Septembre : la Vigne …

 » Comment parler de la vigne sans évoquer Dyonisos (Bacchus pour les Romains). Toutes les figurations le présentent couronné de pampres, une coupe à la main. Dieu de l’ivresse, il présidait à toutes les réjouissances champêtres, dans la joyeuse compagnie des satyres, des silènes et des bacchantes. On sait les orgies qui s’ensuivaient. A l’occasion de  » mystères  » ou fêtes d’initiés, des concours littéraires étaient organisés, aussi est-il également le Dieu de poésie lyrique.

Bacchus – Le CARAVAGE

Les Romains avaient inventé, au sujet de la vigne, une histoire amusante aussi bien que morale. Bacchus, disaient-ils, avaient rencontré sur son chemin un plant de vigne si petit que, pour protéger sa croissance, il le planta dans la partie creuse d’un os d’oiseau. La vigne ayant grandi, ce fut ensuite dans un os de lion, puis enfin dans l’os d’un âne. De là en conclure que celui qui boit du vin est d’abord gai comme l’oiseau, puis fort comme le ion et enfin bête comme un âne, il n’y a qu’un pas.  » Marthe SEGUIN-FONTES (Auteure et illustratrice française )

«  C’était une vallée entre Saint-Cyr et Luynes,
Dont la vigne à foison couvrait les deux versants ;
La tiède nuit de juin glissait sur les collines,
Et dans les chemins creux brillaient des vers luisants.

Lorsque pour son amant le soir la bien-aimée
Lisse ses cheveux bruns, une fraîche senteur
Imprègne sa poitrine et sa tête embaumée;
Ainsi tu parfumais la nuit, ô vigne en fleur !

On dit qu’aux jours d’été, quand tes grappes fleurissent,
Le vieux vin des celliers fermente et reverdit;
Quand monte leur odeur, dans les cœurs qui languissent,
L’amour aussi, l’amour se réveille et bondi
t.

La lune se leva comme une jeune reine,
Et les prés assoupis, et les grands pampres verts
S’argentèrent soudain à sa splendeur sereine;
On entendit des pas sous les chemins couverts.

Une enfant de vingt ans, dans le sentier des vignes,
Cherchant quelqu’un des yeux, s’avança lentement.
Je voyais son profil aux délicates lignes
Sous les pâles rayons s’éclairer doucement.

Ses regards scintillaient, sa robe aux teintes blanches
Se soulevait parfois aux soupirs de son sein…
D’un cerisier touffu s’écartèrent les branches,
Un jeune homme parut et la prit par la main.

Sur une pierre assis, d’abord ils écoutèrent;
Tout chantait: les grillons, les rossignols; près d’eux
Les pampres frissonnaient au vent. — Ils se levèrent,
Et dans l’obscurité disparurent tous deux.  »
André THEURIET (Poète français, auteur dramatique, romancier / Extrait de son recueil Vignes en fleurs-Amours éternelles (Revue des deux Mondes-1876)