Les paroles …

 » Elles sont comme un cristal,
les paroles.
Certaines, un poignard,
un incendie.
D’autres,
seulement de la rosée.

Grosses de mémoire, elles viennent en secret.
Incertaines, elles naviguent ;
navires ou baisers,
les eaux frémissent.

Désemparées, innocentes,
légères.
Tissées de lumière,
elles sont la nuit.
Même pâles,
elles rappellent encore de verts paradis.

Qui les écoute ? Qui
les recueille, ainsi,
cruelles, défaites,
dans leur nacre pure ?  » Eugénio DE ANDRADE (Poète portugais / Extrait de son recueil Campos das letras/1997)

Eugénio DE ANDRADE 1923/2005

Sainte Cécile …

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 » Sainte Cécile  » – 1626 – Jacques STELLA (« Sainte romaine légendaire, la jeune patricienne Cécile, qui a fait vœu de virginité, est contrainte d’épouser le païen Valérien. Le soir des noces, elle le convertit et Valentin se fait baptiser, avec son frère, par le pape Urbain. Les deux nouveaux convertis sont mis à mort. Cécile, refusant de sacrifier aux idoles, est martyrisée. Condamnée à mourir étouffée dans un bain surchauffé, elle est rafraîchie par une nuée miraculeuse. On doit la décapiter, mais le bourreau ne réussit pas à détacher la tête du corps, si bien que son agonie dure trois jours. Elle meurt en présence du pape Urbain qui la fait ensevelir. La sainte Cécile musicienne n’apparaît pas avant la fin du XVe siècle et semble t-il d’un contre-sens fait sur une phrase de sa passion. Ce talent tardif lui a valu de devenir la populaire patronne des musiciens. » Jacques de VORAGINE ( Chroniqueur italien du Moyen-Âge, archevêque de Gênes )

 » Ce qui pourrait n’être que la représentation d’une figure est transformé par le peintre en mise en scène d’un concept. Sainte Cécile, extatique, les yeux au ciel, touche un orgue positif dont deux charmants angelots animent le mécanisme de soufflerie. Dans une draperie de nuages, vivement éclairés d’or par une lumière céleste qui illumine la sainte, des anges musiciens l’accompagnent, chantant, comme le groupe d’angelots, ou jouant de divers instruments (harpe, orgue portatif, viole, tambourin, trompette). Sur la gauche, le nuage se poursuit par une tenture dégageant une terrasse couverte sur un paysage romain, dans une lumière laiteuse, bien terrestre. Ainsi la sainte est et n’est plus tout à fait de ce monde ; sa musique est relayée par la musique céleste et se confond avec elle, comme voie d’accès à elle.  » Nanon GARDIN (Iconographe et traductrice, auteur de nombreux ouvrages historiques et de société )  & Guy PASCUAL ( Docteur en sciences, professeur de Lettres et attaché linguistique à l’ambassade de France à Varsovie)