Les Poèmes Symphoniques de Franz LISZT …

Les Poèmes Symphoniques de Liszt sont un genre qu’il a inventé, codifié, perfectionné, développé et dans lequel il a fait entrer ce qu’il aimait beaucoup en dehors de la musique, à savoir la littérature, la poésie, l’histoire. Il en a composé treize entre 1848 et 1882. Ils furent dédiées à sa deuxième compagne : Carolyn Von Saygen Wittgenstein.

L’homme visionnaire et l’esprit curieux qu’il a été , est parti de ce que l’on appelait Les Ouvertures de Concert. Il les a développées dans des proportions plus petites, avec un format sonore plus important. Il en a fait une sorte de musique à programme dans laquelle il suggère quelque chose d’historique, de poétique, de symbolique, de pictural, de sculptural etc…

Ce sont des œuvres vraiment brillantes, passionnantes, audacieuses, intéressantes. On a souvent qu’elles représentaient la musique de l’avenir. Il a laissé sur certaines partitions, des préfaces écrites de sa main afin, comme il l’explique : de mieux les interpréter et les comprendre correctement.

Pour les illustrations musicales, je vous propose celles que j’apprécie tout particulièrement, à savoir L.ORCHESTRE du GEWANDHAUS de LIEPZIG sous la direction de Kurt MASUR , mais également celle de Bernard HAITINK dirigeant le LONDON SYMPHONIC ORCHESTRA en ce qui concerne Les Préludes.

Les Préludes :

(Vidéo : Bernard HAITINK à la direction du LONDON PHILHARMONIC ORCHESTRA)

 » Notre vie n’est-elle autre chose qu’une série de préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et la solennelle note …  » Préface de Liszt

Au départ, Liszt avait intitulé cette pièce Les quatre éléments, à savoir le vent, la terre, la mer, le ciel, influencé en cela par le poème de Joseph Audran. En 1854, l’œuvre deviendra un Poème Symphonique, inspiré davantage par les Méditations Poétiques de Lamartine dont il reprendra les thèmes : l’amour, la souffrance, la guerre, le triomphe et la paix.

C’est une page expressive, éblouissante, puissante, onirique, romantique, probablement le plus abstrait de tous les Poèmes Symphoniques de Liszt, le plus réussi aussi, et, en tous les cas, le plus célèbre car souvent joué et très aimé des chefs d’orchestre.

Il fut commencé en 1848, achevé en 1853. Liszt s’était associé, pour l’instrumental, à Joachim Raff, un compositeur qui fut son secrétaire particulier durant six ans de 1850 à 1856 . Il sera créé à Weimar en 1854, sous la direction de Liszt, et obtiendra un vif succès.

Mazeppa :

(Vidéo : Kurt MASUR à la direction du GEWANDHAUS de LEIPZIG)

Œuvre complexe, brillante, tumultueuse, tempétueuse, diabolique, triomphante, qui s’accorde souvent parfois un moment de calme et de sérénité, lequel est de très courte durée il est vrai. Elle fut créée à Weimar en 1854.

Liszt s’est inspiré du poème de Victor Hugo qu’il a d’ailleurs entièrement cité sur la partition. Mazeppa, héros du XVIIIe siècle, condamné au supplice, à savoir attaché à un cheval et traîné dans la steppe pour avoir séduit une jeune femme de la noblesse polonaise. Il devra sa vie et sa libération à un groupe de cosaques et deviendra l’un d’entre eux.

Hamlet :

(Vidéo : Kurt MASUR à la direction de l’ORCHESTRE DU GEWANDHAUS de LEIPZIG)

Inspiré par la pièce de Shakespeare vue et entendue en 1856 et qui lui donnera l’envie d’une composition deux ans plus tard. Il avouera avoir surtout eu l’inspiration en écoutant la bouleversante interprétation de son ami Bogamil Dawison qui tenait le rôle principal à Weimar, et il a souhaité donné à sa partition son côté audacieux, énergique, sombre, lumineux, superbement intelligent.

Hamlet c’est comme une sorte de douleur dans la solitude, avec, en même temps, une certaine forme de grâce. C’est vraiment une page superbe, originale dans sa construction, expressive elle aussi, et aérienne orchestralement parlant.

Orphée :

(Vidéo : Kurt MASUR à la direction de l’ORCHESTRE du GEWANDHAUS de LEIPZIG)

 » Le caractère tranquillement civilisateur du chant irradie toute œuvre d’art. Sa douce énergie, sa force sacrée, sa sonorité voluptueuse et noble pour l’âme, ses ondulations telles les bises de l’Elysée …  » disait Liszt à son propos.

Une pièce composée en 1853/54 dont il affirmait que la seule référence était un vase étrusque de la collection du Louvre qu’il avait beaucoup apprécié . Toutefois, il poursuivra en précisant qu’il nous fut impossible de ne pas abstraire notre imagination du point de vue, touchant et sublime dans sa simplicité,, dont ce grand maître a envisagé son sujet. Il parlait, bien sur de Gluck et son célèbre opéra Orphée et Eurydice.

C’est une partition très subtile, lyrique, magnifique, presque intimiste parfois.

La bataille des Huns :

(Vidéo : Kurt MASUR à la direction de l’ORCHESTRE DU GEWANDHAUS de LEIPZIG)

Onzième de la liste des Poèmes Symphoniques. Composé en 1857, inspiré par le tableau du peintre allemand Wilhelm Von Kaulbach qui porte le même nom à savoir La bataille des Huns ou la Bataille des champs Catalauniques (actuelle région de Châlons-en-Champagne/France) qui opposa le chef païen Atilla à Théodoric et ses armées chrétiennes.

 » Kaulbach vit en cette lutte suprême d’Attila contre Théodoric, deux principes qui s’entrechoquent : la barbarie et la civilisation, le passé et l’avenir de l’humanité. Aussi, en mettant en présence ces deux héros, il éclaira d’une lueur verdâtre, froide, livide, cadavérique, comme un fait malfaisant, malgré la hauteur, l’audace, la puissance de volonté spontanée qui éclate dans toute sa splendeur. Il enveloppa l’autre, plus concentré dans son attitude, plus calme, plus faible aussi come individu, d’une lumière féconde, bienfaisante, envahissante qui émane de la croix dont il est précédé comme un drapeau vainqueur. On devra s’efforcer de maintenir une couleur très sombre, puissante, dans laquelle tous les instruments devront sonner comme des fantômes.  » Analyse du tableau par Liszt et ce qui l’a inspiré, par conséquent, pour sa musique.

Die Ideale (les Ideaux) :

(Vidéo : Kurt MASUR à la direction de L.ORCHESTRE DU GEWANDHAUS de LEIPZIG)

List a puisé son inspiration dans un poème de Friedrich Von Schiller écrit en 1795, et dont il avait eu connaissance grâce à la traduction française du poète Gérard de Nerval en 1830. Il l’appréciait beaucoup.

Il fut composé entre 1849 et 1854, créé à Weimar en 1857. On oscille entre quiétude, sérénité, variations rêveuses et contemplatives, et des passages plus héroïques.

Karen HOLLINGSWORTH …

 » Mon inspiration vient avant que ne débute ma peinture. Je fais quelques photos, je travaille avec elles afin de créer une composition qui puisse me rendre heureuse. Vient ensuite le dessin. A partir de là, mes choix sont faits et je peux commencer ma peinture. Je dois alors résoudre pas mal de problèmes pour obtenir assez de ressemblance dans la couleur du sujet. Mais il y a aussi des grands moments de joie tout au long de ce processus, notamment lorsque une couleur ou un coup de pinceau donne vie au sujet. Le concept de mes compositions Windowscapes provient d’un ressenti intérieur personnel qui se veut serein. .  » Karen HOLLINGSWORTH (Peintre réaliste américaine)

Karen HOLLINGSWORTH

Karen Hollingsworth est une artiste qui vit à Atlanta (Géorgie/Etats Unis) – Elle est très connue, notamment, par ses tableaux de fenêtres ouvertes s’ouvrant sur un paysage ou sur la mer. Ce sont des œuvres assez dépouillées, très simples, évocatrices d’espaces assez familiers baignés de soleil, avec une délicieuse brise matinale qui soulève les rideaux . Ils plaisent beaucoup parce qu’il y a une sorte de spiritualité, de sérénité, de paix , de poésie, de bien-être. On aurait envie de s’asseoir là, et se laisser bercer par l’imagination et le rêve qu’ils procurent.

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Le cèpe …

Il fait partie des cueillettes automnales de champignons !

 » Va, je te reconnais, jeune cèpe des bois…
Au bord du chemin creux, c’est bien toi que je vois
Ouvrant timidement ton parapluie.
A-t-il plu cette nuit sur la ronce et la thuie ?
Déjà, le soleil tendre essuie
Les plus hautes feuilles du bois…

Tu voulais garantir les coccinelles ?
Il fait beau. Tu seras, jeune cèpe, une ombrelle,
L’ombrelle en satin brun d’un roi de Lilliput !
Ne te montre pas trop, surtout… Le chemin bouge…chut !
Fais vite signe aux coccinelles !

Des gens sont là, dont les grands pieds viennent vers toi.
On te cherche, mon petit cèpe…
Que l’ajonc bourdonnant de guêpes,
Le genièvre et le houx cachent les larges toits
De tes aînés, les frères cèpes,
Car l’un mène vers l’autre et la poêle est au bout !

Voici qu’imprudemment tout un village pousse :
Rouge et couleur de sang, vert et couleur de mousse,
Girolle en bonnet roux,
Chapeaux rouges, verts, blonds, partout,
Les toits d’un rond village poussent !

Depuis l’oronge en oeuf, le frais pâturon blanc
Doublé de crépon rose,
Jusqu’au méchant bolet qu’on appelle Satan,
Je les reconnais tous, les joyeux, les moroses,
Les perfides, les bons, les gris, les noirs, les roses,
Tes cousins de l’humide automne et du printemps…

Mais c’est pour toi, cher petit cèpe, que je tremble !
Tu n’es encore qu’un gros clou bien enfoncé ;
Ta tête a le luisant du marron d’Inde et lui ressemble.
Surtout, ne hausse pas au revers du fossé
Ta calotte de moine ! on te verrait… je tremble.

Moi, tu le sais, je fermerai les yeux.
Exprès, je t’oublierai sous une feuille sèche.
Je t’oublierai, petit Poucet. Je ne puis, ni ne veux
Être pour toi l’Ogre qui rêve de chair fraîche…
Je passerai, fermant les yeux !

Dans mon panier, j’emporterai quelques fleurs, une fraise…
Rien, peut-être…Mais toi, sur le talus,
À l’heure où les chemins se taisent,
Levant ton capuchon, tu ne nous craindras plus !

Brun et doré, sur le talus,
Tu t’épanouiras en coupole si ronde,
Si large, que la lune en marche – une seconde –
S’arrêtera pour te frôler de son doigt blanc. La nuit
Se fera douce autour de toi, bleue et profonde.
Mignonne hutte de sauvage – table ronde
Pour les rainettes dont l’œil jaune et songeur luit,
Mon cèpe ! tu ne seras plus un clou dans l’herbe verte,
Mais un pin-parasol dans l’ombre où se concertent
Les fourmis qui, toujours, s’en vont en longs circuits ;
Tu seras une belle tente, grande ouverte,
Où les grillons viendront chanter, la nuit…  » Sabine SICAUD (Poétesse française / Extrait de son recueil Poèmes d’enfant/1926)

 » Quand on trouve un cèpe que la nature a posé là et qu’on ne l’a pas encore cueilli, quand on le regarde, qu’on se fout à quatre pattes pour le renifler, pour caresser son chapeau luisant et que l’on comprend soudain, les genoux tout crottés, que ce simple champignon, ce bouchon marron qui dépasse à peine des herbes vertes, c’est de la joie palpable, du bonheur à l’état pur, juste là devant nous et qu’il suffit de le cueillir pour être heureux, il suffit de décider de le cueillir. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut décider d’être heureux. » Nicolas DELESALLE (Écrivain, nouvelliste français, grand reporter à Télérama -Extrait de son livre Un parfum d’herbe coupée/2013)

Ô mon beau chat frileux …

 » Ô mon beau chat frileux, quand l’automne morose
Faisait glapir plus fort les mômes dans les cours,
Combien passâmes-nous de ces spleeniques jours
À rêver face à face en ma chambre bien close.

Lissant ton poil soyeux de ta langue âpre et rose
Trop grave pour les jeux d’autrefois et les tours,
Lentement tu venais de ton pas de velours
Devant moi t’allonger en quelque noble pose.

Et je songeais, perdu dans tes prunelles d’or
– Il ne soupçonne rien, non, du globe stupide
Qui l’emporte avec moi tout au travers du Vide,

Rien des Astres lointains, des Dieux ni de la Mort ?
Pourtant !… quels yeux profonds !… parfois… il m’intimide
Saurait-il donc le mot ? – Non, c’est le Sphinx encor. » Jules LAFORGUE (Poète franco-uruguayen symboliste. Extrait de son recueil Le sanglot de la terre)

A propos des bistrots …

« Les bistrots respirent. Les propos qu’on y échange sont pleins d’illusions et de désillusions, de désirs, de craintes, d’espoirs et de doutes, c’est-à-dire, au bout du compte, d’intelligence. » Marc AUGÉ (Écrivain français – Extrait de son livre Eloge d’un bistrot parisien- Photo : Rita CRANE Photography )

 » Le bistrot est une figure emblématique de la restauration parisienne. C’est un café ou un restaurant où l’on mange de la cuisine bourgeoise ou traditionnelle, sans façon, sur des tables recouvertes de nappes en Vichy ou de plus en plus en papier. Le service est simple et rapide mais la cuisine est souvent délicieuse.

Les plats emblématiques des bistrots sont pour les entrées : le céleri rémoulade, les harengs pommes à l’huile, et les terrines de toutes sortes. Les classiques plats de résistance sont ceux de la cuisine bourgeoise : bœuf bourguignon, blanquette de veau, pot-au-feu, hachis Parmentier, et abats multiples et variés. Les vins ne sont pas des grands crus, mais des vins de soif, gouleyants et sans prétention. La mode actuelle est aux bistrots à vin.

Mais d’où vient le mot bistrot ? L’étymologie traditionnelle remonte à l’occupation de Paris en 1814 par les cosaques du tsar Alexandre I, qui réclamaient à boire ,à cor et à cri, dans les débits de boisson parisiens  » bystro,bystro » ce qui veut dire vite en russe. Le problème est que le mot bistro n’apparut qu’en 1884 dans les Souvenirs de la Roquette de l’abbé Moreau, pour désigner un petit café où l’on peut manger et boire de façon simple.

L’étymologie du mot bistrot que l’Académie française écrit avec un t (bistrot) reste assez mystérieuse comme le prouvent les nombreuses étymologies hypothétiques que l’on a pu proposer et que cite Alain Rey dans son Dictionnaire historique de la langue française : bistraud petit domestique aidant le marchand de vin – bistingo endroit où couchent les bohémiens ou les artistes – bastringue lieu ou l’on bistouille c’est-à-dire un café mélangé à l’alcool de genièvre ou du rhum dans le Nord de la France, dégradé en bistrouille. Dans la ligne directe du bistrot, on a désigné par bistrote la patronne qui tient le bistrot et bistroquet, par accrétion de bistrot et de troquet, lui-même dérivé de mastroquet , cabaretier(issu du flamand meesterke, petit patron), puis désignant le café.

Le bistrot a du trouver sa place parmi les multiples lieux de restauration qui existaient au XIXe siècle, les cafés, les bouillons, les brasseries et les restaurants. Si nous connaissons encore les restaurants de tous ordres, du restaurant exotique au restaurant étoilé de haute cuisine, et les brasseries qui servent des plats à toute heure, les bouillons qui servaient des repas à prix modéré ont disparu : il ne subsiste plus que le Bouillon Racine à Paris, célèbre par son décor conservé mais qui est devenu un restaurant. Les bouillons furent créés par un certain Duval, boucher de son état, qui servait du bœuf bouilli d’où leur nom. Les bistrots sont liés aux bougnats, marchands auvergnats de bois, de charbon et de vins. Les débits de vin associés au commerce du charbon (charbougna ou charbonnier d’où bougnat) sont sans doute des origines du bistrot qui étaient, jusqu’à une date récente, souvent tenus par des Auvergnats ou des Aveyronnais.

La cuisine des bistrots est toujours très populaire : c’est un moyen simple et assez bon marché de manger assis rapidement un repas simple ou simplement un repas chaud. C’est la meilleure alternative actuellement à l’invasion de la restauration rapide qu’il s’agisse des chaînes américaines, des pizzérias, qui n’ont qu’un rapport lointain avec la pizza originelle de Naples cuite au feu de boi, des sandwicheries ou des viennoiseries. Vivent donc les bistrots encore le plus longtemps possible pour notre santé et notre plaisir !  » Jean VITAUX (Médecin gastro-entérologue, fin gastronome français, membre de clubs renommée et grand connaisseur de l’histoire de la gastronomie)

« On peut aller au bistrot seul pour lire ou écrire tranquillement. C’est un espace qui offre une intimité et un abri et même une relative tranquillité. On peut s’y montrer, voire, s’y exhiber, mais aussi s’y cacher, parler ou se taire, participer à une activité collective ou rester seul pour rêver dans son coin ou tromper son ennui à regarder ceux qui semblent croquet la vie avec plaisir. » Pierre BOISARD (Sociologue français – Extrait de son livre La vie du bistrot)
 » Le comptoir d’un café est le parlement du peuple  » Honoré De BALZAC (Écrivain françaisPhoto Paul ALMASY)

Didon & Énée … Henry PURCELL

( Vidéo : Ouverture // Nikolaus HARNONCOURT et le CONCENTUS MUSICUS WIEN )

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 » Portrait de Henry PURCELL  » par John CLUSTERMAN 

Ce compositeur baroque, anglais, musicien de Cour, mort à 36 ans, fut réputé pour son inventive écriture musicale et instrumentale, sa théâtralité, son lyrisme et la douceur de ses mélodies. Il n’a composé qu’un seul véritable opéra, c’est celui-ci, car jusque là il avait surtout écrit des semi-opéras et des divertissements  (masks)

Didon et Énée fut créé en 1689 dans un collège pour jeunes filles de Chelsea, puis en public onze ans plus tard, en 1700 . On suppose qu’il ait pu être également représenté devant le roi Charles II et sa Cour. Le livret est de Nahum Tate d’après l’Énéïde de Virgile (29-19 av. J.C.) – La partition originale ne fut pas conservée, mais reconstituée en partant du livret.

C’est une œuvre expressive, audacieuse, globalement empreinte de simplicité, traitant de  mythologie, intensément dramatique mais avec des accents de comédie malgré tout, poétique, poignante dans sa lamentation finale ( qui est donnée comme une des plus belles dans le milieu opératique), et dans laquelle se mêlent le rêve, la gaiété, la mélancolie, la gravité.

L’histoire est celle de Didon, reine de Carthage, et de son protégé Énée, prince de Troie. Ils s’aiment. Malheureusement la reine des sorcières veut la perte de Didon et pour y arriver, elle va utiliser des pouvoirs maléfiques sur Énée, en lui faisant croire qu’il doit partir, au nom des dieux, pour fonder Rome, la nouvelle Troie. Même si cela lui en coûte de laisser celle qu’il aime , il veut faire son devoir. Au départ, Didon le repousse et ne comprend pas, puis l’encourage à partir. Résignée et désespérée elle se donnera la mort peu de temps après.

( Vidéo : Lamentation de Didon  » When I am laid in earth  » // Simone KERMES – Elle est accompagnée par MUSICA AETERNA – Direction Teodor CURRENTZIS )

Pâtisserie …

 » Ce que j’ai envie de dire
Tient en quelques mots enrobés de chocolat menthe,
Dans la vitrine sucre glace de la boulangerie d’en face
Où très souvent je me délasse,
Dans un jacuzzi d’îles flottantes
Et de millefeuilles au café

Dans son grand four
Gaston, le pâtissier
En prépare des petits,
Que l’on mange en une seule bouchée
Et ses mignardises bourgeonnantes et costumées,
Fondent sur le palais des rois et des reines
Comme sur ceux des énergumènes

Notre homme, aussi doué que Le Nôtre,
Mais c’est le nôtre,
Fait valser la chantilly en chantant la traviata
Tandis que sa dame aux camélias,
Accueille ceux qui ont un petit creux sous les côtes

Les croissants, confiseries
Éclats d’amandes, meringues et fruits confits
Dansent car, confidence,
Pendant leurs vacances
Ils ont un peu trempé dans l’alcool
D’un ciel d’étoiles Espagnol

Je plains les vaches dans leurs enclos
Condamnées à regarder passer les Paris-Brest,
Que leur vie semble indigeste
À les voir filer sans cesse, j’en deviendrais marteau

Madame, s’il vous plait, je voudrais ce gâteau !
– Ce sera tout ? Me répond-elle,
Sa question est bien embarrassante,
Je tire nerveusement sur mes bretelles

J’ai peu d’argent sur moi,
J’achèterais bien toute la boutique
Me fera t’elle crédit, ou pas ?  » William BRAUMANN (Poète français et auteur de chansons)

Gâteaux du pâtissier Le Nôtre

Le déjeuner … François BOUCHER

 » A nos yeux de spectateurs avisés, le tableau semble idyllique, anodin et un tantinet conventionnel. Les contemporains de Boucher, eux, ne voient sur la toile que des choses modernes : la porcelaine, les vastes fenêtres, la petite cheminée, la décoration rococo, la collation, la boisson chaude, la sollicitude envers les enfants. Le tableau reflète pour eux un nouvel art de vivre, une nouvelle conception de l’existence.

L’œuvre a été réalisée en 1739 à Paris, en fait foi la date indiquée près de la signature. La France est prospère à cette époque : Louis XV n’est pas parti en campagne jusqu’ici, de bonnes récoltes ont succédé aux années de catastrophes climatiques ; le commerce et l’industrie sont en plein essor. En bas de l’échelle sociale, les petites gens mangent à leur faim et en haut, les nobles et grands bourgeois font des affaires et gagnent beaucoup d’argent. Boucher peint ici les membres de l’une de ces riches familles bourgeoises prenant leur premier repas de la journée.

Peut-être avons-nous sous les yeux la propre famille du peintre : sa femme Marie-Jeanne avait environ 25 ans en 1739 ; renommée pour sa beauté, elle a souvent posé pour lui. Leurs enfants Elisabeth-Victoire et Juste-Nathan avait quatre et trois ans , à peu près l’âge des enfants que nous voyons ici. La pièce, que l’on retrouve dans plusieurs autres tableaux, devait donc faire partie de son logement. Le peintre avant alors 36 ans et gagnait déjà fort bien sa vie.

On a longtemps cru , en voyant le jeune homme en habit vert, qu’il s’agissait du peintre servant lui-même le petit déjeuner à sa famille. Après tout, ces manières sont dans l’air du temps : le roi en personne ne chauffait-il pas et ne se versait-il pas le café quand il se trouvait dans ses petits appartements ? Mais l’homme en vert semble vraiment trop jeune pour l’emploi : le peintre avait 36 ans. En outre, il porte un tablier blanc. Il s’agit donc plutôt d’un serviteur. Il vient de poser sur le manteau de la cheminée, enveloppé dans une serviette blanche, le récipient qu’il est allé chercher dans la cuisine  ou, ce qui est plus vraisemblable encore, qu’il a apporté de l’extérieur.

En effet, dans la première moitié du XVIIe siècle, les nouvelles boissons chaudes à la mode : thé, café et chocolat, sont surtout préparées et offertes dans des lieux publics. Le jeune homme en tablier est probablement un garçon-limonadier qui travaille pour la composition des vendeurs de limonades et liqueurs. A paris, celle-ci avait commencé à la fin du XVIIe siècle à servir du café et du chocolat dans des cafetières et chocolatières en argent.

Le fait qu’on livre des boissons chaudes aux Parisiens chez eux, n’a rien d’extraordinaire. Tout au long de la journée, des marchands ambulants proposent leurs tisanes de santé et les apportent chez ceux qui les appellent. Les porteurs d’eau chaude et d’eau froide montent l’eau à l’étage. Le matin, les boulanger des faubourgs s’égosillent : «  voilà des petits pains de seigle !  » puis vient le tour des fermières avec leurs  » œufs frais !  » ou «  la laitière, allons vite !  » – Boucher a consacré une série de ces gravures aux cris de Paris qu’il entend tous les jours.  » Rose-Marie et Rainer HAGEN ( (Tous deux sont  auteurs d’ouvrages sur l’histoire de l’Art et explications sur les œuvres d’art. Elle est suisse et lui allemand)

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 » Le Déjeuner  » – 1739 – François BOUCHER

Le rapt de Proserpine …

 « Le rapt de Proserpine a été commandé par Scipion Borghèse tout exprès pour être exposé dans sa villa. Le Bernin réussit à raconter, de façon magistrale, l’histoire de la déesse de la fertilité et des récoltes, enlevée par le roi des Enfers pour devenir son épouse. Tous les angles de vue du groupe sculptural sont significatifs et il faut tourner autour pour les observer dans leur diversité. A gauche, c’est la puissante figure de Pluton qui se dessine, les muscle tendus dans l’effort de lutte. De face, c’est au contraire la rétive Prosperine qui ressort, tandis qu’elle tente en vain d’échapper au dieu en repoussant sa tête de la main. En se déplaçant sur la droite, on découvre les mains de Pluton qui s’enfoncent dans la chair tendre de la jeune fille et les larmes de désespoir qui coulent sur l’une des joues de cette dernière.

Cerbère, le chien à trois têtes, gardien des Enfers, est assis aux pieds de Proserpine et semble regarder autour de lui pour s’assurer que personne ne s’opposera à la volonté de son maître.  » Shaaron MAGRELLI ( Historienne de l’art )

( Photos face et détails  : « Le rapt de Proserpine   » – 1621/22 – Le BERNIN ) :

La musique du paysage…

 Il y a une musique du paysage. On l’a rarement écoutée. Avant la civilisation, oui, peut-être , et encore. Peut-être les hommes primitifs guettaient-ils uniquement les bruits, les sons qui concernaient leur survie : le craquement d’une branche signalant l’approche d’un animal, le vent qui annonce la tempête… Loin d’entrer dans le grand rapport, ils rapportaient tout à eux. Il est possible que j’exagère. Peut-être qu’ici et là il y avait des oreilles pour écouter la musique pure du paysage qui n’annonce rien. Ce qui est sûr, c’est qu’avec l’arrivée de la civilisation et surtout son développement, on n’écoute plus rien de tel. Le civilisé écoute les harangues politiques, il écoute les homélies religieuses, il écoute toutes sortes de musiques préfabriquées, il s’écoute. Ce n’est que maintenant (la fin de la civilisation ?) que certains, ces solitaires, des isolés, se remettent à écouter le paysage… » Kenneth WHITE (Écrivain, poète et essayiste écossais / Extrait de son livre La maison des marais )

Kenneth WHITE