» Le samedi c’est la liberté à l’état pur. C’est samedi, mais cela pourrait être un chemin qui se perd dans les bois, une page pleine de couleurs, une part de gâteau aux pommes, une chanson d’il y a vingt ans, un caprice, un saut périlleux. » Fabrizio CARAMAGNA (Auteur italien)
» Il est nuit : la mer dans son lit repose, Assoupie au loin si tranquillement Que pas une brise à cette heure n’ose Troubler d’un baiser son recueillement.
Sans murmure aucun, sans aucune ride, Qu’elle est belle à voir cette mer qui dort, Laissant admirer dans le flot limpide A la claire nuit ses étoiles d’or !
Pour jouir ainsi de ce calme immense, Quel est ton secret, ô mer ? Dis-le-moi ! Car je sais un cœur, un cœur en démence, Qui voudrait enfin dormir comme toi ! »
Joseph AUTRAN (Poète et auteur dramatique français / Extrait de son recueil Les poèmes de la mer/1859)
» Il y a des gens qui se produisent mieux en public qu’en privé. Et puis il y en a pour lesquels c’est exactement le contraire. J’appartenais à cette dernière catégorie. Il est évident que j’ai choisi la bonne carrière. Ce qui est merveilleux quand on est écrivain, c’est qu’on peut travailler chez soi et au moment qui vous convient. Même si c’est parfois un véritable casse-tête, si vous devenez folle à force d’essayer de donner à votre intrigue une direction où vous savez qu’elle peut et doit aller, au moins vous n’avez pas à vous montrer et à vous rendre ridicule devant tout le monde. » Agatha CHRISTIE ( Femme de Lettres britannique )
» Ma maison de mots je la construits avec un grand souci de simplicité, de clarté, de rigueur. Pour bien recevoir mes mots, confie-toi au silence, rends-toi léger, transparent et laisse-toi bercer, porter, entraîner. Laisse les mots te pénétrer, rejoindre en toi ce qu’ils ont à te faire découvrir … Et lorsque tu quitteras ma maison, je souhaiterais que tu sois plus clair, plus intense, que tu saches mieux voir, mieux aimer les autres et le monde, mieux apprécier les multiples beautés de la vie. » Charles JULIET ( Écrivain français- Extrait de son Journal (Tome IV 1982/1988) « Accueils » )
« Cette nuit je vais grimper à la lune, m’installer dans le croissant comme dans un hamac et je n’aurais absolument pas besoin de dormir pour rêver … » Mathias MALZIEU (Musicien, chanteur, écrivain et réalisateur français – Extrait de son livre La mécanique du cœur )
« Il était le meilleur des compagnons, s’oubliant lui-même, se sacrifiant lui-même, toujours occupé à chercher la reconnaissance pour d’autres artistes, surtout pour les jeunes qui devaient s’imposer dans la cohue, jamais pour récolter quelque chose pour lui-même. Il abandonnait même son travail pour organiser des expositions sous leur meilleur jour à l’étranger. Cela, qu’ils soient ses amis personnels ou non. Dans ce cas là, l’amitié ne jouait pas. C’est Krøyer qui a attiré toute la compagnie à la dernière Exposition universelle à Paris en 1900. Ce n’était pas seulement important pour le Danemark, ce l’était aussi pour la France, un pays envers lequel il ressentait une profonde gratitude. Son souhait était de se montrer à Paris, là où la peinture danoise avait souvent pu faire de gros progrès. Il s’est heurté partout à de nombreux obstacles. Mais il s’est montré constant, infatigable, jusqu’à les surmonter pour la plupart, voire tous. Une fois le travail terminé, sa santé a chancelé. Pour la première fois, mais de façon déterminante. » Karl MADSEN (Peintre et historien d’art danois, un de ses plus fidèles amis)
C’est une très belle exposition que nous propose le musée Marmottan-Monet sur l’un des maîtres de la peinture danoise surnommé le maître de la lumière , un peintre souvent comparé à Sorolla : Peder Severin Krøyer. Elle devait se tenir de janvier à juillet 2021, mais la pandémie et le confinement a contraint le musée à fermer ses portes. Le choix a été fait alors de ne pas l’annuler. L.HEURE BLEUE de Peder Severin KRØYER se tiendra donc jusqu’au 26 septembre 2021.
Sage décision car il aurait été vraiment regrettable de ne pouvoir y assister compte tenu que l’on se trouve face à ce peintre merveilleux, ingénieux, précis, avec de réels talents de coloriste, qui a parfaitement maitrisé son art, qui fut aussi dessinateur, photographe. et que c’est la première fois en France qu’une exposition monographique lui est consacrée. Elle est placée sous le haut parrainage de la reine Margrethe II du Danemark. Plus d’une soixantaine de tableaux sont accrochés, provenant des musées de Skagen, Göteborg, Copenhague, Lübeck, Kiel, Alkersum-Föhr, Aarhur, Paris, Budapest.
Après ces mois tristes que nous venons de traverser, je ne saurai que trop vous conseiller de voir cette exposition !
« Autoportrait » 1902 Peder Severin KRØYER ( Collection John Loeb Jr./ New York)
L’histoire de l’art n’a jamais su réellement le classer. Certes il a subi l’influence de l’impressionnisme, mais il y a chez lui l’esthétique du pleinarisme, mais également un grand réalisme quasi photographique tant il s’appliquait à respecter les moindres détails de la nature en plein air. Avec les années, la peinture de Krøyer, comme celle de ses collègues de Skagen, va se diriger vers un néoromantisme pictural qui s’épanchera davantage sur les états d’âme, les ressentis, les sentiments, un côté mystérieux et plus mystique.
L’expo s’attarde sur le travail réalisé par le peintre à Skagen. Un charmant et pittoresque petit village de pêcheurs situé au bout de la péninsule de Jutland, dans un endroit où les eaux de la mer du Nord s’unissent à celles de la Baltique. Un lieu autrefois difficile d’accès parce que le train n’y arrivera qu’en 1890. Avant cela, il fallait une journée à bord d’un bateau à vapeur , puis cinq heures par la route, avec la malle postale ,avant la destination finale. Cela n’empêchera pas de nombreux artistes de s’y rendre dès 1870 car il y avait une particularité à savoir que l’été, peu avant l’aube et après le crépuscule, entre chien et loup, on assiste à cette fameuse heure bleue veloutée, quasi intouchable, un phénomène météorologique qui dégage une couleur et une luminosité tout à fait spéciale de réverbération au-dessus de la mer.
» Soirée calme sur la plage de Skagen » 1893 Peder Severin KRØYER (Skagens Kunstmuseer à Skagen) – Ces deux femmes sont Marie Krøyer et Anna Ancher – C’est un tableau qui aura un énorme succès à Paris lors du Salon de 1895. Même la critique est totalement sous le charme : » cette œuvre exerce une fascination exquise. La mer paisible confond son bleu avec le bleu du ciel. Les deux femmes se promènent . Les rayons du couchant caressent, illuminent leur nuque, leurs épaules, leurs hanches … » Paul HEUSY critique d’art français // Le tableau sert l’affiche de l’expo
Krøyer a beaucoup aimé la photographie. C’est cette photo qui lui a donné l’idée de placer ces deux personnages (son épouse et Anna Ancher) sur son tableau ci-dessus. Il a fait de même pour d’autres tableaux.
Ce village fut découvert par le peintre Martinus Rørbye en 1833, mais connaitra un véritable succès lorsqu’une colonie d’artistes viendra s’y installer. Cette communauté de peintres norvégiens, danois, suédois avec notamment outre Krøyer : Karl Madsen(découvre le site en 1871 et invite ses amis de l’Académie royale à venir) , Frits Thaulow, Michael Peter Ancher, Anna Ancher, Carl Locher, Viggo Johansen, Christian Krohg, Eilif Peterssen et Laurits Regner Tuxen, a formé ce que l’on a appelé l’École de Skagen, laquelle aura une grande importance dans la peinture danoise. Tous sont des novateurs, amoureux de la peinture en plein air, et à la recherche de modernité. Ils sont fascinés par la lumière du jour, mais également cette particularité du soir et cette atmosphère respirant le bonheur et la sérénité. De plus, tous ont en eux une sorte de fibre patriotique qui les pousse à vouloir être très précis pour que soit bien mise en valeur la nature de leur pays.
Ils ont tous aimé Skagen pour son côté sauvage, pour la liberté corporelle et picturale que cet endroit pouvait leur apporter et puis il y avait le ciel, les dunes et les plages à l’infini. Au fil du temps, ils s’organisent. Certains vivent dans le seul hôtel du village (le Brøndum), d’autres louent des petites maisons avec jardin. Ils organiseront même petites expositions où étaient conviés des étudiants en art.
Krøyer va passer tous ses étés à Skagen dès 1882 jusqu’à sa mort. Sa palette se fixe alors sur le bleu : celui de la mer, celui du ciel. Il y a aussi ses merveilleux tableaux sur les plages de Skagen avec un sable d’un blanc incomparable. L’hiver, il retournait à Copenhague, travaillait sur des commandes de portraits et partait en voyage. A Skagen, il s’est beaucoup penché sur le monde du travail, celui des pêcheurs et leur vie quotidienne en particulier, mais il a également su montrer du talent en tant que paysagiste et portraitiste que ce soit pour ses proches ou bon nombre de ses amis.
Avec les années, l’École de Skagen est tombée dans l’oubli. Elle renaîtra en 1978 lorsqu’un magnat de la presse, allemand, à savoir Axel Springer, fait l’acquisition ( à un prix très élevé) lors d’une vente aux enchères, de la toile Soirée calme sur la plage de Skagen. Le musée de Skagen fut terriblement déçu parce qu’il avait fait une offre pour pouvoir l’acquérir, mais pas assez forte pour l’emporter. Axel Springer va l’apprendre et informera l’institution qu’il leur en fera don lorsqu’il décèdera. Il meurt en 1985. Un an plus tard, sa femme tient la promesse qui avait été faite et lègue la toile au musée. Compte tenu qu’elle était restée longtemps accrochée dans un chalet en Autriche, elle a dû être restaurée.
(Soleil d’après-midi sur mer calme » 1899 Peder Severini KRØYER ( Johannes Larsen Museet à Kerteminde)
« Départ des bateaux de pêche après le coucher du soleil à Skagen » 1894/95 Peder Severin KRØYER (ARaS Aarthus Kunstmuseum de Aarthus)
« Pêcheurs de Skagen coucher du soleil » 1883 Peder Severin KRØYER (Skagens Kunstmuseer à Skagen) –
C’est un peintre touchant et attachant à bien des égards, poétique, sensible, ayant démontré une grande habileté pour gérer la composition, le cadrage et l’espace. Outre cette incroyable lumière, ses tableaux sont empreints de douceur, sérénité, bienveillance, délicatesse, quasi intemporelle, harmonieuse et fluide.
Ses amis ont dit de lui qu’il fut un homme altruiste, serviable, généreux, fidèle en amitié, qui a toujours œuvrer pour que le travail de ses collègues soit mis en valeur et reconnu.
Côté vie privée, il a eu un véritable coup de foudre (partagé) avec une peintre rencontrée à Copenhague et qu’il retrouve à Paris en 1888 : Marie Triepeke. Elle a 16 ans de moins que lui. Non seulement elle étudiera à ses côtés mais lui servira de modèle à l’occasion. Il l’épousera 7 mois plus tard en 1889. Durant de longues années, ils partageront un amour passionnel et inconditionnel et travailleront parfois à quatre mains. Ils auront une fille Vibeke.
Avec son épouse Marie
Marie et leur fille Vibeke
Avant elle, Krøyer ne souhaitait pas franchement se fixer ou se marier. Il avait de très nombreuses aventures amoureuses et finira par attraper la syphilis. Quand il retrouvera Marie à Paris, il ne lui parlera pas de cette maladie, ni même du fait qu’il souffrait de troubles mentaux (maniaco-dépressif) qui étaient un problème dans sa famille. Compte tenu du fait qu’elle était amoureuse et heureuse, elle ne s’en rendra pas compte au début. Malheureusement, petit à petit elle va devoir affronter les sautes d’humeur de son époux et sera mise au courant de sa syphilis. Lorsqu’il sera interné pour une grave dépression nerveuse, le couple va se détériorer.
Elle choisira de partir en voyage . Sa route croisera celle du compositeur Hugo Alfvén. Ils vivront une liaison passionnelle qui s’intensifiera au fil du temps . Elle demande le divorce en 1900 . Krøyer, en pleine instabilité, refuse et part à Skagen. Elle le rejoint avec son amant. Scandale dans le petit village. Ils finiront par divorcer en 1905.
Elle aura une autre fille et épousera Alfvén en 1912. Mais ce dernier n’a pas la réputation d’un homme fidèle et il s’amourachera d’une autre femme. Il demande le divorce en 1928. Elle le lui accordera qu’en 1936 !
« Portrait de Marie Krøyer » 1889 Peder Severin KRØYER ( Skagens Kunstmuseer de Skagen)
» Double portrait » par Peder KRØYER et Marie KRØYER 1890( Skagens Kunstmuseer de Skagen)
Krøyer est né, de père inconnu, à Stavanger en Norvège en 1851. Son enfance ne fut pas très heureuse. Sa mère, en proie à de graves problèmes mentaux, a été jugée incapable de s’occuper de lui. Il a donc été confiée à sa tante maternelle qui va l’élever, avec son époux, au Danemark. Ils comprendront très tôt que leur neveu a des talents précoces pour la peinture.
Après avoir pris des cours particuliers, il part étudier à l’Académie Royale des Arts et obtient son diplôme en 1870. Il devient peintre officiel en 1871. Certes, il va connaitre des débuts un peu difficiles, mais ses premiers tableaux vont beaucoup plaire, ce qui lui permettra de gagner de l’argent et vivre plus confortablement. La chance viendra, en particulier, d’un riche collectionneur, négociant en tabac, qui deviendra un peu son mécène.
En 1873, il obtient une médaille d’or et une bourse qui lui donne la possibilité de voyager . Il arrive en France en 1877, découvre l’impressionnisme (né en 1874) particulièrement les toiles de Monet, Manet, Sisley, Renoir, Degas etc…, puis entre dans l’atelier du peintre et graveur français Léon Bonnat à Paris. Il reçoit alors un enseignement classique qui ne lui conviendra pas vraiment. Il n’y restera que deux ans. Épris de liberté, il part pour l’Espagne où il se passionnera pour l’art de Vélasquez et de Ribera , étudiera leur travail , puis se rend en Italie et en Angleterre. Il exposera à la Biennale de Venise, de Vienne, de Berlin et de Budapest. Il retournera au Danemark en 1882 et découvre ce petit village dont on parle tant : Skagen.
Sur place, il aime poser son chevalet en bord de mer et peindre les enfants qui jouent dans l’eau, ou les pêcheurs qui partent au coucher du soleil, ou rentrent, tirant leur filets sur le rivage. Quels que soient les sujets, il s’applique à bien décrire l’atmosphère. Aucun des personnages ne posent en tant que modèles. Ce sont juste des scènes prises sur l’instantané, des arrêts sur images magnifiques. Parmi les portraits, il y en a beaucoup de son épouse : qu’elle soit en train de faire sa toilette, se promenant, se reposant au jardin etc…
» Roses » (Marie au jardin) – 1893 – Peder Severin KRØYER ( Skagens Kunstmuseer de Skagen)
« Hip Hip Hip Hourra » 1885/88 Peder Severin KRØYER (Konstmuseum Göteborgs à Göteborg ) C’est un tableau pris à Skagen. Il y a son épouse Marie, les peintres Michael et Anna Ancher avec leur fille, le frère d’Anna et son épouse Martha, Helene Christensen l’organiste de Skagen, et certains collègues peintres : Christian Krohg, Thorvold Niss et Oscar Björck – Pour se représenter lui-même, il s’est inspiré d’un portrait de lui réalisé par Björck)
» Petite fille debout sur la plage de Skagen » 1884 – Peder Severin KRØYER (Skagens Kunstmuseer à Skagen) –
Il a excellé en tant que portraitiste, très certainement en raison de sa grande sensibilité, sa recherche du naturel, de l’expressif. Des qualités qui lui ont valu de recevoir de très nombreuses commandes dans ce genre. Il a également réalisé plusieurs autoportraits dès 1867 et quasiment jusqu’à sa mort.
1884 c’est l’année où sa carrière décolle. Médaille d’honneur en 1889 à l’Exposition universelle à Paris pour un tableau qui se trouve désormais au musée d’Orsay à savoir Bateaux de pêche qui avait été peint en 1884.
Très malade durant plus d’un an à cause de sa syphilis, atteint d’hallucinations délirantes, de graves dépressions , il perd la vue et deviendra complètement aveugle dix ans avant de mourir en 1909, assez jeune puisque n’ayant que 58 ans, à Skagen auprès de sa fille . Cela ne l’a pas empêcher de continuer à peindre et on peut même dire que la cécité a donné naissance à ses plus beaux tableaux.
» Skagen peut paraître terriblement terne sous la lumière du soleil . Mais quand le soleil se couche, quand la lune se lève de la mer, avec les pêcheurs debout sur la plage et les couteaux naviguant avec des voiles desserrées, ces dernières années, c’est le moment que j’aime le plus « Peder Severin Krøyer en 1907
A noter qu’en 2022 une grande exposition se tiendra à Skagen. Elle reviendra sur les liens étroits de ce peintre avec la France. Il est vrai qu’il a beaucoup séjourné dans notre pays de 1877 à 1903. Il a beaucoup séduit au travers de ses tableaux, y compris la critique !
» Mr Peder Severin Krøyer jouit en France , depuis bien des années, de l’estime de tous les gens de goût. Ses intérieurs éclairés à la lampe, ses bords de grève, son Départ pour la pêche si étonnant, si merveilleux de poésie et d’audace dans sa réalité, ont été universellement admirés par nous. Il arrive souvent que ses envois font sensation au Salon et prennent place parmi les cinq ou si toiles les plus regardées …Sa poésie de lumière, la séduction de ses heures nocturnes enveloppées, crépusculaires, la gaieté de ses midis étincelants, en un mot l’âme et la terre danoises » Charles PONSONAILHE (Critique d’art français en 1889)
(Vidéo : Eugène ISTOMIN (Piano) – Isaac STERN (Violon) – Léonard ROSE (Violoncelle)
Ce superbe Trio, plein de tendresse, fut composé entre 1851/1854 à Düsseldorf par un jeune Brahms qui reprendra et révisera sa partition près de 40 ans plus tard en 1892. Clara Schumann disait à propos de cette œuvre qu’elle jouait avec les étoiles …
Revue et corrigée cinq ans avant qu’il ne décède, elle représente le regard du compositeur qui se retourne sur son passé, sa jeunesse, son amour pour Clara, sur Robert qui sombrera dans la folie. On pourrait dire que c’est un merveilleux mélange de couleurs automnales et estivales. Une page pleine de lyrisme et de poésie, avec un violoncelle très poignant qui chante harmonieusement avec les autres instruments.
‘Été : être pour quelques jours le contemporain des roses ; respirer ce qui flotte autour de leurs âmes écloses.
Faire de chacune qui se meurt une confidente, et survivre à cette sœur en d’autres roses absent » Rainer Maria RILKE (Écrivain et poète autrichien – Extrait de son recueil Les Roses/1924)
» Fermer un livre n’est pas moins émouvant que de l’ouvrir, car chacun de ces deux gestes marque ce qui, dans le contenu du livre, est irrémédiable. Tout ce qui se passe entre les deux couvertures relève du possible, et du contingent. Tout peut arriver à l’intérieur d’un livre : les rêves les plus fous et les plus grandes extravagances. Mais attention, une fois que vous l’aurez fermé, son pouvoir est perdu comme la lampe d’Aladin. Un livre n’est écrit qu’une seule fois. Mais toute lecture le fait renaître chaque fois sous une forme différente. » Michel MELOT ( Conservateur général des bibliothèques, historien de l’art – Extrait de son ouvrage : Livre)
« C’est un chant langoureux au fin fond du jardin, Roucoulis tendre et doux sur l’antique figuier Né d’une tourterelle au plumage gonflé, Psalmodiant un appel dans le petit matin.
Jaillissant en éclair d’un buisson de jasmin, Enivré de parfum, de désir et d’été, Un tourtereau gris-bleu s’est alors envolé, Défiant le soleil blanc encor très incertain.
Et puis les deux chanteurs se sont examinés. Ramageant à l’envi, ils se sont rapprochés Dans un grand tourbillon de plumes grises et brunes.
L’aube n’était encor qu’une lumière argent, Une ébauche de jour sous un zeste de lune. Mais au chant des oiseaux, peu importe le Temps » Vette de FONCLARE (Poétesse française)