Le ruisseau …

« Ce n’est qu’un tout petit ruisseau,
Un peu d’eau vive qui glougloute,
Une vasque fut son berceau,
On ne le voit pas, on l’écoute.

Il a des façons de gamin
Pour sautiller de pierre en pierre,
On y puise au creux de la main
En écartant un brin de lierre.

Il a des franges de roseaux
Sur ses bords fleuris de pervenches
Et des aulnes où les oiseaux
Font du trapèze sur les branches.

Si, dans son lit, le vent brutal
Penche un brin d’osier qui le borde,
Le petit ruisseau de cristal
S’amuse à sauter à la corde.

Puis sous les aulnes chevelus,
Caressant le cresson et l’ache,
Il s’enfonce…On ne l’entend plus…
Sans doute il joue à cache-cache.

Petit ruisseau, je voudrais bien,
Moi qui suis un rêve qui passe,
Que dans mon cœur ainsi qu’au tien
Se mirent le ciel et l’espace ! « Jeanne MARVIG (Poétesse et romancière française- Extrait de son recueil Le jardin d’Isabélou/1947)

Les six Consolations … Franz LISZT

Les Consolations sont six pièces pour piano dédiées à la Grande duchesse de Weimar, qui était la sœur de l’Empereur Nicolas de Russie. Elles furent composées entre 1849 et 1850. De toutes, c’est la complexe et virtuose N°3 qui sera la plus célèbre. Elle a quelque chose des Nocturnes de Chopin.

(Vidéo : Consolation N.3 – Vladimir HOROWITZ au piano)

Le titre vient du très beau recueil de Charles-Augustin Sainte-Beuve, critique littéraire et écrivain français, paru en 1830, dédié à Victor Hugo avec une préface lui étant destiné :  » Par vous, je suis revenu sans secours aux vérités les plus sublimes. Vous m’avez consolé d’abord, et ensuite vous m’avez porté à la source de toute consolation …  »

Nul ne sait quelles sont celles, sur les 29 de Sainte-Beuve, qui ont pu inspirer Liszt pour ses virtuoses Consolations. Il y a beaucoup de mélancolie, de tristesse, de mystère, de recueillement, mais en même temps elles ne manquent absolument pas d’espoir, de fraicheur, de passion, d’éclat. On ne peut pas franchement dire qu’elles sont audacieuses, mais elles sont magnifiques.

(Vidéo : les six Consolations par Aldo CICCOLINI au piano)