» Les oreilles dans l’eau l’on flotte, le flux vous porte par dessous. Tiède, enveloppant et très doux, il vous berce et il vous cahote.
En y entrant jusqu’aux genoux, on a trouvé que c’était froid car un petit vent de norois vagabondait autour de vous.
Puis doucement l’on est allé un peu plus bas et plus profond. Des vaguelettes tout en rond s’acharnaient à vous suffoquer.
Plus loin, un peu plus loin… Et l’eau s’est élevée jusque au coeur. C’est alors le cri du vainqueur : on s’est même mouillé le dos !
La nuque dans l’eau l’on jubile. on vire, on surnage, on ondule, on est devenu une bulle sur la mer nacrée qui oscille. » Vette DE FONCLARE ( Poétesse française)
(Vidéo : L.ORCHESTRE DE ST LUKE (New York) dirigé par Sir Charles MACKERRAS)
Haydn est resté très longtemps au service de la famille Esterhazy, de 1761 à 1790. Nicolas Ier, un grand mélomane, friand d’opéra, fut celui qui a eu le plus d’admiration pour le compositeur, et qui le soutiendra énormément. En contrepartie Haydn avait un contrat d’exclusivité. Ceux qui viendront après Nicolas Ier n’auront pas le même engouement, et la vie musicale à la Cour ne fut pas aussi fastueuse qu’autrefois. Par ailleurs, ils le laisseront « plus libre » pourrait-on dire.
La symphonie N°45, dite Les Adieux a été composée en 1772. Alors pourquoi ce titre ? Tout simplement parce que le prince Esterhazy avait décidé de rester plus longtemps que prévu dans son palais d’été qui se trouvait à Fertöd, ville hongroise à la frontière autrichienne.
Une décision lourde de conséquence pour les musiciens de l’orchestre dirigé par Haydn qui n’avaient pas revu leurs familles depuis pas mal de temps. Ils demandèrent à ce qu’elles puissent venir les rejoindre . Malheureusement pour eux, le prince ne répondra pas favorablement à leur requête.
Pour bien lui faire comprendre l’impatience, la colère et le désarroi de ses musiciens, Haydn va imaginer cette partition dans laquelle il va musicalement « échelonner » le départ de chacun d’entre eux, avec son instrument . A la fin, il ne reste que les deux violons.
C’est un petit chef-d’œuvre très mélodieux, plein d’originalité, énergique, passionné, facétieux, subtil, touchant et douloureux aussi parfois. Chose rare à l’époque, la symphonie a été, de base, conçue en cinq mouvements. Mais on la trouve le plus souvent en quatre mouvements car les deux derniers s’enchainent.