Sonate pour flûte, alto & harpe … Claude DEBUSSY

 » C’est affreusement mélancolique et je ne sais pas si on doit en rire ou en pleurer. Elle appartient à cette époque où je savais encore la musique. Elle se souvient même d’un très ancien Claude Debussy, celui des ‘Nocturnes’, il me semble ? » Claude DEBUSSY, parlant de cette composition  en 1916 dans une correspondance adressée à l’un de ses amis, Robert GODET. – Elle est dédiée à sa seconde épouse, Emma BARDAC

DEBUSSY et Emma BARDAC son épouse.jpg
Claude et Emma

C’ est une sorte d’hommage rendu par le compositeur non seulement à la musique baroque française, mais également au clavecin et à François Couperin. Debussy était très malade à l’époque ( opéré peu de temps avant d’un cancer du colon ). Son projet initial était d’écrire un cycle de six pièces, mais trois seulement verront le jour compte tenu qu’il décède entre temps.

Cette belle Sonate fut créée en 1916 à Paris : Darius Milhaud était à l’alto, Albert Manouvrier à la flûte et Jeanne d’Alles à la harpe.

Le mélange de ces trois instruments est assez étonnant et accompagne merveilleusement cette page lumineuse, lyrique, intimiste, poétique, élégante, teintée de fragilité.

(Vidéo : Jean-Pierre RAMPAL à la flûte – Pierre PASQUIER à l’alto et Lily LASKINE à la harpe)

Les Iris …

 » Près des étangs où la libellule voltige,
Où, dans les soirs d’été, vient se baigner l’oiseau,
On aperçoit l’Iris, qui tremble sur sa tige
Et semble un papillon posé sur un roseau.

Du bleu foncé des mers elle reçut l’empreinte,
Prise à l’heure où la nuit noircit l’azur des cieux.
Seule parmi les fleurs elle offre cette teinte,
La plus chère à l’esprit et la plus douce aux yeux.

Sur la terre, du bleu la Nature est avare,
Et les poètes sont réduits à le rêver ;
Si le pinceau s’applique à le rendre moins rare,
C’est que vers l’Idéal l’Art tend à s’élever.

Des Zéphirs printaniers docile messagère,
Comme une voile au vent toujours prête à flotter,
La forme de l’Iris, vaporeuse et légère,
Est l’image de l’âme en train de nous quitter.

Aux rayons du soleil qui brille sur la plage,
Sa transparence émet une lueur dans l’air,
Semblable au feu follet qui court avant l’orage
Et disparait soudain, absorbé dans l’éther. » Charles ROUVIN (Poète français / Extrait de son recueil La Poésie des fleurs/1890)

Les tableaux ci-dessous sont de l’artiste ukrainienne : Gelena PAVLENKO