» Quand j’ai du vague à l’âme Quand j’ai le cœur qui rame Je jette l’encre à l’eau Pour infuser mes mots, Quand la houle est tenace Quand l’avarie menace Je joue de l’encrier Pour ne pas chavirer.
Quand les échecs s’enchaînent Quand l’amer se déchaîne Je noircis mon cahier Pour ne pas dériver, Quand les tourments sont forts Quand s’éloigne le port Quand les jours sont galère Je me soigne de vers.
Quand mon âme est ballottée Par de puissants alizés Je sors l’encre et le papier Pour éviter de sombrer, Quand mon âme est submergée Par de brumeuses marées Je mets le cap sans tarder Sur des îlots griffonnés.
Quand j’ai du vague à l’âme Quand l’ouragan se trame Je jette l’encre à l’eau Pour immerger mes maux, Quand l’horizon décline Quand mon bonheur marine Au naufrage promis Je réponds poésie ! » Laurent AYCAGUER (Poète et auteur français aquitain)
» Pour être un bon partenaire, tout se passe dans l’écoute du corps de l’autre. Il faut créer un dialogue intime, être dans la même vibration, prononcer les mêmes paroles avec son corps, se raconter ensemble une histoire. » Wilfried ROMOLI (Danseur Étoile de l’Opéra de Paris)
Yekaterina KONDAUROVA & Timur ASKEROV – Photo de Alexander NEFF
Il y a bien longtemps que Pierre Lacotte rêvait d’amener à la danse le beau roman de Stendhal paru en 1830. A presque 90 ans, et après cinq ans de travail, il a porté son rêve à la réalité parce que, comme il l’a expliqué, le livre captivant, avec sa grande variété dans les caractères des personnages, pouvait être traité dans une œuvre chorégraphique. C’était ambitieux, mais il a réussi, rendant ainsi un vibrant hommage au ballet classique français.
Les programmations de ce ballet (annoncé comme l’évènement de cet automne 2021 à l’Opéra Garnier) ont commencé le 16.10 et se sont terminées le 4.11. Il y a eu, également, une projection au cinéma le 23.10 (avec Dorothée Gilbert et Hugo Marchand). Si vous avez un jour l’occasion de le voir, et je l’espère de tout cœur, il faut bien s’accrocher car il dure trois heures, réparties en trois actes et seize tableaux. Une véritable fresque qui restera, je pense, l’œuvre testamentaire de Lacotte.
(Vidéo : Dorothée GILBERT & Hugo MARCHAND )
Pour la musique, Pierre Lacotte a fait appel au compositeur français Benoît Menut. Ensemble, ils ont choisi, de façon très judicieuse, des extraits opératiques et des mélodies de Jules Massenet. Pas obligatoirement les plus connus mais ceux qui pouvaient le mieux servir la danse. Les costumes et décors ont été pensés par le chorégraphe,, assisté par Xavier Ronze (costumes) et Jean-Luc Simonini (décor). C’est l’Étoile française (à la retraite désormais) Karl Paquette qui a été chargé de faire répéter les danseurs. Lacotte a également signé le livret.
La chorégraphique est fort bien pensée. Bien sur il y a le mélodrame de l’histoire avec amour, désir, passion, religion, politique, pouvoir comme toile de fond à l’époque de la Restauration , de la profondeur, de l’émotion, de la tendresse, de la fraicheur, de la spontanéité, diversité, beauté, quelques petits moments contemporains dans un ensemble techniquement romantique, des danseurs absolument magnifiques car le ballet est un véritable morceau de bravoure qui a valu quelques blessures.
Comme toujours, il y a celles et ceux qui sont émerveillés, et d’autres qui lui ont reproché d’en faire trop. La deuxième me semble injustifiée car c’est un ballet magnifique dans lequel Pierre Lacotte a su mettre en lumière les qualités de chaque danseur et il les a parfaitement utilisées pour rendre crédible chaque rôle. Pas facile d’entrer dans la peau de Julien Sorel, Madame de Rénal, Mathilde de la Molle etc etc.., mais chacun d’entre eux a sa façon pour vivre le rôle qui lui a été attribué. Pour encore mieux les aborder, le chorégraphe leur a demandé de lire ou relire le roman.