» Le conte est difficile à croire. Mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères, et des grands-mères, on en gardera la mémoire … » Charles PERRAULT (Homme de Lettres, français )

» Le conte est difficile à croire. Mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères, et des grands-mères, on en gardera la mémoire … » Charles PERRAULT (Homme de Lettres, français )
« Le langage de la musique est commun à toutes générations et toutes nations. Il est compris par tout le monde dès le moment où il est compris avec le cœur. » Gioacchino ROSSINI (Compositeur italien)
( Vidéo : Ouverture / Carlo Maria GIULINI à la direction du PHILADELPHIA ORCHESTRA)
Rossini fut, sans conteste, le maître du bel canto, un compositeur qui a su d’une part redonner une vitalité nouvelle à l’opéra italien ( notamment bouffa et séria ), musicalement certes, mais surtout vocalement car ses arias sont superbes . Avec lui, la voix a pris une position primordiale dans les oeuvres opératiques. Sa musique très italienne est riche d’un point de vue orchestral, mélodiquement entraînante.
Le Barbier de Séville est l’un de ses plus importants opéras, en tous les cas le plus populaire. Si, de nos jours, il est l’un de ceux que l’on applaudit avec ferveur, il n’en fut pas de même le jour de sa création.
Rossini le composa très vite ( deux semaines à peine). Il fut présenté la première fois en 1816 au Teatro di Torre Argentina à Rome. Le livret est de Cesare Sterbini d’après la pièce de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais ( Les Noces de Figaro ) et le livret de Giuseppe Petrosilini pour l’opéra de Giovanni Paisello.
Si la première ne fut pas un succès c’est parce que le jeune Rossini fut accusé d’avoir puisé son inspiration dans l’opéra de Paisello qui recevait encore toutes les faveurs du public. Du coup, on comparait l’un avec l’autre , ce qui , bien entendu, ne se faisait pas en faveur de Rossini. Par ailleurs, Paisello , quelque peu jaloux, en rajoutait une couche en ne manquant pas d’exprimer son mécontentement. Rossini comprendra tout à fait la situation et pour éviter qu’elle ne s’aggrave davantage, il changera le nom de son opéra en Almaviva ossia l’inutile precauzione.
Malheureusement les choses ne s’arrêteront pas là : le jour de la première, et pour nuire à son bon fonctionnement, des gens dans le public parlaient très fort, gênant l’orchestre, d’autres criaient des plaisanteries, voire même des insultes, ce qui amenait tout le monde à rire très fort. Rossini qui dirigeait ce soir-là l’orchestre, excédé par ce tapage, se retourna vers le public et se mit à l’applaudir. Une façon de faire qui va encore plus envenimer les choses ! Le rideau tombera sur un fiasco.
Il décidera de ne plus assister aux trois représentations suivantes et resta à son hôtel. Curieusement, le public va se taire, écouter, apprécier la musique , l’oeuvre et l’applaudira à la fin . Le succès partira de là …. Et le titre fut accepté !
Le Barbier de Séville est une oeuvre vraiment irrésistible, pleine d’humour, tout à fait charmante, très théâtrale, énergique, exigeante vocalement, avec une musique éclatante . L’Ouverture reste l’une des plus célèbres de Rossini. Comme il le faisait souvent, dans l’urgence de ses compositions, il a repris celle d’un précédent opéra, en l’occurrence, dans le cas présent, ce sera celle de Aurélien à Palmyre .
( Vidéo : » Largo al factotum » – Tito GOBBI ( Baryton ) )
» Léman, roi de nos lacs ! dont le bord magnifique
Sous le pied des grands monts courbe son arc magique,
Miroir de notre amour, — je veux chanter encore
Ton onde où le soleil baigne ses ailes d’or !
Caps perdus dans l’azur ! harmonieux rivage,
Où la brise de mai tremble dans le feuillage !
Neiges que le couchant sait allumer deux fois ;
Nobles cimes des monts, tout drapés de grands bois,
Qui dans les eaux mirez vos couronnes d’albâtre,
Et votre ombre géante où luit le feu du pâtre !…
Léman, j’arrive enfin sur ta rive embaumée,
Et je vois s’azurer ton onde bien-aimée.
Le voici ce beau ciel qui hait les aquilons,
Et que l’Alpe gravit sur ses verts échelons ;
Voici la vague bleue où la tremblante étoile
Vient nager de concert avec la blanche voile !…
Ô Poésie ! amour que je garde en mon cœur !
Après avoir au loin porté ton pas vainqueur,
Et passé du tropique à la rive glacée,
Dis ! n’as-tu pas souvent, de ta course lassée,
Franchi nos durs rochers, nos vallons, nos ravins,
Pour venir dans ces flots baigner tes pieds divins ?
N’es-tu pas revenue asseoir tes rêveries
Sur nos monts ondulés, sur nos rives fleuries,
Et, sous ce ciel si pur, ton immortel amant,
Demander la fraîcheur aux brises du Léman ? Henri DURAND (Poète suisse de langue française / Extrait de son recueil Poésies Complètes/1848
» Les autres peintres peignent un pont, une maison, un bateau et ils ont fini. Je veux peindre l’art dans lequel se trouvent le pont, la maison, le bateau et la beauté de l’art où il sont. » Claude MONET (Peintre impressionniste français)
Monet fut surtout un peintre des paysages, des ports, des bateaux, des jardins, mais très souvent dans l’une ou l’autre de ces toiles, on note la présence d’une construction : édifices célèbres ou simples petites cabanes sans importance, des escaliers, des clochers, des ponts de pierre, des églises, des cathédrales, des fermes, des toits ; aucun lieu n’a été similaire à un autre ( à moins de n’avoir été reproduit plusieurs fois dans des séries).
Toute sa vie durant, Monet a inséré quelque chose d’architectural dans ses tableaux. Il leur a donné un rôle, parfois insignifiant, parfois déterminant. Certains de ces édifices furent historiques et ont servi de regard sur le passé. Ils ont été peints là comme un contraste posé dans l’agitation et l’animation d’une ville moderne, comme un rappel du temps, parce qu’en les regardant on se souvient, mais aussi comme une justification de la présence de l’homme.
D’autres logent, abritent, protègent. Monet a été conscient de leur fragilité car exposés aux affres et caprices de la météo et des catastrophes naturelles. Il en a peu parlé finalement mais il a simplement évoqué le plaisir que ce fut pour lui de les peindre et aussi la difficulté que certains d’entre eux lui ont apporté. Il a bravé , en effet, bien souvent des conditions météorologiques assez difficiles, mais peu importe car il aimait ça.
On retrouve de l’architecture dans ses tableaux sur Paris, Argenteuil, Vétheuil, Rouen, le Havre, Antibes, Londres, Bordighera, Venise mais aussi Amsterdam et Zaandan aux Pays-Bas :
NORMANDIE : Il n’est pas né en Normandie mais il y est arrivé enfant, et il a passé toute sa jeunesse là-bas. Par ailleurs, il finira sa vie à Giverny.
La Normandie va lui offrir de beaux motifs architecturaux diversifiés : des villes (Le Havre, Rouen, Honfleur, Sainte Adresse, Trouville … j’en passe et des meilleures , qui se sont développées avec l’arrivée du chemin de fer et par voie de conséquence avec lui des touristes) , ports, phares, plages, falaises, côtes, campagne, ponts, villages, maisons, hôtels, cabanes abandonnées à flanc de colline, églises etc…Comme toujours il se plante là affrontant parfois une météo difficile mais heureux.
La cathédrale de Rouen a fait partie de l’une des séries incroyablement célèbres et importantes dans l’oeuvre de Monet. Il a porté un grand intérêt à cet édifice qui représentait pour lui une sensibilité de ce passé auquel il est toujours resté attaché. Il arrive là en 1892, puis en 1893, toujours à la même époque, entre février et avril, de façon à capter une lumière qui soit à peu près la même.
Il loue deux appartements qui se trouve juste en face de la cathédrale et dont les fenêtres lui donnent des points de vue différents à différentes heures du jour. Une trentaine de tableaux immortaliseront la cathédrale Notre-Dame de Rouen. Il n’entrera dans l’édifice que deux ans plus tard, dix jours après avoir terminé son travail .
PARIS : il a abordé le thème de la capitale , vers 1866/67, avec Le quai du Louvre et le Jardin de l’Infante . Une ville qu’il va aimer » regarder d’en haut » pour une perspective meilleure. Bien souvent, en effet, il s’est placé sur une terrasse ou sur un balcon .Ayant obtenu une une autorisation du comte de Nieuwerkerke ( alors surintendant des Beaux Arts ), il s’installait sur l’un des balcons du Louvre ( avec dos tourné au musée ) afin d’avoir des vues magnifiques. Idem pour le boulevard des Capucines par exemple où il s’était positionné sur le balcon du photographe Nadar. Il attend le moment opportun qui permettra de donner vie et animation à ses toiles. Lorsque l’on en regarde certains, on a même l’impression que ce sont des photographies.
On ne peut pas dire qu’il ait beaucoup apprécié la ville elle-même , parce qu’il n’ y a finalement passé que de brefs séjours . Il a nettement préféré la banlieue en bords de Seine, mais il n’a pas détesté se promener le longs des quais, flâner dans certains quartiers comme celui du boulevard des Capucines , les Tuileries, le Parc Monceau, le Pont Neuf, le Pont de l’Europe, le Panthéon, la coupole du Val de Grâce, la rue Montorgueuil , la rue Saint Denis et bien sur la gare St Lazare toute de verre et d’acier. Il a passé son enfance et son adolescence au Havre et lorsqu’il est revenu pour la première fois à Paris, il avait 19 ans, peu d’argent en poches : la ville qui l’avait vu naître était alors en pleine effervescence : on démolissait, on reconstruisait, ce n’était plus le Paris d’autrefois, ni encore le nouveau car le projet Haussmann battait son plein.
Le quartier de l’Europe avec son célèbre pont métallique et la gare Saint-Lazare toute de verre et d’acier vont le fasciner ( surtout la gare ) – Il fait une demande à la direction ferroviaire ( qu’il obtiendra ) pour pouvoir s’installer à l’intérieur même de la gare. De même qu’il loue un atelier non loin de là pour pouvoir la peindre en extérieur. Il le fera à différentes heures de la journée afin d’obtenir une grande diversité d’effets de lumière. Il peindra les machines, les quais, les réverbères, les entrepôts de marchandises, les panneaux de signalisation, et les nuages de vapeur sortant des locomotives aussi. Chaque tableau fait sur la gare Saint Lazare est différent de l’autre, une oeuvre d’art à part entière comme il l’a souhaité d’ailleurs. Un jour c’est dans l’un de ces trains qu’il partira pour toujours loin de Paris pour s’installer définitivement à Giverny.
ARGENTEUIL : Monet aimé la banlieue qui lui a offert une grande variété de motifs. On peut dire qu’il y a eu une évolution importante et évidente entre Argenteuil et Vétheuil. C’est en 1871 que Monet s’installe à Argenteuil ( 15 kms environ de Paris ) avec sa famille. L’endroit est en pleine évolution, d’un côté on trouve la campagne, de l’autre la ville qui souhaite regarder vers le futur, vers la modernité. La population a doublé car beaucoup de parisiens ont fait le choix de venir s’y » réfugier » durant le bouleversement des travaux d’Haussmann. Monet va rester sept ans à Argenteuil .
Il y a beaucoup à voir et à peindre. Il s’attardera sur les fameux ponts , qui avaient été démolis durant la guerre de 1870 et qui étaient en reconstruction. Le premier est ferroviaire en fer et béton plutôt moderne, et le second routier est plus traditionnel. Mais la sérénité de la campagne environnante, baignée parfois de soleil, va l’attirer également, tout comme les rues ou les boulevards avec des bâtiments très anciens qui apparaissent dans certaines de ses toiles
VETHEUIL : Il s’installe là en 1878 alors que sa vie est traversée par de gros soucis financiers et que la santé de sa femme Camille donne bien des inquiétudes . Il a deux enfants. Il loge dans une maison, route de Mantes, où se trouve la famille Hoschedé. Ce qui va beaucoup attirer Monet dans ce petit village, c’est l’église Notre-Dame, classée monument historique en 1845. Sa construction date du moyen-âge et le clocher est magnifique .
Le village, lui aussi, a retenu son attention. Pour ce faire il s’est souvent positionné sur l’autre rive de la Seine afin d’avoir un point de vue plus dominant pouvant lui offrir une vue du village dans sa globalité ainsi que son reflet sur l’eau.
VENISE : la Sérénissime lui a offert beaucoup d’opportunités d’un point de vue architectural parce qu’elle offre énormément de constructions . Il s’est rendu là-bas en 1908 avec Alice sa seconde épouse sur une invitation de leur amie Mary Hunter. Si Monet n’aimait pas trop quitter son Giverny, Alice fut très heureuse de ce voyage . Un grand nombre de ses amis s’étaient déjà rendus à Venise et lui en avait parlé. Ils arrivent en train et logeront d’abord chez leur amie puis à l’hôtel Britannia.
Ce n’est pas tant le quantitatif de tableaux ( 37 au total dont une grande partie du palais des Doges) qui a compté pour ce voyage, mais le qualitatif car chacun d’entre représenteront des images qui resteront de merveilleux souvenirs. Un grand nombre de ces toiles furent commencées sur place et terminées en atelier plus tard » Bien que je sois enthousiasmé par Venise et que j’ai commencé quelques toiles, je crains bien de ne pouvoir rapporter que des commencements qui seront uniquement des souvenirs pour moi. » – 29 feront l’objet d’une exposition à Paris.
Il se levait assez tôt, vers 6 h du matin semble t-il, pour travailler au gré des heures et de la lumière, par tranche de 2 h, soit en peignant sur place ou depuis la fenêtre de son hôtel : San Giorgio Maggiore, San Marco, le palais des Doges, les palais de la lagune.
Lorsqu’ils quitteront Venise, ils feront le voeu d’y revenir … Malheureusement Alice va mourir en 1911.
LONDRES : Il s’est rendu à Londres en 1870 fuyant la guerre franco-prussienne en France. La ville a eu alors un gros impact sur lui et, comme il l’avait souhaité, il est revenu des années plus tard en 1887/ 1899 / 1900 et 1901. Les maisons de briques rouges rencontrées lors de ses promenades, le Pont de Waterloo, celui de Charing Cross, Westminster et le Parlement ont été des sujets fascinants pour lui surtout avec les effets de lumière et des variations atmosphériques (brouillard, brume, pluie) dans lesquels baignaient ces édifices lors des changements de météo, saison et heure, sans oublier les différents reflets sur l’eau.
Lorsqu’il revient en 1899 il est installé avec son épouse à l’hôtel Savoy. La fenêtre de sa chambre lui déroule un spectacle incroyable sur la Tamise, différents célèbres édifices de la ville, ainsi que sur des usines fumantes se trouvant sur une autre rive. Comme il a eu souvent l’habitude de faire, il commence ses tableaux sur place et les finit en atelier une fois retourné en France.
BORDIGHERA ( Italie ) : C’était à l’époque un petit village sur une colline, non loin de la frontière. Il arrive là en 1884 et va y rester trois mois. Il dira que c’est vraiment un endroit féérique : il y a le village, les villas environnantes ( Bischoffsheim, Garnier etc..) , la ligne de chemin de fer. Il part explorer toute la région, faire des randonnées en montagne, dans la vallée de la Nervia où il rencontrera un beau château médiéval, un vieux pont, des villages anciens haut perchés, des églises de pierre etc…
ANTIBES : le voyage en Italie sera une occasion de se rendre sur la Côte d’Azur et plus particulièrement à Antibes, ville ancienne fondée par les phéniciens vers 600 avant J.C. – Depuis son hôtel au Cap d’Antibes, il peint des nouveaux paysages pleins de lumière avec la mer bien sur, mais aussi les remparts, le Fort Carré, la Garoupe, et toutes les fortifications d’une autre époque qui seront d’excellents sujets pour sa peinture. Il les réalise en ce rendant sur place, depuis certains jardins, de la plage ou de son hôtel.
LES PAYS-BAS : il se rend dans ce pays avec Camille et leur enfant et se pose à Zaandam un centre industriel ( il visitera également Amsterdam ). Il va y peindre plus d’une vingtaine de toiles dans lesquelles on peut y voir notamment des moulins à vent et des maisons dotées de belles couleurs, des ruelles, des ponts.
Ce chef-d’oeuvre a demandé six ans d’écriture à Mendelssohn ( 1838-1845) . Il est dédié à son ami le violoniste allemand Ferdinand David à qui le compositeur a demandé des conseils pour la partie violon, et qui le créera à Leipzig en 1845.
Malheureusement Mendelssohn ne pourra y assister car il était souffrant. Un mois après son décès en 1847 , ce magnifique Concerto sera joué à nouveau, interprété cette fois par celui qui fut son protégé à savoir le talentueux violoniste austro-hongrois Joseph Joachim.
C’est une partition très raffinée dans son style, virtuose, brillante, mélodieuse, assez magique, limpide, virtuose, délicate. Elle porte en elle une sorte de très belle fragilité et le violon ressemble à une aria opératique.
( Interprétation : Yehudi MENUHIN ( violon ) – Wilhelm FURTWÄNGLER à la direction de l’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE BERLIN )
» Aimez et vénérez, ne tuez pas les arbres ;
Un pays meurt, après que ses grands bois sont morts ;
Aucun n’est protégé par la splendeur des marbres,
Et, les abris perdus, les peuples sont moins forts.
Ce n’est pas seulement pour la douceur du rêve
Par nous goûtée en l’ombre apaisante des bois.
Qu’il conviendra toujours de respecter leur sève,
Sœur pâle du sang rouge et sacrée autrefois ;
Les bois gardent en eux l’âme de la patrie,
Son vieil esprit, les mœurs, son antique rigueur ;
Quand la sève à flots coule en la forêt meurtrie.
C’est comme un peu de sang perdu par notre cœur.
Un être obscur et doux vraiment dort sous l’écorce
Les chênes autrefois étaient des demi-dieux.
Protecteurs de la race et gardiens de la force.
Et leur horreur sacrée étonnait nos aïeux.
Oui, nous devons aimer la forêt fraternelle,
Dont l’âme épanche encor le silence et la paix,
La paix des jours premiers réfugiée en elle,
En la verte fraîcheur de ses rameaux épais.
Et parfois j’ai rêvé qu’étendant sur la terre
À nouveau son empire et son calme divin,
Elle nous survivait, auguste et solitaire,
Ayant enseveli tout le vain bruit humain. » Henri CAZALIS dit Jean LAHOR (Médecin et poète symboliste français / Les arbres est un poème écrit en juin 1903 à l’occasion de la Fête de l’arbre)
» L’utilisation du thé est fortement recommandée. De cette façon la continuité des idées distinctes peut être préservée grâce à son pouvoir inégalé d’éliminer ou de prévenir somnolence et engourdissement. Le thé génère une disponibilité ardente, dissipe l’oppression, maintient l’œil en éveil, nettoie la tête, anime la pensée, insuffle une vigueur renouvelée à l’invention, éveille les sens, purifie le cœur et l’esprit, entretient et augmente les idées déjà vives en elles-mêmes et excite les pouvoirs de l’intellect. » Thomas SHORT (Physicien anglais, épidémiologiste et historien médical)
La boule de cristal rassemble tous les éléments qui ont fait la renommée de Waterhouse dans la dernière décennie du XIXe siècle. Une de ses typologies les plus prisées était celle de la femme seule, magicienne, ou enchanteresse le plus souvent, au type idéalisé instantanément reconnaissable, placée dans un espace intérieur structuré par l’architecture, quelques meubles et objets, ouvrant sur une baie en plein cintre ou un miroir sur un paysage (La dame d’Escalot/1894) ou Circé/1911-14).
Son dessin puissant et net, les contrastes de couleur font toujours ressortir la magnifique silhouette. La composition joue sur l’opposition nette entre les lignes circulaires et les verticales qui s’unissent dans la longue figure souple.
Waterhouse donne ici un léger contexte de fin du Moyen-Âge à la scène, avec la coupe caractéristique de la lourde robe de velours grenat aux légers motifs de serpents enroulés, le fauteuil droit, la lampe à huile. La jolie magicienne est en pleine action rituelle : devant elle le crâne et le livre ouvert à la page décrivant le rite à accomplir, retenue par une longue aiguille. Elle est tout occupée à déchiffrer ce que lui montre la boule qu’elle tient avec précaution, semblable à celles que l’on plaçait parfois dans les tombes des femmes au Moyen-Âge.
Dans l’esprit du mouvement esthétique et, par-delà, de la tradition classique occidentale, Waterhouse a créé un type de beauté idéale à partir des modèles qui posaient pour lui ; au risque de devenir monotone, car ce ne sont pas des figures multiples ou secondaires, mais, à chaque fois, l’héroïne unique. Il reprend très souvent le même canon du corps et le même visage créant un « type Waterhouse » : la femme est élancée, a des formes légèrement rondes, le visage ovale avec menton allongé, des yeux en amande et une petite bouche, mis en valeur par les épais bandeaux de cheveux.
A peine terminé ce tableau fut accroché à l’exposition d’été de 1902 de la Royal Academy avec un pendant de même dimensions, Le Missel aujourd’hui non localisé, mais connu par la photographie en couleur du supplément de Noël que l’Art Journal consacra en 1909 à Waterhouse et confia à sa première spécialiste, Rose Sketchley. Sans être rigoureusement parallèles, les deus compositions se répondent. Les deux jeunes femmes concentrées, l’une sur un missel, l’autre sur la boule, le vase de fleurs remplace la tête de mort, le cloître ensoleillé, le rideau d’arbres.
Tenant compte du fait qu’on les retrouve tous les deux en 1909 dans la collection de l’armateur Frederick Pyman, il a été suggéré qu’il pouvait s’agir d’une commande précise, ce que Waterhouse faisait en général que pour les portrait. La demeure de Pyman, où ses tableaux furent accrochés, Densley House, dans le port de Whitby (North Yorkshire) nous incite à se souvenir de cette hypothèse.
Or Whitby a deux caractéristiques : la ville est dominée depuis la Réforme par les impressionnantes ruines d’un monastère féminin, fondé au VIIe siècle par Sainte Hilda, et a, par ailleurs, une longue tradition de magie blanche. On sait qu’au début du XIXe siècle, huit magiciennes y travaillaient à leur compte . Les deux toiles représentent clairement cette double spécificité, suffisamment rare pour ne pas avoir été une invention spontanée d’un artiste qui, par ailleurs, n’a guère fait d’autres peintures de femme en prière. » Véronique GÉRARD-POWELL (Agrégée d’histoire et titulaire d’un doctorat de 3ème cycle en histoire de l’art. Spécialiste de l’art européen des XVe-XVIIIe siècles et de l’Histoire des collections des XVIe- XXe siècles)
» Pour l’enivrant plaisir d’errer à travers bois
seule, je suis partie, en route vers la grève.
Cheveux au vent, songeuse et rieuse à la fois,
m’arrêtant pour un rien, laissant aller mes rêves.
Et je me reposais aux bornes du chemin,
quand j’y voyais des fleurs, beaucoup de fleurs écloses.
J’en cueillais… j’en cueillais… j’en encombrais mes mains
et puis j’allais encore, tout en fleurant mes roses.
Soudain, je m’engageai sous-bois, dans un sentier ;
j’entendis mille bruits, j’écoutai mille charmes ;
je flânais à plaisir. J’eus prié volontiers,
dans ce séjour de paix, j’aurais versé des larmes.
Car la nature entière, avec toutes ses voix,
psalmodiait l’Amour ! Dans la source qui chante
et l’oiseau qui gazouille, il n’était qu’un mot : FOI.
L’arbre au vent se courbait d’une façon touchante !
J’ai longé le rivage, et quand j’eus bien rempli
mes yeux de ces beautés, je détournai ma route
en admirant encor, tout comme l’on relit
une page qu’on aime, et qu’on veut garder toute. » Jovette-Alice BERNIER (Poétesse québécoise – Extrait de son recueil Roulades/1924)
» En 1962, Bert Stern est un photographe reconnu par la qualité de ses portraits ; c’est un chasseur d’icônes qui croque les stars les unes après les autres. Dans l’avion qui le ramène de Rome où il vient de photographier Liz Taylor sur le tournage de Cléopâtre, il caresse un rêve : celui de photographier Marilyn Monroe. Dès son retour à New York, il propose à Vogue un reportage photos sur Marilyn Monroe. La rédaction du magazine accepte cette idée avec enthousiasme.
Les événements s’enchaînent rapidement. Marilyn accepte de poser pour lui. Bert Stern peut réaliser son rêve. Plutôt que de la photographier en studio, il préfère s’installer dans une suite de l’hôtel Bel-Air de Los Angeles. L’éclairage est minimal. Il attend Marilyn avec inquiétude. Viendra … Viendra pas ? Marilyn est connue pour ses sautes d’humeur et ses caprices. Elle est devenue très fantasque. Elle vient seule et n’a que cinq heures de retard. La séance peut alors commencer !
Marilyn accepte de poser nue, le corps sans maquillage. Un rapport puissant, presque amoureux, s’installe entre le modèle et le photographe. Il la photographie durant douze heures sans s’arrêter. Le résultat est exceptionnel, mais trop dénudé pour Vogue qui propose à Bert Stern de la rephotographier, mais cette fois maquillée et plus habillée. Marilyn accepte de poser une nouvelle fois pour Bert Stern.
Elle meurt un jour avant la sortie de son reportage dans Vogue. La dernière séance est composée de 2571 photos. Bert Stern choisit de n’en présenter qu’un petit nombre. Chaque exposition génère une nouvelle sélection de photos. » Olivier LORQUIN ( Écrivain, directeur du musée Maillol)