Pour des revers trop miroitants … » Edmond ROSTAND (Écrivain, poète, dramaturge et essayiste français / Extrait du poème Fleurs (1890)-Recueil : Les Musardises)
» La fleuriste » Photos-collage réalisé par Silvia HOKKE
» Jardin en fleurs à Sainte-Adresse » Claude MONET
« En 1866, puis en 1867, de fin juin à août, Claude MONET séjourne au Havre dans la maison de campagne de sa tante Marie-Jeanne Lecadre, Le coteau, quartier de Sainte-Adresse. Durant cette période, le jeune artiste réalise une vingtaine de toiles. Il entreprend plusieurs vues de ce jardin campagnard dans une Suite très intime Femme au jardin (1867-Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg) – Adolphe Monetlisant dans un jardin (1866-Collection particulière) – et Jardin en fleurs, qui sont trois déclinaisons d’un même thème.
» Femme au jardin » Claude MONET
» Adolphe Monet lisant au jardin » Claude MONET
Dans ce dernier tableau (Jardin en fleurs) l’artiste a placé son chevalet en face du parterre de fleurs qui figure sur les deux autres peintures. Les deux tiers de la toile sont occupées par la frondaison des arbres qui dressent un arc au-dessus du jardin. A gauche, sur le bord supérieur, apparaît la maison des Lecadre. La lumière glisse sur le parterre à partir de l’ombre qui couvre, en bas à gauche, la pelouse verte. La courbe que dessinent les arbres en fleurs apporte une certaine harmonie à cette œuvre solaire.
Se douterait-on que Monet traverse alors un conflit violent avec son père ? Fin juillet est le moment où sa compagne, Camille, accouche, alors que cette liaison scandalise la famille. Son ami Frédéric Bazille a négocié une trêve avec le père de l’artiste, et ce dernier a accepté que son fils réside au Havre pour l’été dans la maison familiale. Se projetant dans le travail, il y réalise des œuvres importantes, représentant la grève, ou des portraits : » Je me suis taillé beaucoup de besogne, j’ai une vingtaine de toiles qui vont bon train, des marines étourdissantes, et des figures et des jardins, et de tout enfin. Parmi mes marines, je fais les régates du Havre avec beaucoup de personnages sur la plage et la rade couverte de petites voiles. Pour le Salon, je fais un énorme bateau à vapeur. » écrit-il à Bazille le 25 juin 1867.
L’énergie de Monet, son goût pour les jardins et les grands espaces stimulent alors dans une créativité qui, dans la décennie 1860, révolutionnera les sujets de plein air. » Mathias CHIVOT (Historien de l’art, commissaire scientifique français)