« Ce n’est qu’un tout petit ruisseau,
Un peu d’eau vive qui glougloute,
Une vasque fut son berceau,
On ne le voit pas, on l’écoute.
Il a des façons de gamin
Pour sautiller de pierre en pierre,
On y puise au creux de la main
En écartant un brin de lierre.
Il a des franges de roseaux
Sur ses bords fleuris de pervenches
Et des aulnes où les oiseaux
Font du trapèze sur les branches.
Si, dans son lit, le vent brutal
Penche un brin d’osier qui le borde,
Le petit ruisseau de cristal
S’amuse à sauter à la corde.
Puis sous les aulnes chevelus,
Caressant le cresson et l’ache,
Il s’enfonce…On ne l’entend plus…
Sans doute il joue à cache-cache.
Petit ruisseau, je voudrais bien,
Moi qui suis un rêve qui passe,
Que dans mon cœur ainsi qu’au tien
Se mirent le ciel et l’espace ! « Jeanne MARVIG (Poétesse et romancière française- Extrait de son recueil Le jardin d’Isabélou/1947)
