Didon & Énée … Henry PURCELL

( Vidéo : Ouverture // Nikolaus HARNONCOURT et le CONCENTUS MUSICUS WIEN )

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 » Portrait de Henry PURCELL  » par John CLUSTERMAN 

Ce compositeur baroque, anglais, musicien de Cour, mort à 36 ans, fut réputé pour son inventive écriture musicale et instrumentale, sa théâtralité, son lyrisme et la douceur de ses mélodies. Il n’a composé qu’un seul véritable opéra, c’est celui-ci, car jusque là il avait surtout écrit des semi-opéras et des divertissements  (masks)

Didon et Énée fut créé en 1689 dans un collège pour jeunes filles de Chelsea, puis en public onze ans plus tard, en 1700 . On suppose qu’il ait pu être également représenté devant le roi Charles II et sa Cour. Le livret est de Nahum Tate d’après l’Énéïde de Virgile (29-19 av. J.C.) – La partition originale ne fut pas conservée, mais reconstituée en partant du livret.

C’est une œuvre expressive, audacieuse, globalement empreinte de simplicité, traitant de  mythologie, intensément dramatique mais avec des accents de comédie malgré tout, poétique, poignante dans sa lamentation finale ( qui est donnée comme une des plus belles dans le milieu opératique), et dans laquelle se mêlent le rêve, la gaiété, la mélancolie, la gravité.

L’histoire est celle de Didon, reine de Carthage, et de son protégé Énée, prince de Troie. Ils s’aiment. Malheureusement la reine des sorcières veut la perte de Didon et pour y arriver, elle va utiliser des pouvoirs maléfiques sur Énée, en lui faisant croire qu’il doit partir, au nom des dieux, pour fonder Rome, la nouvelle Troie. Même si cela lui en coûte de laisser celle qu’il aime , il veut faire son devoir. Au départ, Didon le repousse et ne comprend pas, puis l’encourage à partir. Résignée et désespérée elle se donnera la mort peu de temps après.

( Vidéo : Lamentation de Didon  » When I am laid in earth  » // Simone KERMES – Elle est accompagnée par MUSICA AETERNA – Direction Teodor CURRENTZIS )

Pâtisserie …

 » Ce que j’ai envie de dire
Tient en quelques mots enrobés de chocolat menthe,
Dans la vitrine sucre glace de la boulangerie d’en face
Où très souvent je me délasse,
Dans un jacuzzi d’îles flottantes
Et de millefeuilles au café

Dans son grand four
Gaston, le pâtissier
En prépare des petits,
Que l’on mange en une seule bouchée
Et ses mignardises bourgeonnantes et costumées,
Fondent sur le palais des rois et des reines
Comme sur ceux des énergumènes

Notre homme, aussi doué que Le Nôtre,
Mais c’est le nôtre,
Fait valser la chantilly en chantant la traviata
Tandis que sa dame aux camélias,
Accueille ceux qui ont un petit creux sous les côtes

Les croissants, confiseries
Éclats d’amandes, meringues et fruits confits
Dansent car, confidence,
Pendant leurs vacances
Ils ont un peu trempé dans l’alcool
D’un ciel d’étoiles Espagnol

Je plains les vaches dans leurs enclos
Condamnées à regarder passer les Paris-Brest,
Que leur vie semble indigeste
À les voir filer sans cesse, j’en deviendrais marteau

Madame, s’il vous plait, je voudrais ce gâteau !
– Ce sera tout ? Me répond-elle,
Sa question est bien embarrassante,
Je tire nerveusement sur mes bretelles

J’ai peu d’argent sur moi,
J’achèterais bien toute la boutique
Me fera t’elle crédit, ou pas ?  » William BRAUMANN (Poète français et auteur de chansons)

Gâteaux du pâtissier Le Nôtre

Le déjeuner … François BOUCHER

 » A nos yeux de spectateurs avisés, le tableau semble idyllique, anodin et un tantinet conventionnel. Les contemporains de Boucher, eux, ne voient sur la toile que des choses modernes : la porcelaine, les vastes fenêtres, la petite cheminée, la décoration rococo, la collation, la boisson chaude, la sollicitude envers les enfants. Le tableau reflète pour eux un nouvel art de vivre, une nouvelle conception de l’existence.

L’œuvre a été réalisée en 1739 à Paris, en fait foi la date indiquée près de la signature. La France est prospère à cette époque : Louis XV n’est pas parti en campagne jusqu’ici, de bonnes récoltes ont succédé aux années de catastrophes climatiques ; le commerce et l’industrie sont en plein essor. En bas de l’échelle sociale, les petites gens mangent à leur faim et en haut, les nobles et grands bourgeois font des affaires et gagnent beaucoup d’argent. Boucher peint ici les membres de l’une de ces riches familles bourgeoises prenant leur premier repas de la journée.

Peut-être avons-nous sous les yeux la propre famille du peintre : sa femme Marie-Jeanne avait environ 25 ans en 1739 ; renommée pour sa beauté, elle a souvent posé pour lui. Leurs enfants Elisabeth-Victoire et Juste-Nathan avait quatre et trois ans , à peu près l’âge des enfants que nous voyons ici. La pièce, que l’on retrouve dans plusieurs autres tableaux, devait donc faire partie de son logement. Le peintre avant alors 36 ans et gagnait déjà fort bien sa vie.

On a longtemps cru , en voyant le jeune homme en habit vert, qu’il s’agissait du peintre servant lui-même le petit déjeuner à sa famille. Après tout, ces manières sont dans l’air du temps : le roi en personne ne chauffait-il pas et ne se versait-il pas le café quand il se trouvait dans ses petits appartements ? Mais l’homme en vert semble vraiment trop jeune pour l’emploi : le peintre avait 36 ans. En outre, il porte un tablier blanc. Il s’agit donc plutôt d’un serviteur. Il vient de poser sur le manteau de la cheminée, enveloppé dans une serviette blanche, le récipient qu’il est allé chercher dans la cuisine  ou, ce qui est plus vraisemblable encore, qu’il a apporté de l’extérieur.

En effet, dans la première moitié du XVIIe siècle, les nouvelles boissons chaudes à la mode : thé, café et chocolat, sont surtout préparées et offertes dans des lieux publics. Le jeune homme en tablier est probablement un garçon-limonadier qui travaille pour la composition des vendeurs de limonades et liqueurs. A paris, celle-ci avait commencé à la fin du XVIIe siècle à servir du café et du chocolat dans des cafetières et chocolatières en argent.

Le fait qu’on livre des boissons chaudes aux Parisiens chez eux, n’a rien d’extraordinaire. Tout au long de la journée, des marchands ambulants proposent leurs tisanes de santé et les apportent chez ceux qui les appellent. Les porteurs d’eau chaude et d’eau froide montent l’eau à l’étage. Le matin, les boulanger des faubourgs s’égosillent : «  voilà des petits pains de seigle !  » puis vient le tour des fermières avec leurs  » œufs frais !  » ou «  la laitière, allons vite !  » – Boucher a consacré une série de ces gravures aux cris de Paris qu’il entend tous les jours.  » Rose-Marie et Rainer HAGEN ( (Tous deux sont  auteurs d’ouvrages sur l’histoire de l’Art et explications sur les œuvres d’art. Elle est suisse et lui allemand)

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 » Le Déjeuner  » – 1739 – François BOUCHER