Anne Boleyn est née en 1501 – Elle fut reine d’Angleterre de 1533 à 1536. Pour l’épouser Henri VIII a abandonné la religion catholique, répudié Catherine d’Aragon sa première épouse. Anne, tout comme la précédente, ne put lui donner l’héritier mâle qu’il attendait. Elle fera de nombreuses fauches couches ; seule une fille vivra et deviendra la reine Elisabeth Ière.
Le roi va se tourner vers une autre jeune femme : Jane Seymour et cherchera par tous les moyens à répudier Anne. Elle sera accusée de complot , trahison, inceste, adultère ( les causes furent diverses pour la faire tomber en disgrâce), enfermée dans la tour de Londres et décapitée à l’épée en 1536.
(Ouverture : LONDON SYMPHONY ORCHESTRA – Direction Julius RUDEL)
Anne Boleyn a inspiré le monde de la littérature, de la peinture, et de l’opéra. Dans cette dernière catégorie, celui de Gaetano DONIZETTI est un merveilleux chef-d’œuvre du Bel Canto. Il représente la fascination du compositeur non seulement pour l’Angleterre, l’Ecosse, mais aussi le thème de la folie, des sujets qu’il a souvent repris dans ses œuvres.
Il sera créé en 1830 à Milan. Le livret est confié à Felipe Romani. Histoire de rivalité, entre tendresse et passion enflammée menant à la folie. Un opéra dramatique parfaitement équilibré qui fait preuve d’une écriture tout à fait stylisée, efficace, où l’on est confronté à de merveilleux moments de magnifique intensité.
Les arias sont superbes, les duos poignants, le rôle principal vocalement redoutable dégage une large palette d’émotions diverses . La première à le tenir fut Giuditta Pasta dont on dit qu’elle avait une voix incroyable avec une virtuosité puissante, dramatique. C’est dans la villa de la cantatrice que Donizetti composa une grande partie de son opéra.
Giuditta Pasta dans le rôle d’Anne Boleyn – Tableau de Karl BRULLOV
Maria Callas avait toutes les qualités vocales et théâtrales pour ce rôle. Elle réhabilitera cet opéra tombé dans l’oubli, et ce de façon remarquable en 1957 à Milan dans une mise en scène de Luchino Visconti.
( Vidéo Maria CALLAS interprète » Al dolce guidami » / Acte II de l’opéra. – Elle est accompagnée par le PHILHARMONIA ORCHESTRA dirigé par Nicola RESCIGNO )
» Sur le quai de gare Parmi les fumées de cigare Silhouettes se dessinent Dans le brouillard La cohue de ces moments fugaces S’étale sur ce quai de gare Qui un instant plus tôt Était un vrai désert Le train entre en gare Annoncé par cette musique Qui hante toutes les gares. Le chef de gare entre en scène Armé de son signal. Les portes du train s’ouvrent Laissant apparaître les visages aimés Après des retrouvailles animées Les repas de famille, Il faut de nouveau se séparer. Les rires de l’arrivée Font place aux vues embrumées On s’efforce de sourire Pour ne pas humidifier Les yeux de ces chers aimés. On s’embrasse On s’enlace On se promet des coups de fil, Des lettres, que l’on ne saura écrire. Le train entre en gare C’est le départ. Les portes se ferment Les au revoir fusent Le mouchoir glisse du fond des poches. Contre la vitre, Un sourire fugitif. Que c’est dur des au revoir Comme des adieux sur un quai de gare Il faut être fort Pour celui qui est à côté de nous Et qui quitte ses aimés. » Marie-France BEAUJEAN (Poétesse française)
» Le thé, une boisson ignorée pendant des décennies, est redevenu collectionnable. Mais bien qu’on le qualifie d’antiquité, il est vivant. A travers le goût et l’odorat, chaque gorgée ouvre notre cœur aux souvenirs de famille, d’amour et des difficultés que nous avons surmontées. Nos ancêtres croyaient que les meilleurs thés pouvaient éliminer l’arrogance, dissiper l’impatience et alléger notre tempérament … La couleur de l’infusion est riche, sombre, mystérieuse. Le goût initial est poivré, mais se dissipe en une douceur divine. L’histoire de mon peuple frisson dans mes os. A chaque gorgée, c’est comme si je récitais muettement ma lignée. Je suis à la fois unie à mes ancêtres et à ceux qui viendront après moi. On ma appris que le riz sert à nourrir, et le thé à guérir. A présent, je comprends que le thé sert aussi à relier à et rêver. Cette séduction est plus profonde que celle de n’importe quelle homme. » Lisa LEE (Écrivaine américaine d’origine chinoise. Extrait de son livre La mémoire du thé)
» Rien au monde ne peut remplacer la persistance. Ni le talent, rien n’est plus commun qu’un homme de talent qui ne réussit pas. Ni le génie, le génie méconnu est preste devenu proverbial. Ni l’instruction à elle seule, le monde est rempli d’épaves instruites. Seules la persistance et la détermination sont toutes puissantes. » Calvin COOLIDGE (Homme d’État américain)
» La mer au seuil de la chambre abandonne algues et conques.
Il n’est barque qui n’accoste aux marches d’une alcôve, ni bateau qui ne livre ses gréements au havre d’une épaule.
La mer dans la chambre, son soleil dans une main, mouille aux sables de quatre murs.
À l’heure où se meurt l’écume commence l’odyssée d’un lit, toutes voiles déployées sur nos marées intérieures. » Kettly MARS (Écrivain, romancière, poétesse, nouvelliste haïtienne)
Nul ne peut affirmer avec certitude que Picasso et Rodin se soient rencontrés un jour . Il n’y a aucune preuve . Par contre énormément d’hypothèses et d’anecdotes ont été avancées, dont on ne saurait confirmer la véracité. La seule qui est souvent reprise, est que Picasso a très certainement visité l’expo Rodin au Pavillon de l’Alma en 1900 et qu’il appréciait le travail du sculpteur.
Tout le monde les connaît, leur réputation n’est plus à faire, on les considère comme des génies, des artistes hors-normes etc… L’un fut un artiste du XIXe siècle, annonciateur de l’art moderne(Rodin) , l’autre celui du XXe siècle, l’a parfaitement incarné(Picasso). Des hommes modernes admiratifs des maîtres du passé, avec, en particulier une admiration commune pour Michel-Ange dans le domaine de la sculpture, et pour Honoré de Balzac pour la littérature.
« Balzac en bas de casse et Picasso en majuscule » 1952 lithographie -Pablo PICASSO (Musée Picasso/Paris)
» Balzac tête monumentale » 1898 env. Auguste RODIN (Musée Rodin/ Paris)
Cette année c’est une exposition un peu différente qui nous est proposée, organisée à la fois par le Musée Picasso et le Musée Rodin de Paris. Une rencontre qui nous permet de constater que les intentions artistiques de Rodin et Picasso ont souvent été les mêmes. Elle se déroule simultanément dans les deux institutions : une (Musée Picasso) aborde la question des ateliers et le côté privé de la création , et l’autre (Musée Rodin) s’est penchée sur les solutions plastiques que tous deux ont mis au point pour monter le réel.
Elle s’intitule PICASSO/RODIN et se tiendra jusqu’au 2 janvier 2022. Un face-à-face, une confrontation qui réunit environ 300 œuvres (peintures, sculptures, dessins, documents, photos) , dont certaines sont méconnues.
Pablo PICASSO en 1904 à Montmartre
Auguste RODIN en 1903
Rodin et Picasso ne sont pas de la même génération. Le premier avait 41 ans de plus (né en 1840) que le second (né en 1881) . Lorsque Picasso (18 ans) est l’objet d’une première exposition à Barcelone en 1900, Rodin est déjà au sommet de sa carrière. Pablo, le connaissait car il avait vu des photos des œuvres de Rodin, notamment le Penseur. Pour lancer sa carrière de peintre, il décide de quitter son Espagne natale pour se rendre à Paris et part en compagnie de son ami le peintre Carlos Casagemas. Ils s’installent à Montmartre, se rendent souvent dans les principaux musées de la ville, et fréquentent de nombreux cabarets. Picasso décide d’assister à une rétrospective de Rodin qui va profondément le marquer.
Si il a admiré l’œuvre de Rodin, Picasso ne s’est pas gêné de le critiquer, parfois même de façon dédaigneuse comme par exemple lors du débat qui eut lieu au sujet du remplacement du Monument à Victor Hugo : » Le Rodin est une petite chose pour une si grande place. Ce serait très bien si on n’a pas autre chose en attendant. En attendant mon monument, par exemple » aurait-il déclaré, ce qui aurait déclenché les foudres de Alberto Giacometti : » Je souhaite à Picasso d’avoir toujours autant de choses à nous dire et aussi clairement que Rodin !
Dotés d’un égo surdimensionné, autoritaires, Picasso et Rodin ont été des avant-gardistes, des révolutionnaires dans leur art. On peut même dire qu’ils en ont bouleversé tous les codes . Tous deux ont aimé expérimenté, réinventé la création, apporté des éléments externes dans leur travail, se renouveler sans cesse – Deux boulimiques de travail, reconnaissables entre tous, audacieux, inventifs, novateurs qui ont eu, comme on le dit souvent, de nombreux points de convergences dans ce qu’ils ont entrepris, et ce de façon très signifiante.
« Les Ombres » avant 1886 Auguste RODIN(Musée Rodin/Paris) *
« Nature morte à la chaise cannée » 1912 Pablo PICASSO (Musée Picasso/Paris)
« Tête de femme(Fernande) » 1909 – Pablo PICASSO (Galerie nationale à Prague)
« Iris, messagère des dieux » 1895 -Auguste RODIN(Musée Rodin/Paris)
Ils ne se sont pas arrêtés à une idée , ils ont toujours essayé de voir plus loin. Il ne se sont pas contentés de créer une œuvre, ce qui au demeurant était déjà quelque chose, mais ils n’ont surtout jamais pensé qu’elle était définitivement terminée. Ils ont toujours voulu aller au-delà de ce qu’il venait de créer, et sont passés d’une technique à l’autre sans véritablement de difficultés.
» Terminer une œuvre ? Quelle bêtise ! Terminer cela veut dire en finir avec un objet, le tuer, lui enlever son âme » Pablo Picasso en 1935
» Je ne suis pas pour le fini, mais pour l’infini » Auguste Rodin
Ils ont eu de nombreux points communs : aimer énormément la nature, laquelle a été pour chacun d’eux une source de création et d’inspiration. Avoir été de très grands collectionneurs. Avoir porter une attention très particulière au corps humain, aux mouvements, à l’attitude, aux gestes et avoir eu un goût commun pour l’assemblage et les fragments.
L ‘un comme l’autre ont eu l’envie ‘‘ de continuer » même après leur mort, à savoir éprouver la nécessité d’avoir, par exemple, un musée pour transmettre aux générations qui viendraient après eux. Ils ont supervisé et contrôlé (Picasso plus que Rodin certainement) ce qui allait continuer après eux.
Durant toute leur carrière, à deux époques différentes, Picasso et Rodin ont fait preuve de liberté dans leurs créations. Leur talent a été reconnu très tôt : Rodin a 17 ans lorsqu’il reçoit déjà ses premiers prix. Picasso n’est pas plus vieux lorsque son père comprendra combien son fils est doué et le poussera à passer de nombreux concours qu’il réussira brillamment.
L’œil a été pour les deux un organe important, mis au service de la création. Ils furent, en effet, de grands observateurs, avec un sens aiguisé de la curiosité. Ce qui aura pour conséquence un afflux incessant de créations, d’envie de voir encore plus de nouvelles choses qui alimentent leur créativité, leur inventivité. Cela les aura poussés, continuellement, vers le désir de créer un chef-d’œuvre absolu qui les dresserait à même hauteur que les maîtres du passé. Il y a un fait incontestable qui ressort de ses deux hommes, c’est qu’ils ont été complètement dévoués à leur art. Que seul l’art a compté plus que n’importe quoi d’autre.
Le succès est venu tardivement pour Rodin. Il avait 50 ans. Les journaux de l’époque ne l’épargnaient pas vraiment, et le caricaturaient souvent, que ce soit lui personnellement ou ses œuvres. Le succès n’a pas vraiment changé les choses. C’est par la photographie-documentaire, un média qu’il affectionnait beaucoup, que Rodin permettra de mieux de le connaitre et l’apprécier. Il fit réaliser des portraits ou photographier son travail par des photographes connus de l’époque comme Käsebler, Limet, Coburn et surtout Steichen (le premier) . Il acceptera, par la suite, d’être le sujet principal d’un film-documentaire réalisé par Sacha Guitry en 1919.
Pour Picasso les choses furent différentes parce que l’époque n’était pas la même. Elle verra la naissance et le développement de nombreux médias tels que la radio, la télévision et encore davantage de journaux et magazines. Dès qu’il commencera à être connu, reconnu et apprécié, on le verra partout et il aimera se montrer, n’hésitant pas à se prêter au jeu de la photo, même volée finalement. Il a fait souvent la une des grands magazines, comme Paris Match. Henri Georges Clouzot réalisera un film-documentaire sur lui (Le mystère Picasso) dans les années 50 qui recevra le Premier prix du jury à Cannes
L’atelier a été très important pour les deux hommes car vu surtout comme un laboratoire, un lieu d’expérimentation – Pour Rodin il y aura le Dépôt des marbres à Paris, la villa des Brillants à Meudon. C’est là qu’il vivait, là qu’il travaillait aussi, entouré de ses assistants et secrétaires. L’Hôtel de Biron était plutôt le lieu de rendez-vous avec ses clients, commanditaires etc… là qu’il vendait ses œuvres. Il deviendra la propriété de l’État en 1911, lequel en fera le Musée Rodin.
Pour Picasso il y aura, dans ses années de jeunesse, l’atelier du 23 rue de la Boétie. C’est une maison à deux étages avec au premier un appartement où il s’installe avec son épouse Olga. De nombreuses soirées sont organisée, durant lesquelles le couple reçoit tout ce qui compte de personnalités importantes à Paris. Au second étage, c’est l’atelier. Il va y demeurer jusqu’en 1936. Il y a aussi la maison Boisgeloup où il installera un très grand atelier pour sa sculpture dans les années 1920. Il est aussi l’endroit où il vit avec Marie-Thérèse Walter. En 1937, ce sera l’atelier des Grands Augustins, sur deux niveaux de cet hôtel particulier. Il se partagera entre les deux. Et enfin, coup de foudre pour Mougins, dans les Alpes-Maritimes, en 1936. Il s’y plait , s’installe (de 1961 jusqu’à sa mort) dans le mas provençal Notre-Dame-de Vie (ou l’Antre du Minotaure) avec sa dernière épouse Jacqueline. Son atelier est immense, tout comme la propriété, et elle lui permet de recevoir un grand nombre de ses amis.
« Picasso peignant Guernica dans l’atelier des Grands-Augustins » fait partie d’une série de photos de Dora Maar (Collection Musée Picasso/Paris)
« Rodin dans son atelier » 1889 Allan OSTERLIND (Alteneum Art Museum/Helsinski)
Autre attrait commun : les femmes, le corps féminin, l’érotisme, la sexualité ! Vaste sujet chez eux. Elles aussi les ont fortement inspirés. Rodin dira à qui veut bien l’entendre que Rose Beuret fut la femme de sa vie, mais c’était un coureur. Il a eu de nombreuses maîtresses, certaines furent ses mêmes ses modèles, des modèles qui n’ont pas hésité, selon ses désirs, de poser dans des attitudes très osées, coquines et sensuelles pour l’époque.
Chez Picasso, une femme différente a été assimilée à ses périodes picturales. Le corps féminin a eu une grande importance dans leur art. Il a représenté le désir, la possession, le modèle, le plaisir, les étreintes, la passion, mais la soumission aussi. Picasso est allé jusqu’à s’inventer un double, Le Minotaure, pour traduire ses désirs érotiques, voire même bestiaux, les plus fous.
» L’art n’est jamais chaste » Pablo Picasso
« L’art n’est qu’une forme de l’amour. Oh ! je sais, bien des moralistes pudibonds se boucheraient les oreilles. Mais quoi ! J’énonce à haute voix ce que pensent tous les artistes. Le désir ! Le désir ! Le désir ! Quel formidable stimulant « Auguste Rodin
» Je suis belle » plâtre de 1886 env. Auguste RODIN (Musée Rodin/Paris)
» Dora et le minotaure » crayon de couleur et encre de chine 1936 Pablo PICASSO (Musée Picasso/Paris)
» Femme accroupie grand modèle » plâtre 1904/1908/1921 Auguste RODIN(Musée Rodin/Paris)
» Le rêve » 1932 Pablo PICASSO (Collection particulière)
« Le baiser » 1881/1882 Auguste RODIN (Musée Rodin/Paris)
« Le baiser » 1969 Pablo PICASSO (Musée Picasso/Paris)
Tous deux ont connu un drame dans leur vie privée : le décès d’une sœur bien-aimée. Pour Rodin, c’est Marie-Louise, son ainée, qui meurt à l’âge de 25 ans. Elle était novice dans un couvent d’Ursulines. Il va tellement en être bouleversé, qu’il envisagera d’entrer, lui aussi, en religion. C’est son père qui l’en dissuadera.
Pour Picasso, c’est sa petite sœur Conchita. Elle meurt des suites d’une diphtérie. Il a beaucoup prié pour qu’elle s’en sorte, allant même jusqu’à promettre de ne plus peindre si cela devait la sauver. Mais il n’en fera rien : la douleur intense de sa perte va le conduire à se réfugier dans son art.
Ils ont entretenu des relations très compliquées avec les femmes. Pour Rodin : Camille Claudel. En 1882, lorsqu’elle le rencontre, elle a 18 ans et lui 42. Elle deviendra son élève, sa collaboratrice, sa muse, sa maitresse. Ils vont connaître une relation vraiment passionnée certes, mais faite aussi de déchirements, de séparations et de réconciliations. Il deviendra le pygmalion, le confident, l’amant, mais jamais le mari. Le problème est que Rodin a une double vie en la personne de Rose Beuret une couturière qu’il a rencontrée en 1864 et qui est son modèle. Il ne parviendra jamais à la quitter. Par ailleurs, Rodin reconnaitra que Camille avait du talent, mais elle va devoir s’émanciper de lui pour exister artistiquement parlant. Elle veut être comprise et apprécier pour son travail personnel.
Cette situation va très vite se dégrader, surtout que Rodin va enfin se décider à épouser Rose. Ils auront un fils . Il a, par ailleurs, l’envie de rayer de sa vie la liaison avec Camille, trop dévastatrice. Malheureusement, comme on le sait, Camille ne s’en remettra pas. Elle sera atteinte par une névrose obsessionnelle, s’enfermera dans son atelier, vivant au milieu de ses sculptures, en détruisant certaines, dans un état de saleté terrifiant et sombrera dans une démence qui la conduira à un placement en 1913 à l’asile de Ville-Evrard, puis à Montdevergues où elle mourra.
Picasso, quand à lui, rencontre un jour de 1927, Marie-Thérèse Walter. Il a 45 ans, elle 17. Elle le fascine, devient son modèle, sa maîtresse, sa muse, son modèle. Tout pourrait être parfait, sauf que Pablo est marié à Olga. Ils ont un fils, Paulo. Donc, ne souhaitant pas se séparer de l’une et de l’autre, il installe, durant l’été, sa famille légitime à Dinard, et pas très loin sa relation adultérine. Une situation un peu scandaleuse. L’histoire continue lorsque l’été prend fin. Il fait l’acquisition en 1930 d’une propriété à Boisgeloup pour pouvoir travailler, mais abriter ses amours avec Marie-Thérèse. Ils auront une fille en 1935 : Maya. Au travers de ses tableaux de l’époque, on peut sentir que le peintre est heureux.
Le seul problème est que Olga se refuse au divorce. Elle décide, de par sa position légitime de s’installer à Boisgeloup. Picasso installe donc Marie-Thérèse et Maya à Tremblay-sur-Mauldre, non loin de Versailles. Pour pouvoir « profiter » de ses deux familles, il les place finalement, toutes deux à Royan, dans deux villas. Mais l’affaire va se corser car Pablo tombe amoureux de Dora Maar. Relation passionnelle, tumultueuse et dévastatrice entre eux. Elle sera sa compagne durant une dizaine d’années, mais aussi son modèle, sa nouvelle muse. Il va la pousser à s’adonner à la photographie qu’elle aime tant. Lorsqu’ils vont se séparer, elle sombrera dans une forte dépression, flirtant avec la psychiatrie, fera un séjour à l’hôpital Sainte-Anne. Jusqu’à la fin de sa vie, elle vivra recluse, solitaire dans son appartement à Paris ou sa maison dans le Luberon, cadeau d’adieu de Picasso. Elle se tournera vers la religion, allant à l’office tous les matins.
Olga meurt en 1955. Elle restera officiellement mariée à Pablo jusque-là . Marie-Thérèse se suicidera en 1977. Dora Maar est morte en 1997. Elle ne s’était jamais séparée de tout ce qui pouvait lui rappeler sa vie et sa relation amoureuse avec le peintre et ce même lorsqu’elle connaîtra une situation financière très précaire.
Rodin repose à Meudon dans le parc du musée et de depuis l’année de sa mort à savoir en 1917. A ses côtés : Rose Beuret ( décédée la même année que lui). Elle fut sa muse, sa compagne , et son épouse . Sur leur tombe, il y a un exemplaire du Penseur. C’est le premier directeur du musée, Léonce Bénédicte, qui en a eu l’idée et on suppose que Rodin ait donné son accord .
Picasso est mort en 1973. Il est enterré dans le parc de la propriété de Vauguenarques. A ses côtés : Jacqueline Roque qui le rejoindra en 1986. Tous deux avaient choisi en 1934, la statue qu’ils souhaitaient voir sur leur tombe, à savoir un exemplaire en bronze de la Femme au vase.
» Qui peut savoir ce qui se passerait si toutes les petites filles de la terre s’arrêtaient de danser ? Qui sait si sans elles, qui la poussent du bout des pieds, la terre ne s’arrêterait pas de tourner ? » Jos HOESTLANDT (Auteur de livres pour la jeunesse)
» Ô le calme jardin d’été où rien ne bouge ! Sinon là-bas, vers le milieu De l’étang clair et radieux, Pareils à des langues de feu, Des poissons rouges.
Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées Calmes et apaisées Et lucides – comme cette eau De confiance et de repos.
Et l’eau s’éclaire et les poissons sautillent Au brusque et merveilleux soleil, Non loin des iris verts et des blanches coquilles Et des pierres, immobiles Autour des bords vermeils.
Et c’est doux de les voir aller, venir ainsi, Dans la fraîcheur et la splendeur Qui les effleure, Sans crainte aucune et sans souci, Qu’ils ramènent, du fond à la surface, D’autres regrets que des regrets fugaces. » Emile VERHAEREN (Poète belge flamand d’expression française/ Extrait de son recueil Les heures d’après-midi)
Les Partitas devaient, à l’origine, être des Suites allemandes comme Bach l’avait préalablement fait avec les Suites anglaises et les Suites françaises. Finalement, lorsqu’il les fera publier, elles porteront le nom d’exercices pour clavier consistant en Préludes, allemandes, courantes, sarabandes, gigues, menuets et autres galanteries.) -Il y en a six, écrites pour le clavecin, entre 1726 et 1731, à l’époque où le compositeur était Maître de Chapelle à Leipzig.
Franchement, on peut dire qu’il y a tout le génie de Bach dans ces pièces. N’ayons pas peur des mots : ce sont des chefs-d’œuvre ! Différentes les unes des autres, chacune ayant son propre caractère, elles sont élégantes, jubilatoires, éloquentes, expressives, virtuoses, harmonieuses, lumineuses, dotées d’une grande liberté d’écriture, d’un petit grain de fantaisie parfois, de sensibilité et de sérénité aussi.
Mon choix premier d’interprétation s’est porté sur Glenn GOULD parce que tout simplement il ne ressemble à aucun autre lorsqu’il se retrouve face à Bach. il a ce grand talent, cette spiritualité, et ce génie si particulier qui font que, pour ma part, je le place au-dessus des autres. Il a dit un jour « les compositeurs que je joue sont des gens qui vont au-delà de l’instrument » : c’est valable pour lui aussi je trouve.
Toutefois, j’ai tenu à ajouter Murray PERAHIA qui n’est absolument pas un débutant. C’est un talentueux pianiste connu sur la scène internationale. En 2008, il a proposé une version de trois Partitas que j’ai trouvé intéressante. Je ne pense par à avoir été la seule puisqu’il a eu beaucoup de succès à sa sortie. Il disait à propos de ces Partitas « Cette musique est si grande qu’elle contient tout, mais sa structure n’est pas romantique. Il faut se garder d’y mettre trop de dynamique et de sentiments » Il n’a pas failli vis-à-vis de ces sublimes pièces
» Point de tâche plus humble, presque pas de sujet : trois femmes d’âge indéfini et d’une physionomie indistincte s’échinent à ramasser les épis demeurés sur le sol après une moisson abondante. Les ombres courtes suggèrent que le soleil, dont l’ardente chaleur a décoloré la plaine de Chailly, vient d’atteindre son zénith. Les glaneuses auront jusqu’au soir pour accomplir leur dure besogne, tolérée par le pouvoir communal. Lié au thème séculaire » poussinien » des saisons, le célébrissime tableau d’Orsay est donc, au premier chef, une illustration de l’été, l’été même pour ainsi dire. Cette valeur de paradigme est atteinte par un degré de généralisation fascinant, confinant à l’abstraction. Ces femmes, astreintes à une tâche aussi répétitive qu’harassante, apparaissent, à certains égards, comme réifiées. Le peu de singularité qu’elles conservent repose sur la subtile variation chromatique que Millet opère dans le traitement de leurs rudes habits paysans délavés.
Si la scène est précisément définie dans l’espace ( une plaine d’Ile-de-France rôtie par le soleil estival) sa temporalité, comme souvent chez Millet, apparaît vague. Rien n’indique que la scène se passe au début du Second Empire, aucun élément trivial ne vient l’actualiser aux yeux du spectateur. La conséquence, heureuse, de ce choix esthétique, joint à la forte plasticité des glaneuses et au rythme puissant, implacable, quasi mathématique que leur imprime le peintre, est de projeter ce tableau » sans récit » hors de toute platitude anecdotique. A l’opposé exact d’une scène de genre campagnarde, l’œuvre atteint une forme de classicisme intemporel qui a fait évoquer par la critique quelque bas-relief antique et jusqu’aux frises du Panthénon même. » Geneviève LACAMBRE (Conservateur général honoraire du patrimoine – Extrait revue Dossier de l’art )
« Les Glaneuses » 1857 Jean-François MILLET (Musée d’Orsay/Paris)