Œillet-Lis-Lis-Rose … John SINGER-SARGENT

 Cette peinture, dont le titre s’inspire des vers d’une chanson populaire anglaise, représente deux petites filles jouant avec des lanternes japonaises dans un jardin extraordinaire. Il s’agit de Dolly et Polly, les filles de l’illustrateur Frederick Barnard, ami du peintre John Singer Sargent. De prime abord, la scène semble représenter un moment anodin de vie familiale, mais très rapidement l’observateur a la sensation d’entrer dans une dimension onirique. Le jardin débordant de fleurs, dont les proportions semblent irréelles, parait surgir d’un monde enchanté, éclairé par la lumière magique des lanternes qui suspend l’atmosphère. Les deux fillettes sont vêtues en blanc et entourées de lis, symboles de la pureté inhérente à leur âge. Afin de saisir l’intensité exacte de la lumière, Sargent a choisi de peindre ce tableau en plein air,  à la manière des impressionnistes. » Carolina ORLANDINI ( Écrivain en histoire de l’art, italienne)

CARNATION LILY LILY ROSE
 » Œillet, lis, lis, rose  » – 1885/86 – John SINGER SARGENT

Matin d’Octobre …

 » C’est l’heure exquise et matinale
que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
tombent les feuilles du jardin.

Leur chute est lente. On peut les suivre
du regard en reconnaissant
le chêne à sa feuille de cuivre,
l’érable à sa feuille de sang.

Les dernières, les plus rouillées,
tombent des branches dépouillées ;
mais ce n’est pas l’hiver encore.

Une blonde lumière arrose
la nature, et, dans l’air tout rose,
on croirait qu’il neige de l’or.  » François COPPÉE ( Poète français – «  Matin d’Octobre  » extrait du recueil Le Cahier rouge )

Fleur d’Octobre : le Cyclamen …

 » Les cyclamens ensorcellent avec leurs fleurs en forme d’ailes, ressemblant à des papillons posés sur feuilles en toiles de fond. Leurs pétales sont habillés de couleurs tendres ou foncées. On dirait des petites fées en leur tutu de soie moirée …  » Alphonse BLAISE (Poète français)

CYCLAMENS.jpg

Au mois d’octobre on voit l’éclosion des cyclamens, avec leurs  belles fleurs dans les tons de rose-fuschia, blanc, rouge ou mauve et leurs feuilles d’un vert bien soutenu, veinées de blanc –  Ce sont des plantes qui appartiennent à la famille des Primulacées. On pourrait penser qu’elles sont fragiles et délicates , mais il ne faut pas se fier aux apparences ! Elles sont résistantes et tiennent jusqu’au printemps. Celles que l’on trouve chez les fleuristes de nos jours sont les cyclamen persicum que les romains cultivaient déjà.

Son origine est assez étendue puisqu’elle va de l’Asie Mineure à l’Europe Centrale en passant par les contours de la mer Méditerranée. Son introduction en Europe se fera au XVIe siècle. Les jardiniers de la reine Elisabeth Ire en cultivaient dans ses jardins botaniques. Louis XIV en recevait beaucoup parmi les bouquets de Versailles.  Délaissée durant près d’un siècle, on la verra réapparaître à  l’époque romantique où elle fut très appréciée. Avec l’ancolie, elle fut la fleur favorite  de Léonard de Vinci qui aimait la dessiner dans la marge de ses carnets.

L’étymologie du nom cyclamen vient du grec Kuklos à savoir cercle ou couronne. On raconte que fut un temps on la surnommait Pain du pourceau, tout simplement parce que les porcs se régalaient avec les tubercules.

De nombreuses légendes et croyances  entourent cette plante, notamment celle du Roi Salomon qui portait une couronne de boutons de cyclamens. Lors de la déportation des juifs à Babylone, tous ces boutons baissèrent la tête en disant qu’ils la relèveraient lorsqu’un fils de David remonterait sur le trône … Une croyance populaire ancienne, quant à elle, prétendait qu’un amoureux qui servirait à celle qu’il aime une tisane à base de boutons de cyclamens, pourrait l’amener à avoir envers lui des pensées un peu osées voire même cochonnes ( probablement en raison du surnom cité ci-dessus ).

Par ailleurs, le cyclamen fut utilisé à des fins médicinales durant l’Antiquité, notamment en raison de la cylamine qu’il contient et qui est dotée de propriétés purgatives, propriétés qu’il fallait doser avec précaution et modération en raison de leur toxicité. A l’époque médiévale, les avis étaient partagés : les uns la préconisaient en pensant qu’elle favorisait les accouchements, et les autres la refusaient catégoriquement car pouvant entraîner une fausse couche.

Dans le langage des fleurs, elle représente, comme à la Renaissance, le symbole d’un amour fort, sincère . Le philosophe grec Théophraste prétendait qu’on utilisait le cyclamen dans des philtres permettant d’attiser l’amour et la sensualité et que posée sur le rebord de la chambre conjugale, elle assurait un bonheur durable . De nos jours, pour les japonais elle est la représentation de LA fleur sacrée de l’amour . On l’offre là-bas en témoignage d’un sentiment amoureux et d’une grande tendresse, comme nous le faisons avec les roses .

CYCLAMEN ARTHUR MELTZER.jpg
 » Le cyclamen blanc  » – Arthur MELTZER

 » Le cyclamen ressemble à la meadia par sa corolle en forme de roue et réfléchie, mais le tube est globuleux et très court avec un cou proéminent. Le stigmate, qui était obtu dans la meadia, est aigu dans le cyclamen. Le vaisseau qui renferme les semences est arrondi et charnu, contenant plusieurs semences anguleuses. Linnaeus l’appelle une baie couverte d’une cosse capsulaire. Il y a plusieurs espèces ou variétés de cyclamens car il est douteux si ce sont des espèces distinctes. La plus commune ( cyclamen europeum) a des feuilles angulaires en forme de lance, marquées de noir au milieu. Les fleurs paraissent seules avant les feuilles et sortent immédiatement de la racine. Quant elles tombent, les pédicules se tordent comme une vis, renfermant le germe dans le centre, et se tiennent serrés contre la terre parmi les feuilles qui croissent en grand nombre, et les garantissent du front de l’hiver. La corolle est ordinairement rouge mais elle est quelquefois blanche ou de couleur pourpre. Il y en a une espèce qui a les feuilles de couleur pourpre en-dessous. Une autre a seulement des veines pourpres et la côte est veinée et marbrée de blanc. Les fleurs sont blanche et couleur pourpre à leur base. L’espèce qui vient de Perse a des feuilles qui ressemblent à la dernière pour la couleur, mais qui sont tout à fait entières sur les bords. Les fleurs sont grandes, d’une couleur de pourpre pâle avec une base rouge brillant. Toutes ces différences et beaucoup d’autres, soit qu’elles forment des espèces ou seulement des variétés, produisent un grand nombre de fleurs très agréables.  » Jean-Jacques ROUSSEAU  (Extrait de ses Lettres élémentaires sur la botanique – L’écrivain et philosophe suisse francophone a été un grand passionné de botanique. De 1771 à 1774, il écrira huit lettres destinées à une amie, Madeleine Delessert, qui voulait avoir des conseils sur cette science – Elles furent publiées plus tard )