L’éventail …

 » Ô rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans ta main.

Une fraîcheur de crépuscule
Te vient à chaque battement
Dont le coup prisonnier recule
L’horizon délicatement.

Vertige ! voici que frissonne
L’espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître pour personne,
Ne peut jaillir ni s’apaiser.

Sens-tu le paradis farouche
Ainsi qu’un rire enseveli
Se couler du coin de ta bouche
Au fond de l’unanime pli !

Le sceptre des rivages roses
Stagnants sur les soirs d’or, ce l’est,
Ce blanc vol fermé que tu poses
Contre le feu d’un bracelet. « Stéphane MALLARMÉ (Poète français – Ce poème, intitulé L’éventail de Melle Mallarmé fait partie de son recueil Poésies/1899)

Tableau : Alfred STEVENS

Concerto N.2 Op.18 Sergei RACHMANINOV…

(Vidéo : Vladimir ASHKENAZY au piano – Bernard HAITINK à la direction du CONCERTGEBOUW ORCHESTRA )

A l’époque, Rachmaninov suivait des séances d’hypnose chez l’un des plus grands neurologues russes, pour guérir d’une grosse dépression. Il n’avait qu’une envie : se remettre à composer. Lorsque, petit à petit, sa mélancolie noire (comme il l’appelait) laissera place à la lumière, il écrira ce sublime Concerto qu’il dédiera à son médecin le Dr Nikolaï Dahl qui lui promettait toujours qu’il y arriverait à nouveau. L’œuvre sera créée à Moscou en 1900/1901 avec le compositeur au piano.

C’est une page célèbre, très appréciée, d’une grande rigueur, exigeante , pleine de fraicheur et de charme , qui, selon les mouvements, se révèle délicate, poignante ( Adagio Sostenuto à 11’30 de la vidéo ) , lumineuse, éclatante dans sa conclusion, avec une très belle palette de couleurs.