Ce superbe et tendre duo est extrait de l’opérette composée par Franz Lehar (La veuve joyeuse), créée, en allemand, en 1905. Elle sera présentée à Paris, en français, cinq and plus tard. Le livret est de Léon Stein et Victor Léon d’après la pièce de Henri Meilhac qui fut donnée en 1861 sur la scène du théâtre du Vaudeville (L’attaché d’ambassade).
C’est une œuvre très célèbre, absolument délicieuse, raffinée, d’une grande richesse orchestrale, cocasse, sensuelle, pleine de cœur et d’esprit, élégante, et assez audacieuse pour l’époque ! La danse y est incroyablement présente : valse, polonaise, cancan, mazurka etc…
(Vidéo : Anna NETREBKO – Placido DOMINGO et Rolando VILLAZON)
Après l’énorme succès de La veuve joyeuse, Franz Lehar en connaitra un autre tout aussi fulgurant avec sa romantique et magnifique opérette Le pays du sourire, créée en 1923, en allemand, à Vienne. Le livret est de Ludwig Herzer et Fritz Löhner.
Une histoire d’amour difficile, impossible, mais qui se terminera bien, entre une comtesse européenne(Lisa) et un prince asiatique(Souchong)
C’est une œuvre absolument harmonieuse, légère et mélancolique à la fois, d’une émotion fragile, bouleversante à bien des égards.
‘‘ L’amour, c’est la fumée qu’ exhalent les soupirs, Attisé, c’est le feu dans les yeux des amants, Contrarié, c’est la mer que viennent grossir leurs larmes. qu’est-il encore ? Une folie des plus sages, Le fiel qui étouffe et le miel qui nous sauve.… » William SHAKESPEARE (Dramaturge, poète, acteur anglais – Extrait de Roméo et Juliette Acte I scène I /1594)
Roméo et Juliette est une magnifique, tragique et bouleversante histoire d’amour, née, entre 1594 et 1596, de la plume sensible et poétique de William Shakespeare. Deux jeunes amants issus de deux familles qui se détestaient : Montaigu et Capulet, vont laisser cours à leurs sentiments , malgré cette haine, malgré les interdits, et pour n’avoir jamais à se séparer ils se retrouveront dans la mort.
C’est un sujet qui a fortement inspiré l’univers de la danse et ce dès 1785 avec Eusébio Luzzi sur une musique de Marescali.
Et puis un jour de 1935, la direction du Kirov (de nos jours le théâtre du Mariinsky) demanda à Sergei Prokofiev une musique pour un ballet qui pourrait, si possible, entrer dans l’esprit de ceux donnés autrefois. Le compositeur choisira comme sujet Roméo et Juliette. Malheureusement, il verra son projet refusé. Il décida alors de se tourner vers le Bolchoï, lequel se désistera à son tour, jugeant la musique bien trop puissante, rythmiquement complexe et donc inadaptée à la danse.
Prokofiev va travailler et re-travailler sa partition, en faire deux Suites Op.64 pour orchestre, et une transcription pour piano. Une musique jouée très souvent en concert et fort appréciée. Elle est puissante, trépidante, lyrique, toute en relief et il est vrai qu’elle peut se révéler problématique pour les chorégraphes qui décident de l’employer pour la danse.
Finalement, en 1938, le projet sera repris par le Ballet de Brno (Tchécoslovaquie) et obtiendra un beau et gros succès, ce qui amènera le Bolchoï à revenir sur sa décision en 1940 et se porter acquéreur du ballet et de la musique remaniée par Prokofiev. La chorégraphie fut alors confiée à Léonide Lavrovsky. Il fait partie de la compagnie depuis 1946.
Lavrovsky va offrir un grand spectacle de danse, un sublime ballet chargé de passion, avec de beaux sentiments d’émotion pure. Il saura parfaitement recréer les mœurs et l’atmosphère d’une ville de la Renaissance italienne. es adages sont pleins de lyrisme, les pas de deux empreints de grâce et de poésie.
(Vidéo : » La danse des chevaliers » – Version LAVROVSKY avec Diana Vishneva et Vladimir Shklyarov)
Version Rudolf NOUREEV
« Roméo et Juliette, c’est l’histoire d’un jeune garçon qui devient un homme. Adolescent, il court après tous les jupons, mais très vite il ne veut plus se contenter des beautés froides qu’il rencontre, ni des amours platoniques qu’elles lui font vivre. Il souhaite connaître des sensations fortes. C’est Juliette qui va tout décider pour lui. Elle est passionnée, volontaire, plus mûre que lui. Je suis convaincu que la Vérone de la Renaissance et de Londres elisabéthaine, dans une société partagée entre vieilles superstitions et appétit d’un monde nouveau, avaient en commun le sexe et la violence. Ce qui, singulièrement, les rapproche de notre époque ». Rudolf NOUREEV (Danseur russe et chorégraphe) µ
(Vidéo : Monique LOUDIÉRES & Manuel LEGRIS)
On a souvent affirmé que, dans sa version, Noureev avait fortement puisé dans les inspirations du passé et qu’il avait fait un retour aux sources du classique. Ce rôle de Roméo il le connaissait fort bien pour l’avoir lui-même dansé avec Margot Fonteyn, l’Étoile anglaise. Il va se révéler être un magnifique chorégraphe lorsqu’il proposera sa version complète, précise et approfondie de ce ballet.
Il l’a vu telle une fresque de la Renaissance, narrant les amours juvéniles contrariées d’un jeune couple et la haine farouche des adultes de deux familles opposées. On peut dire qu’il s’est tenu au plus près de l’œuvre de Shakespeare, œuvre qu’il avait pris soin, comme il l’a souvent expliqué, de lire et relire attentivement.
Son Roméo est insouciant. Face à lui Juliette est une jeune fille révoltée, passionnée, qui va lui faire éprouver des sensations fortes jamais ressenties jusque-là. Ils évolueront dans une Vérone sensuelle et querelleuse.
Le ballet de Noureev est d’un grand réalisme, avec une très intéressante logique historique. C’est raffiné, élégant, sensuel, théâtral, mettant en valeur le côté poétique de la danse et les suggestions du rêve. Les pas de deux sont réellement magnifiques. Il est construit sur de nombreux numéros de la partition de Prokofiev.
La première aura lieu au Coliseum en 1977, interprété par le London Festival Ballet. Lui-même sera Roméo. Face à lui différentes danseuses se relaieront pour interpréter Juliette : Patricia Ruanne, Elisabetta Terabust, Lynn Seymour ou Eva Evdokimova.
Cette version sera reprise au Palais des Sports de Paris en 1978, puis à la Scala en 1980 avec Carla Fracci. En 1984, elle fera son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris. Cette année-là, Noureev sera Mercutio, avec face à lui Sylvie Guillem et Jonathan Cope.
Il remontera, à nouveau, son ballet en 1994 à l’Opéra lorsqu’il sera directeur de la danse.
Version Maurice BÉJART
« J’ai voulu construire un ballet dont l’histoire marierait le romantisme fougueux et généreux de Berlioz avec la magie, cruelle parfois, de Shakespeare. » Maurice BÉJART (Danseur et chorégraphe français)
(Vidéo : Jorge DONN & Suzanne FARRELL)
Berlioz découvre Shakespeare en 1827et se passionne pour son œuvre. En 1839, il compose une Symphonie dramatique avec chœur : Roméo et Juliette Opus 17.
Cette musique a séduit Béjart pour le ballet qu’il créé , sur ce sujet, en 1966. Elle lui semblait capter parfaitement l’intensité et la profondeur des amants de Vérone.
C’est une chorégraphie dans laquelle il dénonce la stupidité de la guerre et les querelles humaines, met un scène un prologue qui lui sert de présentation pour les solistes, et un épilogue très modeste qui fut contesté et sera lancé au son des crépitements de mitraillettes avec un leitmotiv inscrit sur scène : faites l’amour pas la guerre.
Dans tout ce chaos, on retient, toutefois, le très beau et harmonieux moment de danse classique (inhabituel chez Béjart), un Pas de Deux plein de grâce et de pureté, d’émotion aussi, avec une Juliette émerveillée, tendre, et un Roméo rêveur et amoureux.
Les deux interprètes le soir de la première au Cirque Royal de Bruxelles, furent, en 1966 , Laura Provenca et Paolo Bortoluzzi. Par la suite le rôle sera confié à Jorge Donn.