Celle que chaque jour j’attends,

La patiente Silencieuse,

Avec le fil aiguisé de ta faux

Dissimulé derrière ton épaule ? …

Es-ce donc en ce soir d’automne

Et dans sa fragile beauté

Qu’il faut partir pour l’incertain voyage ?

Ô Mère du sommeil, prends moi donc par la main,

Ne faisons pas de bruit et ne troublons personne,

Partons comme s’envole une feuille en automne.  » Louisa PAULIN (Institutrice et poétesse française occitane – Aveugle et très malade, elle a dicté ce poème à l’automne 1943. Elle est décédée en 1944)

 » L’ange gardien  » Pietro DA CORTONA

Les arbres …

 » Les arbres sont des sanctuaires. Qui sait leur parler, qui sait les écouter, peut apprendre la vérité. Ils ne prêchent pas l’apprentissage et les préceptes, ils prêchent sans décourager par les détails, l’ancienne loi de la vie. Les arbres bruissent donc le soir quand le doute qu’engendrent nos pensées puériles nous étreint. Les arbres ont des pensées longues, des pensées au souffle lent et reposantes, tout comme ils ont des vies plus longues que les nôtres. Ils sont plus sages que nous tant que nous n’avons pas appris à les écouter. Mais dès que nous avons appris à écouter les arbres, la brièveté, la rapidité et la précipitation enfantine de nos pensées fait jaillir en nous une joie incomparable. Quiconque sait écouter les arbres n’a plus envie d’être un arbre. Il ne veut pas être autre chose que ce qu’il est. C’est cela, être chez soi. C’est cela, le bonheur  » Hermann HESSE ( Romancier, poète, peintre et essayiste allemand puis suisse. Extrait de son livre Arbres : Réflexions et poèmes)