
» Trois jeunes femmes, figurant les Grâces, vêtues de draperies flottantes, supportent, à bout de bras, un cadre doré surmonté d’une guirlande que des Amours entourent. Un portrait en buste sort du fond sombre du cadre. Il s’agit du portrait de Françoise Athénaïs de Rochechouart de Montemart, marquise de Montespan, admirée à la Cour pour sa grande beauté, sa grâce et sa vive intelligence. Elle deviendra la favorite de Louis XIV en 1667, gardant sa préférence jusqu’en 1680.
La formule du portrait en tableau qui se développe spécialement pour les personnalités de haut rang, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, est ici utilisée par le peintre pour exalter sa beauté. La guirlande de fleurs qui, dans l’Antiquité, servait à honorer les dieux, souvent simple élément décoration au XVIIe, garde dans cette œuvre sa signification première. La marquise se situe au-dessus des Grâces et le culte qu’elles lui rendent l’assimile à Vénus, la déesse de la beauté. Seul l’Amour royal peut l’embellir encore.
Deux d’entre elles et un des Amours prennent à témoin le spectateur qui est invité à l’admirer. La marquise tourne sa tête, parée de belles boucles blondes, dont deux descendent sur ses épaules dénudées. Elle porte une ample chemise blanche bordée de dentelle, ceinte d’une écharpe de soie bleue. Des perles aux oreilles et autour de son cou, font ressortir le nacre de sa peau. Le visage est délicat, éclairé de grands yeux et d’une petite bouche purpurine.
Daté vers 1670, période où la marquise de Montespan parvient au sommet de sa gloire, le tableau attribué de longue à Pierre Mignard, a été redonné à Louis Elle, dit Ferdinand II, dont il présente les caractéristiques : des couleurs vives aux accents satinés, associant le jaune et le bleu, les drapés qui flottent en d’élégantes volutes, des chairs lisses et rose et surtout ces grands yeux tout à fait typiques. « (Chantal ROUQUET / Conservateur en chef du patrimoine, responsable des collections d’art ancien, directrice adjointe des musées)