« Chaque jour en vivant, nous aimons quelque chose.
Un sourire, un regard, un baiser, une fleur,
le ciel d’un matin pur, un crépuscule rose,
Un nuage plus banc sur un jour de chaleur,
au fond de la mémoire, un souvenir qui chante,
refleurissant le cœur qui s’en trouve embaumé,
un vieux refrain qui berce, un vers qui nous enchante !
C’est souvent ce qu’il faut pour vivre un jour aimé.
Et tous ces légers riens qui parfument nos heures
ont souvent plus de prix, font souvent plus de bien,
que tous les plaisirs fous, les fêtes pas meilleures
où le bruit captive, où le bonheur n’a rien.
Et tous ces petits riens menus, gracieux et fragiles,
arrivent jusqu’au cœur, y tombent pour briller,
comme des grains d’encens aux odeurs très subtiles,
qu’on met sur des charbons et qu’on laisse brûler.
Aussi, moi qui connais la valeur de ces choses,
j’ai voulu les garder, je veux les retenir :
parfums de mes amours, parfums de mes roses,
Oh ! restez dans mes vers, vous ne pouvez mourir !
J’aime tous ici-bas : chaque jour en mon âme
brûlent des grains d’encens ; parce que chaque jour
un sourire, un regard, un beau vers me réclame,
dans un chant, dans un son, je trouve un peu d’amour.
Et c’est dans cet encens que viennent les poèmes !
Chaque grain, en brûlant allume vite un vers !
Et parce que j’adore et que, joyeuse, j’aime,
je chanterai demain autant qu’hier !
Je chanterai toujours : l’amitié la meilleure,
la joie et les soucis, la pluie et le beau temps,
la lumière du jour, la nuance de l’heure,
les brumes de l’hiver et le retour du printemps !
Je chanterai, pourvu que dans mon chant suprême,
viennent encore brûler, tout au fond de mon cœur,
les petits grains d’encens qui forment les poèmes,
brûlent pour la beauté, chantant pour le bonheur ! » Germaine BERNIER (Professeur, journaliste, auteure, musicienne, poétesse, conférencière canadienne)
