Le tricheur à l’as de carreau … Georges de LA TOUR

 » Contrairement à ce qu’indique le nom donné au tableau au XXe siècle ( Le Tricheur à l’as de carreau vers 1635), le personnage principal n’en est pas le tricheur figurant à gauche qui tire de sa ceinture une carte à jouer. Ce n’est pas non plus cette femme à la gorge blanche et généreuse qui seule fait face au spectateur et paraît commander toute la scène de son index accusateur. Ce n’est pas davantage la fraîche servante au bonnet jaune décoré d’une aigrette qui serre contre elle une carafe et présente un verre bien rempli. Non … Le pivot, c’est le jeune homme sagement assis sur la droite, dont la physionomie paraît si fade, le geste est dépourvu d’ampleur. Une figure qu’on oublie sitôt qu’on l’a vue, une figure petite et vide d’expression, qui n’a pour elle qu’un costume brillant et devant elle un joli tas de pièces d’or. Car tout est là !

Voici un naïf, pour sur bon fils de famille, que sollicitent le jeu, la chair et le vin. Un jeu de mains et de regards s’engage, mystérieux, hypnotique. L’appât du gain, la luxure et l’ivresse rivalisent sous le masque. A l’imitation de Caravage dont il a pu voir les tableaux, Georges de La Tour se montre impitoyable tout en faisant miroiter les attraits de la dissipation et de la débauche : les périls deviennent séducteur aux yeux du spectateur.  » Jérôme PICON ( Historien de l’art et écrivain)

le tricheur a l'as de carreau
« Le tricheur à l’as de carreau » Georges De LA TOUR

Lorsque livres …

« Lorsque livres et journaux eurent dévoré des forêts,

on n’imprima plus.

Un poète un peu fou proposa de planter

le contenu des bibliothèques.

Peut-être, va savoir, en ressurgirait-il

quelques arbres ? Cela marcha.

On attribua, cette année-là,

Le Goncourt à un chêne, le Fémina à un tilleul

et le Renaudot à un hêtre. » Gabrielle MARQUET (Romancière et poétesse française)