Les Nénuphars …

 » L’étang dont le soleil chauffe la somnolence

Est fleuri, ce matin, de beaux nénuphars blancs ;

Les uns, sortis de l’eau, se dressent tout tremblants,

Et dans l’air parfumé, leur tige se balance.

D’autres n’ont encore pu fièrement émerger :

Mais leur fleur vient sourire à la surface lisse.

On les voit remuer doucement et nager :

L’eau frissonnante affleure au bord de leur calice.

D’autres, plus loin encor du moment de surgir

Au soleil, ont leur fleur entièrement recouverte…

On peut les voir, bercés d’un remous sur l’eau verte :

Ecrasés par son poids, ils semblent s’élargir.

Ainsi vont mes pensers dans leur floraison lente.

Il en est d’achevés, sans plus rien d’hésitant,

Complètement éclos, comme, sur cet étang,

Les nénuphars bercés par la brise indolente.

D’autres n’ont encore pu dépasser le niveau ;

Ce sont ceux-là surtout, que, poète, on caresse,

Qu’on laisse à fleur d’esprit flotter avec paresse,

Comme les nénuphars qui bâillent à fleur d’eau.

Mais je sens la poussée en moi vivace et sourde

D’autres pensers germés mystérieusement,

Qui s’achèvent encor dans l’assoupissement,

Comme les nénuphars qui dorment sous l’eau lourde.  » Edmond ROSTAND (Écrivain et poète français – Extrait de son recueil Les Musardises)

« Jardin de Giverny/Bassin aux nymphéas »

Concerto pour piano N°21 KV 467 … W.Amadeus MOZART

Ce Concerto fut écrit à Vienne en début d’année 1785. Mozart traversait une période d’indépendance artistique, il était célèbre, recevait de nombreuses commandes, se produisait comme interprète et donnait des leçons de piano. Tout cela lui permettait d’avoir de bons revenus et de composer avec une certaine sérénité d’esprit.

Une page tout à fait charmante, heureuse, lumineuse, brillante, délicieuse, est d’une grande virtuosité. Le piano entretient un dialogue harmonieux et fluide avec l’orchestre. L’Andante est très célèbre, il a été repris en de nombreuses occasions, notamment au cinéma. Ces versions n’ont pas été toujours de bon goût et c’est bien dommage car c’est un mouvement magnifique et le final Allegro vivace, plein de vivacité, est très festif et lyrique.

(Vidéo : Friedrich GULDA au piano – Accompagné par l’ORCHESTRE DE L.OPÉRA DE VIENNE – Direction Hans SWAROWSKY)