
» Déclinant pour la énième fois un thème cher à la peinture d’avant-garde française, à savoir les figure dans le paysage, La Promenade est l’un des tableaux les plus remarqués à la deuxième exposition impressionniste. Il représente l’épouse et le fils du peinture, dans un pré, aux environs d’Argenteuil. Camille et Jean sont vu en contre-plongée, une perspective aussi inhabituelle pour l’artiste que les proportions insolites des personnages, particulièrement grands par rapport au contexte.
Le vent qui soulève la robe de Camille, les nuances colorées de l’ombre portée par l’ombrelle verte sur le corps de la jeune femme, et les ombres du pré qui apparaissent au premier plan, soulignent le motif de l’instantanéité de la lumière. Techniquement, La Promenade se distingue, dans le ciel et le pré en particulier, par une touche large appliquée à la hâte, comme pour transmettre la spontanéité du geste dans la transcription de la lumière.
Il semble que l’artiste lutte contre le temps pour saisir l’un des aspects les plus fugitifs de la nature : le cours des nuages par un jour de grand vent. Monet ne s’attarde pas sur les traits du visage, et pourtant, le choix de peupler le paysage par des membres de sa famille, fréquent chez Monet, confère à la nature une dimension intime absente des tableaux où il représente des inconnus qui vont se distraire dans les environs de Paris.
Le thème de La Promenade sera repris deux ans plus tard, en 1886, dans une paire célèbre : Essai de figure en plein air (vers la droite) et Essai de figure en plein air (vers la gauche). Camille, qui est morte sept ans plus tôt, y est remplacée par Suzanne Hoschedé, sa préférée parmi toutes les filles d’Alice, sa compagne puis sa seconde épouse.


Dans sa biographie de Monet, Jean-Pierre, un frère de Suzanne, raconte comment l’artiste, en promenade dans la campagne de Giverny avec les enfants d’Alice, avait vu Suzanne et s’était soudain rappelé la pose de Camille dans La Promenade. Quoi qu’il en soit, le tableau se concentrait alors sur la transcription de l’effet instantané dans la lumière, tandis que la duplication de l’image dans la paire de 1886 indique une intention bien différente : la transmission du sentiment de la durée. Cette durée n’est pas suggérée par l’effet de suspension et d’immobilité qui caractérise le tableau de Georges Seurat Un dimanche à la Grande Jatte, exposé la même année à la huitième et dernière exposition impressionniste.
Dans le cas de Monet, c’est la relation entre les deux tableaux qui indique les variations entre deux moments. L’attention portée au rapport entre deux scènes identiques constituant une séquence temporelle, est un précédent fondamental dans la réflexion sur les séries, une réflexion que renforcent certains aspects de la peinture dans les années 1880, et qui trouvera son apogée dans les pratiques picturales du Monet des années 1890. » Claudio ZIAMBIANCHI (Professeur en histoire de l’art, écrivain italien)
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J’en suis ravie Emilia 🙂 Merci pour cette appréciation ♥
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L’art de la promenade et la férocité de la randonnée. Monet ramène aux bords de Marne, aux dimanches de vin blanc et de musique légère.
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Autre époque où, très probablement, on appréciait réellement l’ART de la promenade et où l’on savait savourer, comme vous le dites si justement, les dimanches au bord de l’eau, les retrouvailles familiales ou amicales .. Merci Jean-Pierre ♥
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