TURANDOT … Giacomo PUCCINI

Giacomo PUCCINI avec Renato SIMONI et Giuseppe ADAMI
Puccini et ses deux librettistes : Renato SIMONI et Giuseppe ADAMI

(Vidéo : Nessun Dorma / Luciano PAVAROTTI – Le JOHN ALLDIS CHOIR – le LONDON PHILHARMONIQUE ORCHESTRA sous la direction de Zubin MEHTA)

L’écriture de ce superbe opéra aura occupé Puccini durant les quatre dernières années de sa vie. Il dira à son propos  » toute la musique que j’ai écrite avant me semble une farce …  »  Malheureusement un cancer de la gorge lui sera diagnostiqué et des problèmes cardiaques auront raison de lui. Il s’éteindra, épuisé, sans le terminer, au milieu du IIIe acte.

L’opéra étant attendu à la Scala de Milan, le temps était compté.  Le chef Arturo Toscanini va demander au compositeur Franco Alfano de bien vouloir le terminer d’après quelques esquisses laissées par  Puccini. Le soir de la création en avril 1926, Toscanini s’arrêtera à l’endroit même où Puccini s’était arrêté avant de mourir, et l’intégralité de l’œuvre (avec le rajout de Alfano) sera interprétée le lendemain.

Malheureusement, la fin n’a pas le talent et le raffinement de son créateur. C’est probablement la raison pour laquelle, certaines institutions choisissent de le mettre au programme dans la version de Puccini, à savoir là où il s’est arrêté à la mort de l’esclave Liu.

( Vidéo : Non piangere Liu – par Jonas KAUFMANN – accompagné par L.ORCHESTRE DE L.ACADÉMIE SANTA CECILIA de ROME dirigé par Antonio PAPPANO )

Turandot est donc l’œuvre testamentaire de Puccini, une histoire d’amour et de mort, à Pékin aux temps légendaires comme il l’a noté sur sa partition. Les librettistes furent Renato Simoni et Giuseppe Adami. Ils se sont tous trois inspirés de la pièce de Carlo Gozzi datant de 1762 Turandotte. La musique est saupoudrée de mélodies chinoises notamment celle des masques, ou fleur de jasmin qui est issue du folklore chinois du XVIIIe siècle et interprétée à deux reprises, notamment par le chœur dans l’acte I.

C’est probablement le plus visionnaire de tous ses opéras, inventif, captivant, tout aussi enivrant que dépaysant, spectaculaire, bouleversant, harmoniquement audacieux et riche,  très difficile d’interprétation tant sur le point de vue vocal qu’orchestral. Les arias sont vraiment superbes, notamment celle qui reste célèbre dans les mémoires, rendue populaire par Luciano Pavarotti : Nessun dorma. Il rêvait d’un duo final époustouflant qui terminerait son opéra de façon cruciale,  malheureusement il n’aura pas eu le temps de l’écrire.

Une histoire d’amour et de mort entre Turandot, fille de l’empereur de Chine, une femme très belle, cruelle et impitoyable, et Calaf, un prince de sang, aimé par l’esclave Liu. Lui réussira, au risque de sa vie, le jeu d’énigmes que Turandot a mis au point pour ses prétendants. Elle sera vaincue par l’amour et Liu va préférer se poignarder plutôt que de révéler la véritable identité de son prince.

( Vidéo : In questa reggia / Joan SUTHERLAND accompagnée par le LONDON PHILHARMONIC ORCHESTRA, direction Zubin MEHTA )

31.10.2021 Halloween … Sorcières & Potirons

 » Deux sorcières en colère se battaient pour un balai. C’est le mien dit la première, je le reconnais – Pas du tout répondit l’autre, ce balai n’est pas le vôtre, c’est mon balai préféré, il est en poils de sanglier et je tiens à le garder ! – Le balais en eut assez. Alors soudain il s’envola et les deux sorcières restèrent plantées-là !  » Corinne ALBAUT ( Auteur française de comptines et chansons pour les enfants, enseignante)

 » Les jolis potirons
Au petit ventre rond
Se pavanent dodus
A l’automne venu.

En quartiers de lune dorés,
Variant du jaune à l’orangé,
Ils nous exposent sans pudeur
L’opulence de leur rondeur.

Lampions aux gros yeux lumineux,
Sorcières, fantômes, monstres hideux,
Halloween les fera rois
De ses festivités d’effroi….  » Vers extraits d’un poèmes d’Alphonse BLAISE (Poète et auteur français)

A propos des madeleines …

 » Quel délicieux gâteau
Que la madeleine
A l’heure du goûter
Trempée dans du thé.

Se dégustant naturellement
La fleur aux dents
Par jour de beau temps
Joli printemps.

Aux saveurs variées :
Salées et sucrées
Dans des moules alvéolés
Et bien miellées.

Quel jolie prénom Madeleine
Douce et si belle
Élégante et sensuelle
Dans sa robe de perles. » Amandine BARBASTE (Poétesse française)

 » Ma mère voyant que j’avais froid me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pas pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines, qui semblent avoir été moulés dans la valve rainuré d’une coquille Saint-Jacques. Et bientôt, accablé par la morne journée et la perspective d’un sombre lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse. Ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût thé et du gâteau .Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin, à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir….  » Marcel PROUST (Écrivain français/Extrait de son livre Du côté de chez Swan/1913)

Le poète malade …

Alfred FRELAND 1872 / 1943

  « Roseau qu’un vent fléchit, qui toujours se redresse,

  Le poète a le don de garder sa jeunesse,

  De créer des chansons où son cœur est bercé,

  De trouver quelque baume à son amour blessé. 

 S’il ne peut s’arrêter le long de son voyage,

  Il sait se retrouver dans l’aube par l’image, 

 Se faire une oasis de son printemps enfui :

  C’est son art d’oublier les déserts d’aujourd’hui.


 Le temps ne courbe pas l’élu d’un noble rêve ; 

Plus son corps se meurtrit, plus haut son chant s’élève.

 Le chantre a dans ses yeux de mystiques rayons.   

Sa gloire est de tracer de lumineux sillons, 

De mettre sa fierté dans des œuvres sereines,

 D’aller paisible et pur sur les routes humaines 

 Et, parfois, dit Musset , pareil aux pélicans,  

De s’offrir en festin aux hommes dans ses chants.


 Toi qui sais le néant, la cendre de la gloire, 

 Garde le goût divin de chanter et de croire ; 

Généreux, va semer comme un semeur son grain, 

 Va semer l’idéal au champ de ton prochain ;   

Tout le sang de ton cœur, toute ta chanson fière, 

Donne-les sans compter, donne les comme un frère ; 

Pour pousser sans merci les âmes vers le Beau, 

Endors chaque tristesse au son d’un champ nouveau.


Sois riche de pardon et ne vois pas l’outrage, 

Renouvelle sans fin le cri de ton courage.    

Nul labeur ne se perd sous le regard de Dieu. 

On est grand de garder dans l’ombre même feu,  

De se trouver vaillant pour rire à la défaite,   

D’avoir pour les combats une âme toujours prêtE

Ah ! viens mordre au cœur le chardon des oublis !… 

Sois fidèle à ton rêve et doux à ton pays ! » Alfred FERLAND (Poète québécois / « Le poète malade  » est un texte paru en 1916 dans la revue Le pays Laurentien )

Certains mots …

 » Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts. » Jon KALMAN STEFANSSON (Poète et romancier islandais / Extrait de son livre Entre ciel et terre)

Jon KALMAN STEFANSSON

Danse Hongroise N°5 Johannes BRAHMS …

(Vidéo : Herbert V.KARAJAN à la direction de l’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE BERLIN)

Brahms composa, à l’origine, ses merveilleuses Danses Hongroises pour le piano à quatre mains. Celle-ci le sera aux environs de 1867. C’est le violoniste hongrois Ede Reményi dit Eduard Reményi qui fera découvrir la musique tsigane à Brahms lorsqu’il était âgé de 19 ans. Elle le fascinera.

Brahms et Reményi

Ce sont des pièces d’une grande vitalité dans lesquelles il a tenu à faire entrer l’esprit de danses hongroises : les verbunkos et les czardas .Pour autant, cela ne fait pas d’elles des pages folkloriques. Elles se déploient dans de merveilleux changements d’atmosphère, se révèlent subtiles, virtuoses. On peut les entendre désormais en différentes versions : pour orchestre, pour violoncelle et piano, piano seul, à quatre mains ou violon.

(Vidéo : version piano/violoncelle par Jean-Guihen QUEYRAS (violoncelle) et Alexandre THARAUD (piano)
(Vidéo : Maxim VENGEROV au violon)

Les danseurs …

 » Les danseurs connaissent leur corps d’une façon si aigüe qu’ils peuvent être en lui, devant lui ou au-delà de lui. Et cela dans l’alternance, en changeant parfois à chaque seconde, à chaque minute. Cette dualité est ce qui leur permet, quand ils sont sur scène, de se fondre en une seule entité. Ils s’appuient, se soulèvent, se portent, roulent, se séparent, se joignent, s’arcboutent de sorte que deux ou trois corps devient un seul abri, comme une cellule vivante abrite ses molécules et agents, ou une forêt ses animaux. r. » John BERGER (Écrivain engagé, romancier, nouvelliste, poète, peintre, critique d’art et scénariste anglais)

Photos ci-dessous réalisées par Batya ANNADURDYEV avec Anna NIKULINA & Jacopo TISSI

Histoire d’un ballet : PAQUITA …

 » Ce ballet dans lequel l’action est , certes, un peu trop mélodramatique, est un véritable succès. La richesse et l’originalité des costumes, la beauté des décors, mais surtout la perfection de la danse de Carlotta en sont les raisons ! Ses pas sont d’une inimaginable difficulté. Elle saute à coche pied sur les pointes avec des tours d’une vivacité éblouissante, immédiatement suivis et exécutés dans une rapidité surprenante et qui inspirent mélange de crainte et de plaisir parce que ses exécutions sont faite à la limite du possible et ce même si elle a souvent répété …  » Théophile GAUTIER (Poète, romancier français, critique d’art. Propos tenus après la première du ballet)

(Vidéo : Agnès LETESTU pour l’Opéra de Paris )

Paquita est un ballet en trois actes et plusieurs tableaux, créé en 1846 tout spécialement pour celle qui régnait sur l’Opéra de Paris depuis près de dix ans à savoir la célèbre danseuse Carlotta Grisi dont on ne cessait de vanter le style aérien, l’habileté technique et la grâce . Le public et la critique lui réserveront un accueil très enthousiaste. Le chorégraphe fut Joseph Mazillier. Le livret sera rédigé par l’écrivain, journaliste et librettiste Paul Foucher qui s’inspira d’une Nouvelle extraite du recueil de Miguel Cervantes Nouvelles exemplaires :  La petite Gitane ,  ainsi que de l’Homme qui rit de Victor Hugo.

Carlotta GRISI dans Paquita

Pour la musique, il fera appel au violoniste, chef et compositeur Edouard Deldevez. Elle se révèlera très imaginative, expressive et brillante.

C’est l’histoire d’une jeune fille issue d’une noble famille, enlevée à sa naissance par des gitans. Elle tombe amoureuse (et réciproquement) de Lucien d’Hervilly un officier. Amour impossible en raison de leur différence sociale. Mais Paquita sauvera Lucien d’un complot et après bien des rebondissements on apprendra qu’elle est, en réalité, la fille de Charles d’Hervilly, l’oncle de Lucien. Les coupables seront arrêtés, le bal du gouverneur prendra place et les deux gens pourront se marier.

Ce ballet disparaîtra , par la suite, des scènes françaises, voyagera jusqu’en Angleterre, puis s’en ira vers la Russie où il aura énormément de succès car il représentait le merveilleux style français du XIXe siècle. Après l’avoir lui-même interprété lorsqu’il était un jeune danseur, Marius Petipa donnera sa première lecture personnelle en 1847, puis une seconde en 1881 lorsqu’il était devenu maître de ballet à Saint Pétersbourg. Il enrichira sa chorégraphie du Grand Pas de Deux ( sur une musique de Ludwig Minkus ) , de la Mazurkas des enfants et procédera également à d’autres remaniements.

(Vidéo : Grand pas de Deux Agnès LETESTU & José MARTINEZ- Opéra de Paris )

Après lui, Paquita tombera dans l’oubli durant des décénnies. En 2001, Brigitte Lefèvre, qui était alors directrice de la danse à l’Opéra de Paris, demandera à Pierre Lacotte, grand spécialiste des ballets perdus ou oubliés, de le remonter. Cela occasionnera un  important et difficile travail de recherches sur des documents existants  qu’il put réussir à trouver, ainsi que sur tous les différents témoignages recueillis notamment celle avec laquelle il avait étudié la danse à savoir Lyubov Egorova qui avait dansé Paquita en Russie, et Carlotta Zambelli qui, elle aussi, tint , un jour, le rôle principal de ce ballet.

Pierre LACOTTE

On peut réellement dire que Pierre Lacotte a ré-inventé Paquita. Il l’a fait avec subtilité, finesse, beauté, intensité. C’est une chorégraphie d’excellente qualité, le style est soigné. C’est l’un des plus beaux fleurons de la danse française. L’argument est rocambolesque, pittoresque, fantaisiste, et la danse incroyablement belle. Les arrangements musicaux et ré-orchestration de la partition de Minkus, sont de David Coleman.

Véritable poésie chorégraphique, expressif, riche en couleurs, élégant, raffiné, très gracieux, il a la réputation d’être difficile d’interprétation que ce soit pour les solistes comme pour le corps de ballet ( ce dernier est très souvent mis en valeur) . Il demande, en effet, un grand professionnalisme, de la technique. Il faut, par ailleurs, être doté d’une excellente pantomime. On peut même rajouté qu’il est heureux et joyeux car la fête, pétillante et réjouissante, est présente à chaque tableau.

(Vidéo : Pas de Trois : Nolwenn DANIEL – Mélanie HUREL & Emmanuel THIBAUT -Opéra de Paris )
Tutu PAQUITA pour les danseuses du corps de ballet de l’Opéra de Paris – Ils ont été réalisés par Luisa SPINATELLI