Vous aviez un ami …

 » Vous aviez un ami, chose rare sur terre,

nous le voyions partout accompagner vos pas.

Il dormait à vos pieds, vous aimait comme un frère,

et quand vous le grondiez, il ne répondait pas.

Vous vous aimiez tous deux de cet amour sublime

qui fait que l’un commande et l’autre obéit.

Il parlait du regard, il était votre intime

et savait deviner ce que vous aviez dit.

Un jour il disparut … En compagnon fidèle

vous avez regretté cet ami d’autrefois.

Vous l’avez appelé, déception cruelle,

il ne répondit pas pour la première fois.

Hier, pour vous prouver qu’il est toujours le même,

que vos bons soins pour lui ne sont pas oubliés,

et qu’il n’a pas trahi son vieux maître qu’il aime,

fidèle il s’en revint expirer à vos pieds.

Il venait demander sa dernière caresse,

dans un dernier adieu qu’il avait espéré, j’étais là.

Dans vos yeux se peignit la tristesse,

Oh n’en rougissez pas si vous avez pleuré. » Charles OUIMET (Poète québécois – Poème paru en 1879 dans la Revue de Montréal)

Tableau de Oleg OMELCHENKO

Étoile …

 » Étoile c’est la récompense d’un travail et d’une passion qui finissent par payer. On y pense et cela finit par arriver un jour. Ce fut long en ce qui me concerne, mais je n’ai jamais perdu, en tous cas, ce grand amour de la danse et de la recherche des gestes toujours justes de mon corps. C’est ce qui, en fait, m’a décidé un jour à choisir ce métier. Je continuerai à garder cette flamme et mon instinct, toucher par la poésie plus que par la performance, même si elle semble essentielle pour me pousser à donner encore davantage. » Isabelle CIARAVOLA (Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris)

Isabelle CIARAVOLA

Histoire d’un ballet : La Source …

 » Je connaissais depuis longtemps le livret original de Nuitter. C’est un livret assez touffu. Nous avons dû le réadapter. L’histoire de La Source est celle de l’esprit de l’eau qui tombe amoureuse d’un être humain qui, lui-même, aime une belle caucasienne destinée au harem de Khan. Au final, l’esprit se sacrifiera et grâce à son talisman, rendra possible l’amour entre deux mortels. On est dans l’enchantement, dans le merveilleux. Ce ballet résonne à la fois dans le champ invisible, immatériel, et dans des domaines beaucoup plus terrestres. On peu livre comme une métaphore de la société dans laquelle on vit, où l’on a tendance à gaspiller la nature en l’ignorant de plus en plus au profit des êtres et de leurs besoins d’argent grandissants. » Jean-Guillaume BART (Danseur Étoile, pédagogue et chorégraphe français. Un passionné de l’histoire de la danse) – Ce ballet met en scène Naila (esprit de la source) qui se sacrifiera pour l’amour de Djemil et Nourreda.

Jean-Guillaume BART
 » Portrait de Melle Eugénie Fiocre dans le ballet la Source  » – Edgar DEGAS (Melle Fiocre interprété Nourreda en 1866 aux côtés de Louis Mérante)
(Vidéo : Isabelle CIARAVOLA (Variation)

L’origine de ce ballet remonte à 1866. A cette époque, on confia la chorégraphie à Arthur Saint-Léon, d’après le livret qu’il co-signera avec Charles Nuitter. La dernière fois qu’il fut présenté au public, c’était en 1876. Il doit sa reconnaissance àJean-Guillaume Bart qui a soumis l’idée à Brigitte Lefèvre ( à l’époque directrice de la danse à l’Opéra de Paris) laquelle fut tout à fait emballée par ce projet. La création aura lieu en 2011.

Compte tenu qu’un grand nombre d’archives le concernant, avaient été brûlées, il a fallu, qu’en partant du peu de documents dont il a pu disposer, Bart le réinvente, et de mon humble avis, il a parfaitement réussi à le faire, assisté par le dramaturge Clément Hervieu-Léger. Les costumes ont été confiés aux bons soins du couturier Christian Lacroix. La musique est de Ludwig Minkus (actes I et III ) et Léo Délibes (Acte II et scène I de l’acte III). Elle a été arrangée par le pianiste, chef et musicologue australien Richard Bonynge.

C’était une merveilleuse idée que de faire renaître ce petit joyau du répertoire français. C’est plein de fraîcheur et d’émotion, de lyrisme aussi, assez enchanteur, poétique, saupoudré d’orientalisme.La danse se révèle majestueuse et virtuose, sans parler des magnifiques costumes de Lacroix et la musique qui magnifient l’ensemble .

(Vidéo : Isabelle CIARAVOLA & Karl PAQUETTE – Pas de Deux)