Bonne Année 2022 …

Nous voici donc arrivés au terme de cette année 2021. J’aurais aimé vous dire que tous ces problèmes de virus, qui nous pourrissent la vie depuis deux ans, sont derrière nous, mais il n’en est rien malheureusement ! Tout ce que nous pouvons faire, pour le moment, c’est vivre avec, se protéger du mieux que nous pouvons avec les moyens mis à notre disposition et espérer qu’un jour nous en sortirons.

Cela ne m’empêche nullement de vous souhaiter, avec beaucoup d’enthousiasme et de sincérité, une très heureuse année 2022. Quelle que soit la source de ce bonheur, puisez tout ce qui pourra vous aider à vous sentir bien et vous fera plaisir. Que l’an nouveau vous garde surtout en bonne santé, ainsi que tous vos proches, car c’est la base de tout.

Sachez que je suis heureuse de pouvoir passer une année de plus avec vous et vous remercie de votre fidélité à me lire chaque jour. Merci également, et bienvenue à toutes celles et ceux qui se sont abonnées(és) récemment.

Prenez grand soin de vous pour ce réveillon ! Je vous embrasse ♥


Ode au champagne …

 » Connaissez-vous beaucoup de vins de boissons qu’on empoigne par le nom
Par le pied
Par le pied de verre
Par la coupe
Par la flûte
Qu’on lève élève en l’air devant soi tout en levant élevant la voix ?
Champagne !
Champagne !
Feriez-vous la même chose avec la bière ?
Bière !
Le Beaujolais ?
Beaujolais !
Le Bordeaux ?
Bordeaux !
Non, à moins d’être ivre mort au quarantième ballon
Alsace !
Au quarantième ballon d’Alsace !
On comprend on compatit l’ascension a dû être pénible
Champagne !
Le couronnement de l’exclamation
La bulle royale la bulle papale
Le sacre du gaz carbonique !
Non?
Si!
Voyez CO2 grimper par toutes ses échelles comme une population d’anges
Comme une course de marins dans la hauteur les cordages
Champagne : j’appareille !
Je navigue dans le temps dans la craie
Vous reprendrez bien un peu de mon trias ?
Comment trouvez-vous mon crétacé ?
Ne faites pas attention à la bélemnite dans le fond !
Comment ça, un reptile dans votre Champagne ?
Je le dirai à mon œnologue
Mon marieur de cépages
II a dû se tromper d’ères
Le Champagne remonte au mésozoïque le saviez-vous ?
Soixante à deux cent millions d’années environ
Une paille un bulle !
Comment cela, vous avez noté un fond de gymnosperme ?
Tirez plus fort sur le tuyau !
C’est que le temps aura mal dégorgé
Millésimé ?
Vous n’êtes pas sérieux !
Millionisimé !
Millionicentimisé !
Jéroboam plus mathusalem plus salmanazar plus nabuchodonosor
Bibulez !
Biblonnez !
Biblionnez !
Faites le compte !
Autant que vous voudrez vous n’y êtes pas !
Vos bouteilles ne sont pas assez fortes !
Deux cent millions d’années le verre explose
C’est périlleux la préhistoire sous forme liquide
Aÿ ! Aÿ !
D’ailleurs, voyez le nombre de veuves !
Les Cliquot, les Pommery, les Perrier, les Devaux
II fallait des Dames pour prendre le bon chemin !
Trop vite exploses les maris !
Trop près des verres !
Trop proches de la bouteille de la pression des gaz !
Eussent dû mettre un masque !
Vous avez vu l’hécatombe ?
Les cimetières de croix sur les coteaux de la Marne ?
Toute cette armée de buveurs goûteurs amenés en taxi depuis Paris ?
Paf !
Boum !
Ah mais qu’est-ce qu’on s’amuse !
La fête aux Allemands aux Français directement à la vigne la veine !
Mise en perce immédiate des fûts fuites de sang service des transfusions
Du gaz à la gaze directement !
Tout cela par amnésie pure et simple du temps qu’il aura fallu pour élever
Éduquer
Tailler
Retailler
Ces petits buissons encordelés à feuille rouge à l’automne
Ces grappes pinot noir pinot blanc
Travail de craie falaise mises à sécher à la sortie de l’océan
Passage repassage rétamage du même soleil cent million d’années
Enfin enfin, nous nous rapprochons du dix-huitième siècle !
Mozart, Bach, Voltaire, Diderot etc…
Mes légers !
Mes aériens !
Champagne !
Champagne !
Vous allez vous ruiner monsieur Ruinait !
Levis levis j’élève mon verre vers le soleil mon verre solaire
Le monte au Ciel me monte au Ciel avec l’irrépressible respiration des âges
Batracien sec
Crapaud joyeux
Crapahuteur de l’air
Nouvelle ammonite monacale
Oui la lumière il faut la boire !
Il faut la croire !
Il faut aimer la conversion
Qu’elle accomplit les yeux la bouche dans l’ordre du temps
Chapeau Champagne !
Nous nous décoiffons !
Nous nous découronnons
Royalement à Reims
Toutes les fois qu’aux lèvres nous portons le breuvage le veuvage
Le coquelicot du sacre carbonique temporaire temporel
Que la créa créa
Vive la craie !
Vive la craie-action !  » Jacques DARRAS (Poète français, essayiste et traducteur)

Histoire d’un ballet :  » Proust ou les intermittences du cœur  » …

(Vidéo : Tableau  » La prisonnière » Isabelle CIARAVOLA & Hervé MOREAU – Étoiles de l’Opéra de Paris)

 » Car aux troubles de la mémoire sont liées les intermittences du cœur  » … écrivait Marcel Proust dans le tome IV de son livre A la recherche du temps perdu . Cette phrase va non seulement inspirer le chorégraphe Roland Petit, mais elle sera en partie présente dans l’intitulé de son ballet.

Une fois encore et comme il aimait souvent le faire, il va explorer le monde de la littérature. Après avoir aborder Hugo, Mérimée, Goethe, et autres, c’est dans celui de Proust qu’il s’attardera pour un merveilleux ballet en deux actes et treize tableaux, créé en 1974 à l’Opéra de Monte-Carlo avec les danseurs du Ballets de Marseille, une compagnie qu’il avait fondé deux ans plus tôt. Il sera le premier à proposer une chorégraphie revisitant cet ouvrage.. Il disait : dans Proust et les intermittences du cœur, j’ai voulu faire danser les sentiments. Il est vrai que ce roman offrait un grand nombre de sensations aptes à le séduire. Pour autant, il est important de signaler que ce n’est pas une adaptation fidèle, plutôt une inspiration.

La chorégraphie est épurée, évoquant certains chapitres du livre. Il y a le grand talent narratif de Roland Petit, mis à disposition d’extraits musicaux de compositeurs qu’il appréciait tout particulièrement comme Beethoven, Wagner, César Frank, Debussy, Saint-Saens.

On traverse à la fois le paradis et l’enfer, un côté heureux et un autre plutôt pervers, une vision de la société d’une époque passée, la recherche d’un idéal de beauté et d’un amour parfois impossible. Il y a de la grâce, de l’érotisme, de la passion, de la sensualité, de la tendresse et de l’émotion. Les corps sont subliment harmonieux, la gestuelle classique, les portés superbes, les gestes sobres, la danse plutôt éloquente, lumineuse, et même bouleversante. Roland Petit fait également référence, de façon assez délicate je dirai, à l’ambiguïté sexuelle exprimée dans le roman, lorsqu’il met en scène l’homosexualité.

Ce ballet est entré au répertoire de l’Opéra de Paris en 2007.

(Vidéo : Mathieu GANION & Stéphane BULLION-Étoiles de l’Opéra de Paris )

Contre l’hiver …

 » Plein de colère et de raison
Contre toi barbare saison
Je prépare une rude guerre,
Malgré les lois de l’Univers,
Qui de la glace des hivers
Chassent les flammes du tonnerre
Aujourd’hui l’ire de mes vers
Des foudres contre toi desserre.

Je veux que la postérité
Au rapport de la vérité
Juge ton crime par ma haine,
Les Dieux qui savent mon malheur
Connaissent qu’il y va du leur,
Et d’une passion humaine,
Participant à ma douleur
Promettent d’alléger ma peine.

La Parque retranchant le cours
De tes Soleils bien que si courts,
Rien que nuit sur toi ne dévide ;
Puisses-tu perdre tes habits,
Et ce qu’au parc de nos brebis
Peut souhaiter le loup avide
T’arrive, et tous les maux d’Ibis
Comme le souhaitait Ovide.

Cérès ne voit point sans fureur
Les misères du laboureur,
Que ta froidure a fait résoudre
À brûler même les forêts ;
Les champs ne sont que des marais,
L’été n’espère plus de moudre
Le revenu de ses guérets,
Car il n’y trouvera que poudre.

Tous nos arbres sont dépouillés,
Nos promenoirs sont tout mouillés,
L’émail de notre beau parterre
A perdu ses vives couleurs,
La gelée a tué les fleurs,
L’air est malade d’un caterre,
Et l’oeil du Ciel noyé de pleurs
Ne sait plus regarder la terre.

La nacelle attendant le flux
Des ondes qui ne courent plus,
Oisive au port est retenue ;
La tortue et les limaçons
Jeûnent perclus sous les glaçons,
L’oiseau sur une branche nue
Attend pour dire ses chansons
Que la feuille soit revenue.

Le Héron quand il veut pêcher,
Trouvant l’eau toute de rocher,
Se paît du vent et de sa plume,
Il se cache dans les roseaux,
Et contemple au bord des ruisseaux,
La bise contre sa coutume,
Souffler la neige sur les eaux,
Où bouillait autrefois l’écume.

Les poissons dorment assurés,
D’un mur de glace remparés,
Francs de tous les dangers du monde,
Fors que de toi tant seulement,
Qui restreins leur moite élément,
Jusqu’à la goutte plus profonde,
Et les laisses sans mouvement,
Enchâssés en l’argent de l’onde.

Tous les vents brisent leurs liens,
Et dans les creux éoliens,
Rien n’est resté que le Zéphyre,
Qui tient les aeillets et les lis
Dans ses poumons ensevelis,
Et triste en la prison soupire
Pour les membres de sa Phyllis
Que la tempête lui déchire.

Aujourd’hui mille matelots,
Où ta fureur combat les flots,
Défaillis d’art et de courage,
En l’aventure de tes eaux,
Ne rencontrent que des tombeaux,
Car tous les astres de l’orage,
Irrités contre leurs vaisseaux,
Les abandonnent au naufrage ;

Mais tous ces maux que je décris
Ne me font point jeter des cris,
Car eusses-tu porté l’abîme
Jusques où nous levons les yeux,
Et d’un débord prodigieux
Trempé le Ciel jusqu’à la cime,
Au lieu de t’être injurieux,
Hiver je louerais ton crime…  » Théophile DE VIAU (Poète français)

 Pour l’illustration j’ai choisi ces paysages d’hiver signés Jacob RUISDAEL (1626/1682) un peintre et graveur néerlandais. « Ses hivers ne sont pas ceux qui éveillent  nos espérances : sous des cieux lugubres, on ne se livre pas aux plaisirs du patinage ; maisons, arbres et forêts semblent condamnés à la nuit et au gel éternel. » Bernard LAMBLIN ( Auteur d’ouvrages sur l’art, professeur de philosophie, français.)

Art JACOB VAN RUISDAEL PAYSAGE D HIVER
ART JACOB VAN RUISDAEL PAYSAGE D HIVER 2
JACOB VAN RUISDAEL PAYSAGE D.HIVER

La lecture à la maison …

 » La lecture à la maison possède une longue histoire : dans un manuscrit enluminé du XIIIe siècle on voyait déjà un moine lire au lit.  La lecture à la maison allait, après la Réforme, s’imposer lentement mais surement jusqu’à finir par incarner, à l’époque moderne,  la quintessence du confort domestique. Les livres sont parfaits pour les moments de calme, autant pour les domestiques dont le taux d’alphabétisme avait enfin progressé, que pour leurs maîtres et maîtresses.

Mais les artistes ont mis beaucoup de temps à ne plus seulement considérer le livre comme un symbole de statut social, de savoir ou de dévotion, et à déplacer le lecteur, ou la lectrice, dans un environnement plus privé. Le changement, comme toujours, n’est pas apparu simultanément partout. Statut et formalité ont continué de régner dans les représentations d’intérieurs et les livres à ne pas être considérés comme des vecteurs de plaisir. Les personnages solitaires demeurèrent communs.

Durant la lente ascension des classes moyennes au XIXe siècle et la progression des valeurs familiales qui allait de pair, la sentimentalité menaça de devenir un motif dominant en art. Reconnaissons toutefois que dans le cas de l’association entre bonheur et lecture, tout partait d’un bon sentiment.

D’autres artistes ont exprimé une profonde fascination pour la lecture. Le livre, qui a comme toujours une fonction polyvalente dans l’oeuvre de tant d’artistes, symbolise plaisir, amitié et liens familiaux , mais aussi réflexion silencieuse, isolement, ou discorde dans le lieu où nous vivons : chez nous. C’est en quoi il nous a aidé à nous comprendre nous mêmes ‘ » Jamie CAMPLIN ( Écrivain, diplomé en histoire, ex-directeur éditorial de Thames & Hudson ) et Maria RANAURO ( Écrivain en histoire de l’Art au Courthauld Institute of Art, responsable au service iconographique à Thames & Hudson )

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Gustave CAILLEBOTTE
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Pierre BONNARD
FEMME LISANT PAUL ALBERT BARTHOLOMÉ
Paul Albert BARTHOLOMÉ
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Fernand TOUSSAINT

Le poisson rouge …

 » Le plus incroyable chez le poisson rouge, c’est sa mémoire. On le plaint de n’avoir qu’une mémoire de trois secondes, d’être à ce point dépendant du présent. Or c’est, au contraire, un don. Car il est libre. Il ne souffre ni de ses faux pas, ni de ses erreurs, ni d’une enfance perturbée. Il n’a pas de démons intérieurs. Son placard ne contient pas le moindre squelette. Et je vous le demande, quoi de plus drôle que de découvrir le monde trente mille fois par jour ? Comme c’est bon d’ignorer qu’on n’a pas vécu son âge d’or il y a quarante ans, quand on avait encore tous ses cheveux, mais il y a seulement trois secondes, si bien que, en fait, cet âge d’or n’a pas de fin.  » Marisha PESSL ( Écrivaine américaine-Extrait de son livre La physique des catastrophes)

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 » Poisson rouge  » – Charles Edward PERUGINI

La femme en bleu … Pablo PICASSO

 » Actif à Barcelone entre 1895 et 1900, le tout jeune Picasso est plongé dans l’atmosphère dynamique et éclectique de la capitale catalane, imprégnée de modernisme et de symbolisme, au carrefour d’expériences, de tendances et de langages nouveaux. Fort des nombreuses possibilités qui s’offrent à lui, il choisit avec succès sa propre voie, tout en faisant siennes la leçon de l’expressionnisme nordique d’Ensor à Munch, et, la sensualité de Toulouse-Lautrec.

Sa palette se nourrit alors essentiellement de tonalités bleu nuit, noires et brun vif. C’est à cette époque qu’il peint la Femme en bleu, qui laisse déjà transparaître les particularité de sa période bleue, caractérisée par des nuances éteintes et des couleurs foncées qui décrivent la tristesse et la solitude. Un monde de pénombre opaques et d’inquiétudes latentes.

L’image que propose Picasso est contradictoire : on y voit une femme richement vêtue, (au point que son ample jupe semble être véritablement le sujet du tableau) qui évoque pourtant irrésistiblement la misère sociale de la prostitution, comme le montre son visage fatigué au regard vide et de ses habits excessivement voyants.

Ce tableau a été inspiré par une visite au Prado où Picasso avait vu le Portrait de la reine Marie-Anne de Vélasquez, dont il reprend la posture pour son personnage. »Angela SANNA ( Historienne d’art, italienne, titulaire d’un doctorat de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, professeur à l’Accademia di Belli Arti di Urbino en Italie)

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 » Femme en bleu  » – 1901 – Pablo PICASSO ( Musée national Centre d’art de la Reine Sofia ( on dit plus simplement Musée Reine Sofia )  / Madrid – Espagne)

Le chalet …

 » On le dirait éclos d’un nuage de brume,
Agrippé au rocher comme un chat au rideau,
Le vieux chalet de bois tout en haut du hameau,
S’engourdit sous la neige en un soir qui s’allume.

Frileusement blotti, il a clos ses paupières,
Fermer sa lourde porte aux intrus de la nuit,
La cheminée ronronne et, cadencé son bruit,
Semble monter au ciel au rythme de prières.

Quelques sapins touffus à la blanche ramure,
Se penchent sur cette ombre et doucement la veillent,
Les flocons s’agitant comme un essaim d’abeilles,
Par millions de baisers butinent sa toiture.

Dans les frimas d’hiver rien ne bouge ou remue,
Le silence trop lourd aux oreilles bourdonnent,
Tandis que tout en bas un Angélus résonne,
Au fond de la vallée où la vie continue. » Monique LAHOSTE (Poétesse française)