Maurice Ravel est un merveilleux compositeur français qui s’est toujours tenu éloigné des canons académiques et des milieux institutionnels de la musique. Il a nettement préféré se tourner vers une musique beaucoup plus moderne. Il a collaboré, de façon fructueuse, avec les Ballets Russes de Serge Diaghilev, et pour l’opéra. Que ce soit la personnalité de ce compositeur ou sa musique, le qualificatif qui leur va bien est : complexe.
Cet homme élégant , quelque peu dandy est toujours passé pour quelqu’un de pas très social. Ce qui était exact avec les adultes, car en ce qui concernait les enfants, il s’est toujours montré bienveillant, attendri, abordable et dévoué . Les marionnettes, les jouets de toutes sortes, les bibelots, et autres boites à musique ont peuplé certaines de ses œuvres de façon délicate, légère et émotionnelle.
Il a toujours éprouvé beaucoup de nostalgie par rapport à l’enfance, probablement parce que c’est une période qui fut particulièrement heureuse pour lui, pleinement entourée d’amour et surprotégée par une femme : sa maman, Marie. La nostalgie sera telle qu’il va avoir beaucoup de difficultés à entrer réellement dans sa vie d’adulte. La relation avec sa mère fut si forte qu’elle ne va pas l’aider à développer des relations épanouies avec d’autres femmes et ce même si il affectionnait les personnes du sexe féminin.
Ce monde de l’enfance est présent dans son œuvre Ma mère l’Oye ( inspirée par des contes issus du recueil de Charles Perrault : Histoires ou contes du temps passé ou Contes de ma mère l’Oye, publié en 1697 et dans lequel on trouve Le petit chaperon rouge, le petit Poucet, La belle au bois dormant, Cendrillon, Barbe Bleue, ainsi que celui du Serpentin Vert de la Femme de Lettres française Marie-Catherine Le Jumel, Baronne d’Aulnoy, datant également de 1697)
La première version de Ma mère l’Oye date de 1910, il s’agissait de quatre pièces pour piano à quatre mains écrites pour les enfants de ses amis Jean et Mimie Gobeski âgés de 6 et 10 ans. Elles seront interprétées salle Gaveau à Paris. Cela va tellement plaire qu’il les orchestrera en 1911 pour un orchestre symphonique, puis en fera une musique destinée à un ballet en 1912 lequel lui fut requis par le directeur du théâtre des arts Jacques Rouché, sur une chorégraphie de Jeanne Hugard . Il rajoutera, à cette occasion, un Prélude plein de mystère recréant les bruits animaux de la forêt, un nouvel épisode intitulé » la danse du rouet « qui reprend l’histoire de la Belle au bois dormant et des interludes.
Quelle que soit la version choisie ( piano ou orchestrale) tout est assez empreint de mystère, subtilité, féerie, intensité, charmant, aérien, délicat, expressif et auréolé de magnifiques couleurs musicales.
(Version à quatre mains interprétée par Martha ARGERICH & LANG LANG )