» Ce chef-d’œuvre met en scène l’une des plus belles inventions de Régnier, inédite à la fois sur la scène artistique romaine des années 1620 et au sein de la production caravagesque. Le peintre décline cette création au moins à trois reprises au cours de sa carrière , dans des compositions proches mais non identiques. Dans les trois cas, le scénario est le même : un personnage place subrepticement une mèche allumée sous le nez d’un jeune gandin assoupi. Le protagoniste de la plaisanterie est tantôt un personnage costumé et masqué proche des figures de la commedia dell’arte, tantôt une jeune femme narquoise, sans doute une courtisane aux dessins ambigus. Sa proie est un jeune homme élégant portant l’épée ; le pourpoint entrouvert, la tête reposant sur sa main dans la pose du mélancolique, il s’est assoupi après une partie de cartes passionnée. Le peintre prend plaisir à traduire la sensualité de son visage adolescent, abandonné au sommeil, dont les traits apaisés évoquent encore la pureté de l’enfance. Chez Régnier, le camouflet est mis en scène dans l’univers populaire des bas-fonds et peint d’après nature – là réside l’efficacité de son invention. » Annick LEMOINE ( Docteur en histoire de l’art)
Les trois tableaux de Nicolas RÉGNIER :