Chaud là, les marrons, chaud ! …

 » Chaud là, les marrons, chaud ! Il gèle. Le bitume
Craque sous les pieds froids du passant qui s’enrhume.
Chaud là, les marrons, chaud ! La bise en sifflant tord
Les arbres dépouillés du boulevard et mord,
Féroce, tous les nez qu’en route elle rencontre.
Chaud là, les marrons, chaud ! Dans l’ombre, appuyé contre
Un réverbère éteint par le vent, un petit, 
Que sans doute décembre a mis en appétit,
 Demande en grelottant un petit sou pour vivre,
Mais il voit, un par un, tous les passants se suivre,
Et pas le moindre sou ne tombe dans sa main.
Chaud là, les marrons, chaud ! Il mangera demain.

Mais, là-bas, un monsieur — qu’une pelisse immense
Enveloppe des pieds à la tête, s’avance.
L’enfant quitte sa place et court à lui tout droit !
 Un sou ? Non J’ai faim ! Non.
Monsieur ! Il fait trop froid.
Et le monsieur,  plongeant son museau dans sa loutre,
Fait deux petits brrr, brrr, et, guilleret, passe outre.
Chaud là, les marrons, chaud ! Le savoyard du coin, 
Le marchand de marrons, voit la scène de loin :
Approche ici, petiot ! Viens-t’en chauffer tes pattes !
Et le pauvret, au feu, tend ses mains écarlates.
Il rayonne : oh ! c’est chaud ! oh ! ça brûle ! oh ! c’est bon !
Et puis il rit tout haut des tic-tic du charbon.
Prends des marrons, va, mange ; un peu de vin, tiens, liche,
Dit le vieux savoyard, j’en serai pas moins riche.
Et l’enfant mange et boit en regardant le vieux,
Le vieux qu’il remercie en clignotant des yeux… » Ernest GRENET-DANCOURT (Poète et auteur français. Extrait de ses Monologues comiques et dramatiques en 1887)

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