Coquelicot …

 » Coquelicot, coquelicot
Fleur des champs, cœur sauvage
Cœur en fleur du bel âge,
Cœur des champs, pas méchant.
Coquelicot dans les blés,
Au soleil de la vie,
Rougissante et ravie,
Ta p’tite âme me plaît.
Parfois, tout comme moi,
Tu suis les rails d’un train,
D’un train qui ne passe plus
Merveilleux chemin plein d’entrain
Le chemin des beaux jours,
Du ciel bleu, des vacances,
Des poèmes, des romances.
Coquelicot d’amour.
Je me souviens de Margot,
Je me souviens de Jeannette,
Coquelicots ou bleuettes
Je m’souviens même très bien
De Suzon, de Mado.
Blondinettes ou brunettes,
Et j’entends dans ma tête
L’écho d’nos bécots.
Chacune fut exquise,
(Je leur ai conté fleurette)
Chacune fut éprise
De ma petite chansonnette.
Coquelicots des faubourgs,
Des banlieues ou des villes,
Qui choisir entre cent mille
Coquelicots d’amour.
Coquelicot, coquelicot.
Fleur des champs, cœur sauvage,
Cœur en fleur du bel âge,
Cœur des champs, pas méchant,
Troubadour des talus,
Vagabond des prairies,
Liberté de la vie,
Coquelicot élu.
Bien mieux qu’une fleur snob,
Qu’une orchidée, « ma chère ! »
Chérie ! sur ta robe
N’est-ce pas, c’est lui qu’tu préfères?
Coquelicot des beaux jours,
Du soleil, des vacances,
Cœur ardent de la France,
Coquelicot d’amour. » Charles TRÉNET (Auteur-compositeur-interprète français)

Photo de Magda BOGNAR

Écrire …

 » Curieuse activité solitaire que celle d’écrire. Vous passez par des moments de découragement quand vous rédigez les première pages d’un roman. Vous avez, chaque jour, l’impression de faire fausse route ; et alors, la tentation est grande de revenir en arrière et de vous engager dans un autre chemin. Il ne faut pas succomber à cette tentation, mais suivre la même route. C’est un peu comme d’être au volant d’une voiture la nuit, en hiver, et rouler sur le verglas sans aucune visibilité. Vous n’avez pas le choix, vous ne pouvez pas faire marche arrière, vous devez continuer d’avancer en vous disant que la route finira bien par être plus stable et que le brouillard se dissipera.

Sur le point d’achever un livre, il vous semble que celui-ci commence à se détacher de vous et qu’il respire déjà l’air de la liberté, comme les enfants dans la classe la veille des grandes vacances. Ils sont distraits et bruyants et n’écoutent plus leur professeur. Je dirais même qu’au moment où vous écrivez les derniers paragraphes, le livre vous témoigne une certaine hostilité dans sa hâte de se libérer de vous. Et il vous quitte à peine avez-vous tracé le dernier mot … C’est fini, il n’a plus besoin de vous, il vous a déjà oublié. Ce sont désormais les lecteurs qui le révéleront à lui-même. Vous éprouvez, à ce moment là, un grand vide et le sentiment d’avoir été abandonné, et aussi une sorte d’insatisfaction à cause de ce lien entre le livre et vous qui a été tranché trop vite. Cette insatisfaction et ce sentiment de quelque chose d’inaccompli vous poussent à écrire le livre suivant pour rétablir l’équilibre, sans que vous y parveniez jamais. A mesure que les années passent, les livres se succèdent et les lecteurs parleront d’une œuvre. Mais vous aurez le sentiment qu’il ne s’agissait que d’une longue fuite en avant.  » Patrick MODIANO (Écrivain français, prix Nobel de littérature en 2014 – Extrait de son discours de réception )

Patrick MODIANO