Le Colisée de Rome …

« Imaginez pour un moment, ce monument intact avec des milliers de visages enthousiastes fixant l’arène dans un tourbillon de combats, de sang et de poussière. Aucune parole ne peut décrire un tel instant.  » Charles DICKENS (Romancier anglais)

 » Que de matinées heureuses j’ai passé au Colysée, perdu dans quelque coin de ces ruines immenses. Le Colysée est sublime pour nous parce que c’est un vestige vivant de ces Romains dont l’histoire a occupé toute notre enfance. L’âme trouve des rapports entre la grandeur de leurs entreprises et celle de cet édifice. Quel lieu sur la terre vit une fois une aussi grande multitude et de telles pompe ? l’empereur du monde (et cet homme était Titus !) y était reçu par les cris de joie de cent mille spectateurs ; et maintenant quel silence ! Le Colysée est la plus belle des ruines, là respire toute la majesté de Rome antique  » Henri BEYLE dit STENDHAL (Écrivain français)

 » Et il apercevait la grande masse du Colisée, au-delà de l’arc de Titus et de l’arc de Constantin.
Ah ! Ce colosse dont les siècles n’ont entamé qu’une moitié, comme d’un immense coup de faux, il reste, dans son énormité, dans sa majesté, tel qu’une dentelle de pierre, avec ces centaines de baies vides, béantes sur le bleu du ciel ! C’est un monde de vestibules, d’escaliers, de paliers, de couloirs, un monde où l’on se perd, au milieu d’une solitude et d’un silence de mort ; et, à l’intérieur, les gradins ravinés, mangés par l’air, semblent les degrés informes de quelque ancien cratère éteint, une sorte de cirque naturel, taillé par la force des éléments, en pleine roche indestructible.

Seuls, les grands soleils de dix-huit cents ans ont cuit et roussi cette ruine, qui est retournée à l’état de nature, nue et dorée ainsi qu’un flanc de montagne, depuis qu’on l’a dépouillée de la végétation, de toute la flore qui en faisait un coin de forêt vierge. . » Émile ZOLA (Écrivain français)

COLISEE ROME

 » C’est sous Vespasien, après la guerre de Judée que germe l’idée de construire un amphithéâtre à l’est du Forum, là même où se situait auparavant l’étang des jardins de Néron. Baptisé  Flavien du nom de la gens ( famille ) des deux empereurs, Vespasien et son fils Titus, le bâtiment est très vite surnommé Colosseus , c’est-à-dire  » gigantesque  » en raison de ses proportions impressionnantes. Sans doute doit-on aussi voir dans ce vocable une référence au Colosse de Rhodes, l’une des sept merveilles du monde antique. Achevé définitivement sous le règne de Dominitien ( 81-96 ) , il s’inscrit dans l’imaginaire des contemporains, frappant les esprits tant par ses dimensions que par son harmonie architecturale. Il est doté de 80 entrées et peut accueillir 50.000 spectateurs assis, plus 20.000 debout. La circonférence extérieure court sur plus de 500 m et la hauteur atteint 50 m. L’arène, à elle seule, couvre 4700 m/2.

Après la chute de l’empire, le Colisée est laissé à l’abandon.  Par la suite, il est devenu propriété de l’église Santé Maria Nova, laquelle en aménage l’intérieur. Elle y fait construire des petites maisons, creuse des chemins. L’ancien amphithéâtre est désormais un lieu d’habitation.A la Renaissance, il est transformé en une gigantesque carrière, ses blocs de travertin servant à construire ports et palais dont le célèbre Palazzo Farnese, aujourd’hui siège de l’ambassade de France.

Le salut du monument païen viendra finalement du pape Benoit XIV qui, au XVIIIe siècle, le voue au souvenir des martyrs chrétiens qui y ont péri. Il fait entreprendre des travaux de soutènement et restauration permettant ainsi à Rome de conserver là un de ses plus beaux fleurons.  » Françoise SURCOUF (Écrivain en histoire de l’art)

 » On admire toujours, sous le beau ciel romain,
Ses vieux gradins massifs et ses hautes arcades,
Flots de pierres pareils aux immenses cascades
Que l’hiver boréal suspend sur son chemin.

Les Césars orgueilleux, d’un signe de la main,
Faisaient défiler là de fières cavalcades ;
Ils faisaient s’élancer, de leurs mille embuscades,
Les fauves qu’appelait le grand peuple inhumain.

L’amphithéâtre est vide. Un vent d’amour soupire
En passant sur l’arène où grondaient les lions,
Où les bourreaux tuaient les saints par millions.

Les siècles ont broyé le merveilleux empire,
Et la croix a vaincu les autels des faux dieux,
Mais ton génie, ô Rome ! est toujours radieux.
 » Léon-Pamphile LE MAY ( Romancier, poète, conteur, traducteur, bibliothécaire et avocat québécois)

Carlo LABRUZZI
Abraham-Louis-Rodolphe DUCROS
COLISEE Hubert ROBERT
Hubert ROBERT
COLISEE Giovanni Paolo PANINI
 Giovanni Paolo PANINI
COLISEE Carlo LABRUZZI
Carlo LABRUZZI
Frederick LEE BRIDELL
Antonietta BRANDEIS
Jean-Baptiste COROT

 » La lune, merveilleuse et claire, grandissait,
Et, pendant que d’une ombre oblique s’emplissait,
Du fond jusques au bord, le colossal cratère,
Sereine elle montait, transfigurant la terre
Et mêlant à cette ombre une vapeur d’azur.
Minuit, le Colisée, un firmament très pur !

Nous montâmes, guidés au rouge éclair des torches,
Tâtant d’un pied peu sûr l’effondrement des porches,
Et regardant sans voir dans les coins des piliers.
Par le dédale étroit des roides escaliers,
Nous, gagnâmes enfin la plus haute terrasse.
De là, vers l’horizon vaste et noir, l’oeil embrasse
Tout ce pays qui change, au déclin du soleil,
La couleur de son deuil sans changer de sommeil
Tout en bas, comme un point dans l’arène déserte,
Un soldat ombrageux crie à la moindre alerte.

Ah ! d’où vient que là-haut, malgré l’heure et le ciel
Et cette enceinte immense au profil éternel
Et l’effort surhumain que sa taille proclame,
Je n’ai rien éprouvé qui m’ait subjugué l’âme ?
Mais, libre, je sentais palpiter mes chansons :
Tel, éclos pour jouir des meilleures saisons,
Dans un air épuré, de son aile indocile
L’oiseau bat la carcasse énorme d’un fossile.
Ces hommes étaient forts ! que m’importe après tout ?
Quand même ils auraient pu faire tenir debout
Un viaduc allant de Rome à Babylone,
À triple étage, orné d’une triple colonne,
Pouvant du genre humain soutenir tout le poids,
Et qu’ils l’eussent roulé sur lui-même cent fois,
Aussi facilement, et sans reprendre haleine,
Qu’autour de sa quenouille une enfant tord ta laine,
Et qu’ils eussent dressé mille dieux alentour,
Je ne saluerais pas la force sans l’amour !  » René Armand François PRUDHOMME dit SULLY PRUDHOMME (Poète français)

 » Un jour, seul dans le Colisée,
Ruine de l’orgueil romain,
Sur l’herbe de sang arrosée
Je m’assis, Tacite à la main
.

Je lisais les crimes de Rome,
Et l’empire à l’encan vendu,
Et, pour élever un seul homme,
L’univers si bas descendu
.

Je voyais la plèbe idolâtre,
Saluant les triomphateurs,
Baigner ses yeux sur le théâtre
Dans le sang des gladiateurs.

Sur la muraille qui l’incruste,
Je recomposais lentement
Les lettres du nom de l’Auguste
Qui dédia le monument.

J’en épelais le premier signe :
Mais, déconcertant mes regards,
Un lézard dormait sur la ligne
Où brillait le nom des Césars.

Seul héritier des sept collines,
Seul habitant de ces débris,
Il remplaçait sous ces ruines
Le grand flot des peuples taris.

Sorti des fentes des murailles,
Il venait, de froid engourdi,
Réchauffer ses vertes écailles
Au contact du bronze attiédi.

Consul, César, maître du monde,
Pontife, Auguste, égal aux dieux,
L’ombre de ce reptile immonde
Éclipsait ta gloire à mes yeux !

La nature a son ironie
Le livre échappa de ma main.
Ô Tacite, tout ton génie
Raille moins fort l’orgueil humain
! Alphonse de LAMARTINE (Poète, dramaturge, historien français, personnalité politique)