La Parisienne …

» La Parisienne peinte par Manet, c’est un monument, comme une sculpture. Le personnage est hiératique et ne correspond pas exactement à l’idée que l’on se fait de la parisienne. L’idée qu’on se fait de la parisienne serait plutôt comme celle qu’on voit dans les tableaux de Renoir : un personnage très coquet, une femme  très piquante, maquillée et qui vous regarde un peu du coin de l’oeil. La parisienne c’est un personnage qui fait rêver le monde entier, et le monde entier vient à Paris pour la voir, l’admirer, et copier son élégance. Les parisiennes sont des femmes qui ont un savoir-faire, une façon particulière d’agencer leur tenue pour créer cette élégance  » à la parisienne  » même si elles n’ont pas les moyens de s’habiller. » Florence MÜLLER ( Professeur à l’Institut français de la mode)

MANET LA PARISIENNE
 » La parisienne  » – Edouard MANET (Celle qui a posé est l’actrice (modèle de différents peintres) Ellen ANDRÉE
PARISIENNE PIERRE AUGUSTE RENOIR
 » La parisienne  » – Pierre Auguste RENOIR – Celle qui a posé est l’actrice Henriette HERIOT, un des modèles préférés de Renoir. Les critiques furent mitigées pour ce tableau.
« Le bout de sa bottine est presque invisible, et sort comme une petite souris noire. Son chapeau est penché sur une oreille et est d’une coquetterie audacieuse. Sa robe ne dévoile pas assez son corps. Il n’y a rien de plus agaçant que des portes verrouillées . Le tableau est-il un portrait ? C’est à craindre. Le sourire est faux, et le visage est un fort mélange d’ancien et d’enfantin. Mais il y a quand même quelque chose de naïf chez elle. On a l’impression que cette petite dame s’efforce d’avoir l’air chaste. La robe qui est extrêmement bien peinte est d’un bleu céleste. » Jean PROUVAIRE (Critique d’art) // « Un grand tableau d’une femme en bleu peint par Renoir en 1874. La robe est bleue, d’un bleu intense pur. Le contraste fait paraître la peau de la femme jaunâtre et le reflet la fait paraître verte. L’interaction entre les couleurs est admirablement capturée. Elle est simple, frais et beau. Il a été peint il y a vingt ans, mais on pourrait penser qu’il sort tout droit de l’atelier « Paul SIGNAC (Peintre français)

Les mots …

 » Les mots qui chantent, les mots qui montent et qui descendent, je me prosterne devant eux. Je les aime, je m’y colle, je les traque, je les mords, je les dilapide. J’aime tant les mots. Les mots inattendus.Ceux que gloutonnement on attend, on guette, jusqu’à ce qu’ils tombent soudain… Termes aimés… Ils brillent comme des pierres de couleur, ils sautent comme des poissons de platine, ils sont écume, fil, métal, rosée. Il est des mots que je poursuis. Il sont si beaux que je veux les mettre tous dans mon poème. Je les attrape au vol quand ils bourdonnent, et je les retiens, je les nettoie, je les décortique, je me prépare devant l’assiette, je les sens cristallins, vibrants, éburnéens, végétaux, huileux, comme des fruits, comme des algues, comme des agates, comme des olives. Et alors je les retourne, je les agite, je les bois, je les avale, je les triture, je les mets sur leur trente et un, je les libère. Je les laisse comme des stalactites dans mon poème, comme des bouts de bois polis, comme du charbon, comme des épaves de naufrage, des présents de la vague.

Tout est dans le mot. Une idée entière se modifie parce qu’un mot a changé de place ou parce qu’un autre mot s’est assis comme un petit roi dans une phrase qui ne l’attendait pas et lui a obéi. Ils ont l’ombre, la transparence, le poids, les plumes, le poil, ils ont tout ce qui s’est ajouté à eux à force de rouler dans la rivière, de changer de patrie, d’être des racines. Ils sont à la fois très anciens et très nouveaux. Ils vivent dans le cercueil caché et dans la fleur à peine née. Oh ! qu’elle est belle, ma langue, oh ! qu’il est beau, ce langage que nous avons hérité des conquistadors à l’œil torve. Ils s’avançaient à grandes enjambées dans les terribles cordillères, dans les Amériques mal léchées, cherchant des pommes de terre, des saucisses, des haricots, du tabac noir, de l’or, du maïs, des œufs sur le plat, avec cet appétit vorace qu’on n’a plus jamais revu sur cette terre. Ils avalaient tout, ces religions, ces pyramides, ces tribus, ces idolâtries pareilles à celle qu’ils apportaient dans leurs fontes immenses. Là où ils passaient, ils laissaient la terre dévastée. Mais il tombait des bottes de ces barbares, de leur barbe, de leurs heaumes, de leur fers, comme des cailloux, les mots lumineux qui n’ont jamais cessé ici de scintiller. La langue. Nous avons perdu, nous avons gagné, ils emportèrent l’or et nous laissèrent l’or. Ils emportèrent tout et nous laissèrent tout : ils nous laissèrent les mots …  » Pablo NERUDA ( Poète chilien )

PABLO NERUDA
Pablo NERUDA