Les ponts …

 » Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de dômes, s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes publics ? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. – Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie. » Arthur RIMBAUD (Poète français / Poème en prose extrait de son recueil Les Illuminations/1873)

Antonietta BRANDEIS
Camille PISSARRO
Claude MONET
Alfred SISLEY
Maurice FONGUEUSE
Albert MARQUET
Pierre Auguste RENOIR

Alessandra FERRI …

 » Il vaut mieux se concentrer sur le côté positif des choses. Si, à plus de 50 ans, vous prétendez être comme à 30 ans, vous avez déjà perdu et vous serez inévitablement frustrée et peu sure de vous. Vous pouvez avoir plus de 50 ans et être gagnant. J’ai, à l’heure actuelle, une connaissance de mon corps que je n’avais pas lorsque j’était plus jeune. Je connais tous mes tendons, muscles, articulations, et je sais jusqu’où je peux les pousser. J’ai moins d’endurance et j’ai besoin de plus de temps pour récupérer entre les répétitions, mais, d’un autre côté, j’ai besoin de moins de temps pour faire de l’exercice grâce à mon expérience. Ce qui aide à compenser.

Quand j’avais 20 ans, je ne me suis jamais sentie réellement prête. J’étais vulnérable. Je le savais et je souffrais de ce sentiment. En mûrissant, en vieillissant, j’ai pensé :  » pourquoi me sentir mal ?  » J’ai gardé en moi ce côté vulnérable, oui, mais c’est merveilleux aussi parce que c’est aussi ce qui fait de moi ce que je suis lorsqu’il est associé à mon côté fort, mon côté heureux ou triste. Une fois que j’ai appris à assimiler ces différentes facettes, ce clair-obscur, avec joie, et que les diverses pièces se sont emboîtées, j’ai trouvé mon équilibre.

La fragilité nous affecte tous. Ne pas pouvoir y faire face ou la laisser partir, c’est là que nous devenons fragiles. Faire face donne un pouvoir immense et vous libère. Cela a changé aussi mon rapport avec la scène. J’ai perdu la peur de la scène et désormais je ne me torture plus. J’ai prouvé ce que je valais par le passé et maintenant chaque spectacle est pour moi un cadeau. Je l’aborde avec sérénité et gratitude, consciente que je continue à réaliser mes rêves d’enfant.

J’ai arrêté de danser pour me consacrer à ma famille, à mes enfants, mais au bout de quelques années, tout est redevenu clair : j’étais une mère, une épouse, mais au fond de moi, au plus profond de mon âme, j’étais une danseuse. C’est là que je pouvais briller. C’est pourquoi finalement je n’ai pas vu mon retour à la danse comme un retour, mais plutôt comme un pas en avant. J’avais surtout envie d’être moi-même, à savoir une femme qui danse. » Alessandra FERRI (Danseuse Étoile italienne, chorégraphe)

Alessandra FERRI / Photo de Yumiko INOUE Photography

Histoire d’un ballet : La Chauve-Souris …

«  C’est l’amour d’un homme. Pour sa femme Bella, il se transforme en chauve-souris afin de devenir son amant. C’est une histoire pas très morale mais après tout, on peut être tenté par le pêché parfois, et la musique de Strauss fait rêver et surtout donne envie de danser.  » Roland PETIT (Danseur, chorégraphe français, et directeur de compagnies de danse)

Merveilleux ballet créé en 1979 au Théâtre de l’Opéra de Monte-Carlo par le Ballet de Marseille dirigé à l’époque par Roland Petit. C’est Zizi Jeanmaire qui dansait avec, à ses côtés, Denis Ganio et Luigi Bonino.

Le livret a été rédigé par le chorégraphe, lequel s’est librement inspiré de l’opérette de Johann Strauss Fils, portant le même nom, datant de 1874, et dont il a tout particulièrement soigné la structure narrative. Roland Petit n’était pas insensible à l’opérette et la musique pétillante du fils Strauss, c’est ce qui lui a donné l’envie de travailler sur un ballet qui, pour lui, ressemblerait en quelque sorte à une comédie dansée.

La danse y est vraiment heureuse, vivante, harmonieuse, poétique aussi, sensuelle, pleine de grâce, virtuose, dans l’émotion, alternance de danse classique académique associée à certains éléments du music-hall. Les jeux de jambe de la danse furent tout particulièrement étudiés à l’époque pour son épouse Zizi . Ceux de l’Étoile italienne Alessandra Ferri (que Roland Petit appréciait énormément) seront, eux aussi, tout aussi appréciés bien des années plus tard.

La musique est signée Johann Strauss. Elles ont été arrangées et ré-orchestrées par le compositeur australien Douglas Gamley.

 » Vidéo : Alessandra FERRI & Massimo MURRU / Acte II « Il perd ses ailes »