Qui rencontre une fleur …

 »Qui rencontre une fleur
Et l’observe en passant
Soupçonne à peine le rôle d’un détail mineur
Dans l’entreprise brillante et compliquée
Qui se présente sous la forme d’un papillon
Offert au méridien.

Remplir le bourgeon, combattre le ver,
Obtenir un droit de rosée,
Régler la chaleur, échapper au vent,
Éviter l’abeille qui rôde ;

Ne pas décevoir la belle nature,
L’attendre ce jour-là.
Être fleur est une profonde
Responsabilité.  » Emily DICKINSON (Poétesse américaine)

Tableau : Konstantin RAZUMOV

L’Élisir d’amore … Gaétano DONIZETTI

« Ma devise : Vite ! C’est peut-être regrettable mais ce que j’ai vraiment fait de bon a toujours été fait vite. Le plus souvent, le reproche d’une éventuelle négligence concernera ce qui m’a demandé le plus de temps. Quand un sujet me plait, c’est plus fort que moi, il m’inspire, mon cœur parle, ma tête vole et ma main écrit.  » Gaétano DONIZETTI (Compositeur italien)

( Vidéo : Ouverture/Préludio – James LEVINE à la direction de l’ORCHESTRE DU METROPOLITAN OPERA / NEW YORK)

Fin 1830 des mouvements révolutionnaires secouent l’Italie. Cette situation n’inquiètera pas beaucoup Donizetti qui continuera son travail de composition et s’occupera des  représentations de ses opéras entre Rome et Naples. Ils ne seront pas tous auréolés de succès jusqu’au jour où il présentera  son opéra bouffa  :  l’Elisir d’amore –  Une semaine aura suffit à Felice Romani le librettiste pour l’écrire, et quatorze jours à Donizetti pour le composer. On peut dire que l’œuvre réunit deux orfèvres car c’est un réel bijou.

Le livret fut rédigé  d’après un texte d’Eugène Scribe pour un opéra de Aubert intitulé Le Philtre, lui-même inspiré par la pièce Il Filtro de Sylvia Malaperta.

Donizetti va beaucoup demander à son  librettiste, il exigera de nombreux changements dans la rédaction  pour que tout soit absolument tel qu’ il le souhaitait. On peut dire que cet opéra figure parmi les plus populaires du compositeur. L’intrigue fait place à beaucoup de lyrisme, les mélodies gracieuses mettent bien en évidence  les personnages tout à fait attendrissants et drôles aussi  , les arias sont magnifiques. Avec cette œuvre il a vraiment osé un nouveau type d’opéra en abondant en motifs charmants, et en apposant  sa petite marque de fabrique à savoir que le registre sentimental et celui plus pathétique s’harmonisent bien avec le côté comique.

Histoire de l’amour qu’éprouve Nemorino pour la belle Adina ; amour  contrarié par l’arrivée dans le pays d’un régiment avec à sa tête le fringuant et galant Belcore qui va tomber amoureux d’Adina et la demande en mariage. Bien des péripéties vont se succéder ( notamment le recours de Nemorino à la magie d’un philtre d’amour proposé par le charlatan Dulcamara pour obtenir les faveurs d’Adina). La fin sera heureuse pour les deux jeunes gens et le militaire s’en ira vers d’autres batailles.

La première représentation eut lieu en 1832 au Théâtre Canobbiana de Milan avec notamment le ténor  Giambattista Genero ( Nemorino ) et la soprano Sabine Heinefetter  (Adina) .

En prenant cette voie, Donizetti a continué celle qui avait été tracée avant lui par Rossini. Il était alors seul à le faire et deviendra LE compositeur de l’opéra bouffa.

(Vidéo : Aria de Nemorino –  » Una furtiva Lacrima  » – Rolando VILLAZON)