C’est une œuvre qui occupe une place de choix dans les créations lyriques de Haendel ( la 29e) et ce même si ce n’est pas la plus connue. A l’époque où il la compose, en 1734, il lui fallait se montrer encore plus talentueux, brillant et créatif qu’il ne l’était parce qu’il faisait face à la rude concurrence d’une autre troupe : L’opera of the Nobility avec sa vedette le castrat Farinelli.
La première aura lieu dans un Covent Garden flambant neuf, en 1735, avec, dans le rôle principal, le castrat Giovanni Carestini. A la demande de l’imprésario du théâtre, des numéros de danse avaient été insérés par Haendel entre chaque acte. L’accueil fut plutôt chaleureux, mais lors de la reprise de 1736, la danse ne sera plus au programme.
L’auteur du livret est inconnu. Il relève d’une adaptation d’une œuvre de Antonio Salvi (Ginevra principessa di Scozia) d’après l’Orlando furioso de l’Arioste) qui fut présentée la première fois en 1700 par Giacomo Antonio Perti.
C’est une histoire d’amour entre le prince Ariodante et la princesse Ginevra. La jeune fille sera faussement accusée d’une intrigue. Elle sera alors reniée par son père et son amour la quittera. Elle va sombrer dans une forte dépression, jusqu’au jour où Ariodante commencera à comprendre qu’elle n’a strictement rien fait et qu’elle a été victime d’un complot. Les coupables finiront par avouer leur faute et Ginevra sera lavée de tout soupçon. Elle retrouvera la santé et épousera son bien-aimé.
Un opéra dramatique, éblouissant, expressif, ingénieux, théâtral, plein de sensibilité, de musicalité, avec de très belles couleurs orchestrales, des arias superbes, subtiles, virtuoses, épanouies, et qui débute sur une belle Ouverture à l’italienne.
Il tombera dans l’oubli durant près de deux siècles et renaîtra de ses cendres en 1970 lorsque le monde va se passionner pour l’opéra baroque.