
» Je me trouve face à ce tableau : Monochrome bleu sans titre ( IKB 46 daté 1955/56 ). Sa matière est épaisse, grumeleuse : elle évoque la surface de la lune. Qu’est-ce que j’éprouve face à ça ? Rien … Ni hostilité, ni attraction, ni indignation, ni admiration : une sorte de stupéfaction muette, calme. Je suis à la fois touché et hors-jeu, totalement présent, totalement absent, vide et comblé. C’est comme si ce tableau avait traversé le miroir que je suis par rapport à lui. Tout proche et extrêmement lointain. Mais face à lui j’ai d’abord eu envie de me taire. Il m’inonde de silence, mais ce silence provient de lui, comme si ce silence était son rayonnement. On dit que le silence est d’or. Ce silence-là est peut-être de l’ordre du diamant.
Ce tableau n’est pas une icône, ni un ex-voto. Il n’est pas une image du monde , ni sa représentation. . Il ne critique rien, n’approuve rien, ne célèbre déclarativement rien. Il faut tout simplement partie intégrante du monde. On ne peut l’en abstraire. Il n’est donc pas abstrait . Extrêmement concret, il n’obéit pas au réalisme , mais à sa propre réalité, ou surréalité, au sens propre, toujours oublié, de plus réel que le réel . » Alain JOUFFROY ( Critique d’art, écrivain et poète français)
Franchement je ne comprends pas en quoi ce tableau peut être qualifié d’art, il est sans doute comme le dit d’ailleurs Alain Jouffroy, une démonstration philosophique, un susciteur de pensée, mais un énoncé philosophique l’est aussi, et il n’a rien de beau
Je devrais sans doute faire évoluer (?) ma conception de l’art, ne plus y chercher l’émotion, le
transport d’âme, l’émerveillement mais autre chose. Quoi? Je cherche encore
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Vous savez Hedwige durant longtemps j’étais comme vous, pas trop tentée par ce genre d’œuvres, jusqu’au jour où, il y a quelques années, il m’a été donné de m’entretenir avec un commissaire d’expos sur l’explication d’une sculpture complètement ahurissante (à mes yeux) . Après avoir répondu à mes questions, il m’a conseillé, comme vous le notez très justement, de faire d’évoluer dans ma vision de l’art, en commençant par m’intéresser à l’artiste, même s’il n’est pas dans la liste de mes favoris , à ses ressentis, à ce qu’il voulait prouver par son travail. Mieux on comprend celui qui créé l’œuvre et plus on saisit ce que l’œuvre traduit. Il avait raison . C’est tellement enrichissant de s’ouvrir à d’autres formes d’art que celles qui nous sont chères . Peut-être cela vous donnera t-il envie d’approfondir … Merci de votre appréciation et passez un doux dimanche ♥
P.S. l’explication de Alain Jouffroy permet de mieux comprendre l’œuvre : » Mais face à lui j’ai d’abord eu envie de me taire. Il m’inonde de silence, mais ce silence provient de lui, comme si ce silence était son rayonnement. On dit que le silence est d’or. Ce silence-là est peut-être de l’ordre du diamant. «
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Ping : Monochrome bleu … Yves KLEIN – TYT
Merci beaucoup Lisa pour cette explication, néanmoins je te cite ( et me permet au passage de te tutoyer en raison de notre proximité d’âge et de la sympathie que ru m’inspires) « Mieux on comprend celui qui créé l’œuvre et plus on saisit ce que l’œuvre traduit » Comment se fait-il que depuis l’antiquité, la vie des artistes nous est pratiquement indifférente pour être saisis, émus, bouleversés par leurs créations et que pour cette forme d’art-ci, elle est indispensable ?
Je ne pose la question que pour me demander: que s’est-il donc passé dans l’art pour qu’un tel changement d’optique intervienne ? (ce qui n’exclut en rien que je suivrai ton conseil)
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C’est une excellente question et avant d’y répondre, je suis tout à fait d’accord pour que l’on se tutoie 🙂 Mon point de vue est personnel. Probablement que d’autres pensent autrement. Peut-être que je me suis mal expliquée : connaitre l’artiste n’est pas indispensable pour cette forme d’art uniquement. Elle est valable dans d’autres disciplines comme la musique (compositeur) la danse (chorégraphe) écrivains, poètes etc… Plus on connait le créateur, plus on arrive à comprendre son art et ce qu’il a voulu exprimer au travers de son art.
Et c’est valable aussi pour les artistes ou les formes d’art qui sont nos favoris. Je me suis rendue compte qu’approfondir la connaissance d’un artiste que j’aimais, son mouvement, son évolution etc… m’apportait énormément de « petits plus » enrichissants. Et que le faire pour d’autres qui, auparavant, m’attiraient moins, ne faisait pas que je devienne obligatoirement fan, mais me permettait de ne pas avoir d’à priori.
Et il faut se rappeler que les biographies existaient déjà dans l’Antiquité. Au XVIIIe et XIXe siècles la biographie a même connu un grand succès. Cela prouve bien quelque chose … Merci Hedwige et très belle semaine ♥
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Merci de m’avoir répondu avec tant de précision et de coeur, Lisa, cela me permet en effet de mieux comprendre ton propos et d’y adhérer
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Avec plaisir Hedwige 🙂 ♥
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