» J’ai toujours aimé être à l’abri tandis que la pluie redouble. C’est une sensation merveilleuse. On l’associe, un peu sottement, à la sérénité. En vérité, c’est une situation de plaisir. Le bruit de la pluie exige un toit comme caisse de résonnance : être sous le toit, c’est la meilleure place pour apprécier le concert. Partition délicieuse, subtilement changeante, rhapsodique sans esbroufe, toute pluie tient de la bénédiction. » Amélie NOTHOMB (Écrivaine belge d’expression française – Extrait de son livre Soif)
» Fallait du cantique, O ma ville antique. Pour si bellement Lever ton élan Sous le firmament.
Pour celte façon Noble et séraphique. Fallait du maçon Qui sût la leçon Du cœur dans la brique.
J’entends, oui. j’entends Tintant aux ruelles Le chant des truelles Tout frais qui m’épelle Plusieurs fois cent ans.
Nuance et couleur, La lumière en fleur Aux murs se balance. Couleur et nuance, Lumière et chaleur.
Sable intelligent.
Buveur de délices.
Où sont les milices
Marines d’Ulysse
Et leurs socs changeants ?
Lés voici qui raient Un azur en poudre. Par la dent des foudres Voiles déchirées Qu’il faudra recoudre.
Tenez-vous disposes D’aiguille et de fil. De taille et babil. Salines lingères D’Antibes-la-claire.
Tenez-vous disposes. Un peu transparentes. Mes parentes roses, Mes fines lingères D’Anlibes-la-claire.
Et l’instant venu. Courez les pieds nus Sur les blonds rivages. Nouez aux cordages Vos jeunes cris bus Par le vent des plages « Géo NORGE (Poète belge francophone )
» On n’écrit pas pour soi, mais pour les autres. Pour les morts qui subsistent en nous, et pour les vivants qui nous lisent. Même les manuscrits volontairement laissés sans lecteurs au fond des tiroirs s’adressent à quelqu’un. A des parents perdus, à des passions anciennes, parfois à des proches qui ne l’apprendront jamais. Et c’est encore plus vrai quand on écrit en hommage à des défunts aimés ou admirés. Les livres alors, comme le font les poèmes, dressent des tombeaux. Ils ne recouvrent pas de marbre les morts, ils les revêtent d’une douce ferveur. Ce sont des urnes à portée de main qu’il nous suffit d’ouvrir, où nous plongeons nos souvenirs, et dont les cendres sont les mots …. » Jean-Michel DELACOMPTÉE (Écrivain français, auteur d’essais et portraits littéraires – Extrait de son livre Écrire pour quelqu’un)