» Vous aviez un ami, chose rare sur terre,
nous le voyions partout accompagner vos pas.
Il dormait à vos pieds, vous aimait comme un frère,
et quand vous le grondiez, il ne répondait pas.
Vous vous aimiez tous deux de cet amour sublime
qui fait que l’un commande et l’autre obéit.
Il parlait du regard, il était votre intime
et savait deviner ce que vous aviez dit.
Un jour il disparut … En compagnon fidèle
vous avez regretté cet ami d’autrefois.
Vous l’avez appelé, déception cruelle,
il ne répondit pas pour la première fois.
Hier, pour vous prouver qu’il est toujours le même,
que vos bons soins pour lui ne sont pas oubliés,
et qu’il n’a pas trahi son vieux maître qu’il aime,
fidèle il s’en revint expirer à vos pieds.
Il venait demander sa dernière caresse,
dans un dernier adieu qu’il avait espéré, j’étais là.
Dans vos yeux se peignit la tristesse,
Oh n’en rougissez pas si vous avez pleuré. » Charles OUIMET (Poète québécois – Poème paru en 1879 dans la Revue de Montréal)
