» L’art naît d’une blessure, dit-on. Je reconnais
qu’en l’Eden Adam n’en avait nul besoin.
Mais pourquoi ne devrait-il pas couler comme une fontaine romaine,
qui chute heureusement entre le soleil et la pierre ?
Tout ce qu’une fontaine peut simuler et répandre,
éparpillant une musique de lieux publics
à travers murmures, miroirs, discrétion et ombre,
permet de réparer toute blessure qui a donné naissance
au désir de parler outre la bouche unique de la plaie,
et d’attirer à l’unité les voix plurielles
qui doublent une force, diversifient une vérité,
en laissant un châle d’eau draper
le rebord du bassin, s’échapper et se reformer pour
remplir, claire, une citerne entière de son calme circulaire,
et les complexités de la mousse et du marbre
des échos du lointain, aqueduc et colline… » Fountains de Charles TOMLINSON ( Poète anglais, critique d’art, essayiste, traducteur, professeur d’université)
