» Je n’écris pas pour quelques-uns retirés sous la lampe, ni pour les habitués d’une cité lacustre, pour l’écolier attentif à son cœur, non plus pour cet enfant paresseux qui sommeille entre mes bras depuis cent ans ; mais pour cet homme qui dépassé par l’orage n’entend pas la rumeur terrestre de son sang ni l’herbe le flatter doucement au visage. J’écris pour divulguer ce qui vient des saisons, la neige pure ainsi qu’une main féminine, et le pollen éparpillé sur les gazons, aussi l’agneau qui fait le calme des montagnes. J’écris pour dépasser la crue noire du temps tandis que les oiseaux et les fleurs me précèdent à cette auberge au bord du ciel où les passants trouvent des couches étoilées et des vaisselles pleines de fruits et des soleils encourageants. Mais reste au fond de moi le plus clair de ma vie qui ne supporte pas le poids de la parole, ces mots d’amour qui ne seront jamais écrits, et la lumière de mon cœur toujours plus haute aveuglante comme une poignée de sel gris. » René-Guy CADOU ( Poète français – Poème écrit en août 1944, fait partie de ses Poèmes Inédits-Poésie de la vie entière)
« Chèvrefeuille plein de grâce, Ton odeur subtile et grasse Évoque au fond de mon cœur La brune rose et légère Qui jadis me fut si chère Et ne me tint pas rigueur. (…) » Émile BLÉMONT (Poète et auteur dramatique français)
» Les enlacements des rameaux de chèvrefeuille se prêtent aisément à l’image de l’amour. Ne dit-on pas qu’un chèvrefeuille poussa spontanément sur la tombe commune d’Héloïse et d’Abélard ? Pourtant, le mot « chèvrefeuille » si proche de « chèvrepied » » (satyre à pied de bouc) le fait redouter par certains comme un mauvais présage. » Marthe SEGUIN-FONTES(Auteure illustratrice française)
Le chèvrefeuille d’hiver (Ionicera fragrantissima) fleurit en plein cœur du mois de février. C’est un arbuste assez robuste, magnifique dans les jardins en hiver. Il apporte sa belle couleur et son parfum exquis. Il apprécie la douceur hivernale, mais n’aime pas trop être exposé en plein soleil. Plus la température se radoucit, et plus son parfum gagne en intensité de jour comme de nuit.
Ses lianes permettent d’habiller des murs, des grillages, ou des croisés que ce soit dans le jardin, sur les terrasses ou les balcons.
Les Celtes lui accordaient une grande importance, on le trouvait bénéfique, diffusant des ondes positives. Par contre, si on l’entourait de soins attentifs et qu’il ne fleurissait pas en s’épanouissant, il fallait alors être très attentif car cela n’annonçait rien de bon. De façon générale, les européens pensent que le chèvrefeuille attire la chance.
Comme je l’ai indiqué ci-dessus, son parfum est délicieux, aérien, plein de fraicheur, miellé, sucré, suave, et ressemble un peu à celui du jasmin. Du coup, sa senteur attire les parfumeurs . Comme on ne peut en extraire des huiles essentielles, ces derniers reconstituent la fragrance à partir d’autres essences naturelles. On le trouve chez : Dior Star de Dior – Cristalle de Chanel – 5th avenue d’Elisabeth Arden – Aqua Allegria Teazzurra de Guerlain – Anaïs Anaïs de Cacharel – Beyond Paradise de Estée Lauder –Cartier de lune de Cartier – Chant d’arômes de Guerlain …
» Et lors tous deux sont-ils unis Tel le chèvrefeuille enlacé Avec le tendre coudrier: Tant qu’il est étroitement pris Autour du fût où il se lie, Ensemble peuvent-ils durer, Mais qu’on vienne à les séparer, Le coudrier mourra bientôt Et le chèvrefeuille aussitôt. – Or belle amie, ainsi de nous: Ni vous sans moi, ni moi sans vous. » Marie DE FRANCE (Femme de Lettres et poétesse médiévale)
La cueillette du chèvrefeuille – Sophie ANDERSON
La cueillette du chèvrefeuille – Pierre André BROUILLET