PHAÉTON … L’imprudent ambitieux

» Durant toute son enfance, Phaéton ignora l’existence de son père. Lorsqu’il atteignit l’âge adulte, sa mère, Clyméné lui révéla qu’il était le fils du Soleil. La fierté de Phaéton fut alors à son comble. Tandis qu’il se vantait d’appartenir à une famille divine, sa parole fut mise en doute. Phaéton demanda alors à son père un signe de sa naissance et pour lui prouver son amour filial, Hélios (Soleil) promit d’accepter tout ce qu’il pourrait lui demander.

Phaéton n’eut qu’un désir : celui de conduire la course du Soleil durant un jour. C’était demande l’impossible car Phaéton était un mortel, mais Hélios dut respecter son serment. Après lui avoir donné mille recommandations, il confia les rênes de son char à son fils.

L’imprudent manquait de force pour diriger l’attelage. Il monta d’abord très haut dans le ciel, jetant sur la terre un froid glacial. Puis, inquiet par l’altitude, il s’écarta de la route. Livré à lui-même, le char descendit au plus près de la terre, enflammant les montagnes, et projetant les fleuves en nuées de vapeur. D’un trait de foudre, Zeus mit fin à la dangereuse chevauchée et détruisit le char. Dans sa chute, Phaéton se tua. Ses sœurs, les Hélliades, recueillirent son corps dans le fleuve Éridon et l’enterrèrent. Elles pleurèrent tant la disparition de leur frère, qu’elles attirèrent la compassion des dieux. Pour soulager leur peine, ils les transformèrent en peupliers et changèrent leurs larmes en gouttes d’ambre.  » Marguerite FONTA (Écrivain, passionnée de littérature et d’Histoire de l’art.)

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 » La chute de Phaéton  » – marbre de Simone MOSCA – Musée Bode à Berlin (Allemagne )

PHAÉTON … Jean-Baptiste LULLY

( Vidéo : Ouverture : Christophe ROUSSET à la direction des TALENS LYRIQUES )

C’est Jean Racine qui , semble t-il, aurait été  le premier à proposer à Lully un opéra sur ce personnage. Il avait même émis l’idée d’apporter sa contribution pour le livret   avec Nicolas Boileau. Mais Lully refusa ce projet avec eux , ce qui provoquera colère et rancune principalement de la part  du second.

Toutefois, le sujet sur ce fils du Soleil impertinent et ambitieux, ne  déplaisait pas à Lully. Il le reprendra donc avec son librettiste attitré    : Jean-Baptiste Quinault. Ce sera d’ailleurs la dernière fois qu’ils aborderont la mythologie grecque. Le roi et la Cour venaient de s’installer au château de Versailles et compte tenu du fait qu’il n’y avait pas de salle de spectacle prévue à cet effet, l’œuvre fut créée à la salle des Manèges. Le roi assistera  aux sept représentations qui seront données en ce lieu. Après quoi, elle fut présentée, quatre mois plus tard, à l’Académie royale de musique à Paris.

Si le roi appréciait tant cette tragédie lyrique, c’était très certainement parce qu’elle n’était pas sans lui rappeler l’épisode de Nicolas Fouquet, son surintendant des finances,  qui avait voulu l’éblouir en le recevant de façon fastueuse en son château de Vaux-le-Vicomte. Un affront fait à sa majesté qui provoquera sa chute et son emprisonnement. Cet opéra était une façon détournée de Lully et Quinault pour prévenir de ce qui pourrait arriver à quiconque aurait envie d’agir de la sorte en envisageant de vouloir être au-dessus du roi.

C’est véritablement une œuvre d’ambition et de pouvoir, expressive, pleine de grâce et de charme, subtile, dramatiquement intense, très originale, brillante, lumineuse, raffinée, pittoresque, émouvante aussi, moderne pour son époque, instrumentalement inventive et  rythmiquement conquérante comme savait si bien le faire ce merveilleux compositeur, avec des envolées vocales magnifiques.

L’amour est présent également : celui de Phaéton et Théonie, qu’il délaissera pour vouloir épouser Libye et devenir roi d’Égypte, alors qu’elle est aimée de Epaphus. Jaloux, ce dernier va le narguer et le provoquer au sujet de sa filiation de naissance, à savoir fils du Soleil. C’est pour cette raison que Phaéton demandera à son père de conduire son char dont il perdra le contrôle provoquant la colère de Jupiter qui, dans un éclair, entraînera sa chute et sa mort.

Après avoir longtemps été l’opéra du roi ,le musicographe français Jean-Laurent Le Cerf de la Vieville en parlera comme étant l’opéra du peuple( dans son ouvrage Comparaison de la musique italienne et de la musique française, publié en 1704) tant il fut acclamé avec enthousiasme par le public en France et en Europe.

( Vidéo : Heureuse une âme indifférente / Acte I – Véronique GENS au vocal – LES MUSICIENS DU LOUVRE – Direction : Marc MINKOWSKI

(Vidéo : Dans ce palais, bravez l’envie – Acte IV – ENSEMBLE VOCAL SAGITTARIUS – LES MUSICIENS DU LOUVRE – Direction : Marc MINKOWSKI )