» Un Pas de Deux, c’est un dialogue entre deux amoureux. Comment peut-on l’entendre si l’un des deux est muet ? » Rudolf NOUREEV (Danseur Étoile russe, chorégraphe)
Mois : mai 2021
L’infini …
» Toujours elle me fut chère cette colline solitaire
et cette haie qui dérobe au regard
tant de pans de l’extrême horizon.
Mais demeurant assis et contemplant,
au-delà d’elle, dans ma pensée j’invente
des espaces illimités, des silences surhumains
et une quiétude profonde ; où peu s’en faut
que le cœur ne s’épouvante.
Et comme j’entends le vent
bruire dans ces feuillages, je vais comparant
ce silence infini à cette voix :
en moi reviennent l’éternel,
et les saisons mortes et la présente
qui vit, et sa sonorité. Ainsi,
dans cette immensité, se noie ma pensée :
et le naufrage m’est doux dans cette mer … » L’infini est un poème de Giacomo LEOPARDI (Poète italien) – Extrait de son recueil Canti (Chants)

Sonate BWV 68 : pour le Lundi de Pentecôte … Jean-Sébastien BACH
« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. » Acte des Apôtres/Chapitre 2
La belle et sereine Cantate religieuse BWV 68 a été écrite en 1725 à Leipzig et créée pour le lundi de Pentecôte. Elle fait partie des neuf Cantates qui furent composées pour cette fête par Jean-Sébastien Bach. Contrairement aux autres, celle-ci n’a que cinq mouvements. Elle s’intitule Also hat Gott die welt geliebt (Ainsi Dieu a t-il témoigné son amour pour le monde)- Elle est basée sur des textes de l’Évangile, notamment ceux de l’Évangile selon St Jean, l’Acte des Apôtres, et ceux de l’ écrivain et poétesse allemande Christiana Mariana Von Ziegler .
Elle est assez jubilatoire, d’une grande richesse, très inventive que ce soit dans le choral comme dans l’instrumental.

Concerto pour hautbois N.1 … Ludwig August LEBRUN

Lebrun fut hautboïste à la Cour de Mannheim, compositeur de musiques pour la danse, mais également des musiques de Chambre. Il a, par ailleurs, écrit des Concertos pour la flûte et bien sur pour son instrument : le hautbois.
Celui-ci est magnifique, assez élégant, raffiné, empreint de délicatesse et de style galant, à la fois gracieux, virtuose et vigoureux.
Une vague …
« Une vague revient toujours, et elle est toujours différente.
C’est la même eau, mais c’est une autre vague.
L’important, c’est que c’est une vague.
L’important, c’est qu’elle revient.
L’important, c’est qu’elle revient toujours différente.
Le plus important de tout : si différente soit-elle en revenant,
elle revient toujours en vague de la mer. » Marina TSVETAIEVA (Poétesse russe)

Le dimanche …
« Tous les jours de la semaine se ressemblent, sauf le dimanche : le rythme est plus lent, on récure les corps et les esprits. « Jacques RENAUD (Écrivain québécois)

Victor HUGO : la liberté au Panthéon …

» Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises. Je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu ... » Demande faite dans le codicille du testament qu’il avait remis en 1883 à son ami le poète, dramaturge, photographe et journaliste français Auguste VACQUERIE)
« Mais qu’est-ce que notre deuil de famille au milieu du deuil national qui fait cortège à notre illustre confrère ? Toute la France est là. Faut-il parler de l’éclat incomparable de son œuvre, de cette imagination merveilleuse, de cette magnificence de style, de cette hauteur de pensée qui font de lui un maître sans pareil ? Ses droit à l’admiration des siècles sont proclamés plus éloquemment que je ne saurais le dire par cette cérémonie sans précédent, par cette affluence de populations accourues des quatre points cardinaux à ce pèlerinage du génie. Grand et salutaire spectacle Messieurs ! Il est juste, il est beau qu’une partie rende en honneurs à ces fils, ce qu’elle reçoit d’eux en illustration. Au souverain poète, la France rend aujourd’hui des honneurs souverains. » Auguste AUGIER (Membre de l’Académie française, lors de son oraison funèbre en juin 1885)
» Né avec le siècle, il semblait devoir mourir avec lui. Il l’avait tellement personnifié qu’on ne les séparait pas et que l’on s’attendait à les voir partir ensemble. Le voilà parti le premier. « Auguste VACQUERIE (Poète, dramaturge, photographe et journaliste français)
» La Rome antique a laissé le souvenir impérissable des triomphes qu’elle réservait aux plus illustres de ses généraux victorieux. L’histoire trace un tableau éblouissant de ces immenses défilés qui se déroulaient indéfiniment avec leurs étendards, leurs trésors conquis, leurs innombrables multitudes humaines, dans les rues de la capitale du monde. Les funérailles de Victor Hugo furent une sorte de triomphe posthume, décerné par la Patrie française au Génie qui avait combattu et souffert pour le droit. » Camille PELLETAN (Historien, journaliste et homme politique français)

En raison de la Covid, le Panthéon était fermé. Selon les nouvelles dispositions gouvernementales, il a donc pu ré-ouvrir ses portes le 19.5.2021 et nous permettre de voir l’exposition organisée pour le 135e anniversaire de la mort de Victor Hugo ( 22.5.1885 à 13 H 27 en son domicile). Elle se déroule dans la crypte où il repose non loin de Voltaire et Rousseau.
Elle s’intitule : » VICTOR HUGO – La liberté au Panthéon «
» Le panthéon est un gâteau de Savoie ayant Hugo pour fève » Georges FOUREST (Poète français)
Pour situer le lieu, il faut savoir que le Panthéon était à l’origine une église de style néo-classique fondée en l’an 507 par Clovis roi des Francs : l’église Sainte-Geneviève, dans le but de recevoir un jour les sépultures de sa femme Clotilde et la sienne. En 1744, ladite église n’est que ruines. Louis XV était à Metz pour voir ses troupes. Il tombe malade (probablement une dysenterie, accompagnée d’une forte fièvre). Il est tellement mal qu’il reçoit même l’extrême-onction ! Il promet à Dieu que si il guérit, il fera reconstruire l’édifice. Chose promise, chose due, il va mieux, délègue le frère de la Marquise de Pompadour, le marquis de Marigny, pour s’en occuper, lequel confie cette tâche à l’architecte Germain Soufflot. Ce dernier décède et ne verra pas l’achèvement (par ses élèves) de la construction en 1789 . Elle sera transformée en 1791 en nécropole nationale des grands hommes par l’Assemblée Constituante.
» Le Panthéon gigantesque et spectral avait, autour de sa rondeur, un cercle d’étoiles, comme si pour fêter un génie, il se faisait une couronne des âmes de tous les grands hommes auxquels il est dédié » V.H.
En 1793, le fronton, réalisé par Guillaume Moitte, portera l’inscription Aux grands hommes la patrie reconnaissante. A la mort de l’écrivain Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, l’Assemblée Constituante décide qu’il sera inhumé (le premier) dans ce Panthéon. Il en sera exclu deux ans plus tard pour trahison. Voltaire y entre la même année et Rousseau en 1794.
» Un siècle après la mort de Voltaire, nous saluons la même apothéose pour Victor Hugo. Ils ne se ressemblent pas ce poète et ce philosophe, deux conteurs merveilleux. Ils se ressemblent par l’amour de l’humanité. Ce sont deux papes de l’esprit Humain » Henry HOUSSAYE (Historien)
Pour ce faire, l’expo rassemble des objets personnels, photos, documents, affiches, journaux, tableaux, sculptures, et dessins prêtés par la Maison Hugo de Paris, Maison Hugo de Hauteville, mais d’autres institutions muséales.





On devait exposer sa dépouille au Palais du Luxembourg, comme on l’avait fait autrefois pour Gambetta au Palais Bourbon, mais il fallait que tous puissent venir lui rendre hommage. C’est pour cette raison que l’Arc de Triomphe fut choisi. Charles Garnier dessinera le catafalque en une semaine. Le monument sous lequel il se trouvait, portait lui aussi les voiles du deuil.
Écoles, Administrations, magasins fermés, drapeaux en berne, fenêtres des maisons drapées de noir . La veillée funéraire se fera sous l’Arc de Triomphe. Plus d’un million de personnes (quelle que soit la classe sociale) vont se précipiter pout pour suivre le cortège qui partira de l’Arc de Triomphe, descendra les Champs-Elysées vers la place de la Concorde, passera devant l’Assemblée Nationale , remontera le boulevard Saint Germain et arrivera au Panthéon, par la rue Soufflot. Un trajet long, qui prendra plusieurs heures avant d’arrivée à sa destination finale.
Hugo souhaitait être enterré au Père Lachaise pour reposer auprès de ses parents et ses deux fils. Malheureusement, la France en décidera autrement. Une majorité des voix adoptera un projet de loi qui stipulait que l’écrivain devait avoir des funérailles nationales. Mais ce n’était pas tout, il fallait mener l’homme populaire jusqu’au Panthéon .Le ministère de l’Intérieur charge une commission spéciale pour s’en occuper.
Des funérailles hors-norme (elles restent une véritable référence en la matière et jusqu’à ce jour il n’y a jamais plus eu d’exaltation comparable à celle de Hugo pour un tel évènement) telle une fête d’union nationale, avec la presse qui avait franchement mis le paquet en couvrant sans cesse la maladie de Hugo, sa mort, ses funérailles etc… Le nom de l’écrivain revenait sans cesse à la une des journaux et faisait les gros titres. Alors certes il y avait l’engouement politique et populaire mais il y a eu aussi des violentes critiques notamment venant de la part de l’extrême gauche et des ultra-catholiques. Les premiers ne se cachaient pas pour dire que le pouvoir en place faisait de la récupération politique, et les seconds étaient outrés qu’il n’y ait eu aucune messe et que la République avait organisé des funérailles païennes.
Vingt-et-un coups de canon ont retenti aux Invalides. L‘hymne Hugo Op.69 ( composé en 1881, joué et créé en présence de l’écrivain en 1884) fut dirigé par son compositeur Camille Saint-Saens- A l’Arc de Triomphe ce sera la Marche Funèbre de Frédéric Chopin qui fut interprétée. Le long du parcours du cortège, on entendra la Marseillaise, le Chant du départ, et le Chant des Girondins.



Victor Hugo fut un poète, romancier, dramaturge, dessinateur, député de Paris en 1871, sénateur de la Seine en 1876 ; un homme complexe, engagé politiquement parlant ( comme le furent avant lui Lamartine et Chateaubriand ) , investi dans les causes qui lui tenaient à cœur, proche du peuple (ce dernier le lui a bien rendu). Il fut un grand défenseur de la liberté, s’est battu contre la peine de mort, a mené de très grands combats et n’a laissé personne indifférent ! Un pacifiste qui croyait de le progrès serait capable de tout libérer, un défenseur du travail, de l’éducation, du droit des femmes. S’il a réussi dans sa carrière et a gagné de l’argent, il est resté très proche de ceux qui n’en avaient pas.


Il a été une figure populaire assez exceptionnelle, fortement soutenue par le peuple qui admirait la possibilité qu’il avait d’accorder ses paroles avec ses actes. Il observait non seulement cette société aux inégalités qui souffrait énormément , mais également cette haine que les pauvres pouvaient éprouver vis-à-vis de la bourgeoisie, ainsi que la délinquance qui pour lui partait de la misère, les crimes, la prostitution etc… Par ailleurs, il apportait une attention particulière au droit, à l’univers judiciaire et aux lois.
Hugo a eu une passion pour l’écriture, l’histoire. Il fut une figure illustre du romantisme français, mouvement littéraire et politique dans lequel l’importance était donnée aux sentiments, à la nostalgie, à la nature, à la spiritualité. Son romantisme personnel ne s’est pas porté uniquement sur sa personne, mais on le retrouve dans ses œuvres, ses poésies, ses pièces de théâtre. Tout y est : l’émotion, l’amour, l’injustice, la religion etc… .
Il a traversé tous les grands évènements du XIXe siècle. En effet, à l’époque où il vient au monde Napoléon Ier est empereur. En 1814, il abdique, revient après les 100 Jours, mais la défaite de Waterloo l’oblige à se retirer définitivement. Après lui, Louis XVIII et Charles X à sa suite, prennent le pouvoir. Les 27/28 et 29 juillet 1830 ce sont les Trois Glorieuses et Louis Philippe d’Orléans monte sur le trône de France. En 1848, le peuple se soulève. Politique et littérature (avec Lamartine en tête) s’unissent et la IIe République voit le jour. Louis Bonaparte, neveu du précédent, se déclare empereur sous le nom de Napoléon III. En 1870 la France déclare la guerre à la Prusse. Napoléon Ier est fait prisonnier lors de la bataille de Sedan. Le second Empire prend fin et la IIIe République s’installe.
Hugo fait partie de ces écrivains engagés pour lesquels la littérature a eu des liens étroits avec l’engagement politique. Preuve en est l’acharnement mis à défendre, sans relâche, les principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. » La formule républicaine a su admirablement ce qu’elle disait et ce qu’elle faisait. La graduation est irréprochable. Liberté, Égalité, Fraternité. Rien à ajouter, rien à retrancher. Ce sont là les trois marches du perron suprême. La liberté c’est le droit, l’égalité c’est le fait, la fraternité c’est le devoir. Tout l’homme est là. Les heureux doivent avoir pour malheur les malheureux ; l’égoïsme social est un commencement de sépulcre ;, voulons-nous vivre , mêlons nos cœurs et soyons l’immense genre humain. Tout ce qui souffre accuse, tout ce qui pleure dans l’individu saigne dans la société. Personne n’est tout seul, toutes les fibres vivantes travaillent ensemble et se confondent, les petits doivent être sacrés aux grands, et c’est du droit de tous les faibles que se compose le devoir de tous les forts. J’ai dit. » a t-il écrit en 1875 (Le droit et la Loi) .
Compte tenu qu’il fut ultra royaliste, libéral pour la suite, républicain à la fin, beaucoup ont laissé entendre que s’il changeait autant c’était parce que cela devait servir ses intérêts. Comme il l’ expliqué ce ne fut pas le cas. Il a suivi sa route et à chaque fois que celle-ci prenait un chemin d’idées qui ne convenait pas à ses principes, et ce à quoi il aspirait, il s’est redressé, et en a changé

Ce mot de liberté a résonné très fort en lui dès son enfance. C’est son parrain le général Victor Fanneau de Lahorie qui lui avait dit lorsqu’il avait 6 ans » la liberté avant tout « . Et c’est d’autant plus resté ancré en lui, que cet homme a été fusillé trois ans plus tard pour conspiration contre l’Empire. Un évènement qui l’a hanté et qu’il n’a jamais oublié.
Cette envie de liberté se fera ressentir à chaque fois qu’il se sentira enfermé , y compris dans le mariage. Tout comme il aura très jeune un dégoût profond de la guerre, des pendaisons publiques, des assassinats punitifs, de l’esclavage, des exécutions, de la misère, de la souffrance. Autant de faits qui sont devenus des sujets pour un grand nombre de ses romans, poésies ou pièces de théâtre, et qui l’ont amené à militer sans relâche contre la peine de mort. Beaucoup d’évènements l’ont perturbé dans sa jeunesse, pour ne pas dire traumatisé et l’ont, très tôt, amené à des questionnements intérieurs se référant aux droits des personnes.
Ce n’est pas uniquement vis-à-vis de la politique qu’il était engagé, mais pour toutes ses autres prises de position personnelles : la liberté de la personne, celle dans la littérature, celle de traiter les sujets qu’il souhaitait exprimer sans avoir face à lui la censure, la liberté d’écriture, du vocabulaire, de la pensée aussi.
» Je ne suis pas Messieurs de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde. La souffrance est une loi divine. Mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment que l’on peut détruite la misère. Je ne dis pas diminuer, amoindrir, circonscrire, je dis détruire » V.H.
Il va militer également pour le droit des femmes, contre la misère,, pour la liberté de la presse, contre la censure ,surtout dans les théâtres à l’époque (lui-même en a fait les frais), défenseur des droits d’auteur, partisan de l’éducation libre, persuadé que l’instruction et la lecture était bénéfique à l’instruction, pour l’éducation gratuite. Il a toujours eu une grande confiance dans le progrès, souhaitant une Europe pacifiste et prospère. Et pour traduire tous ces sentiments de rejet, ses grandes causes importantes à ses yeux : il écrit ou il fait entendre sa voix notamment dans ses discours à l’Assemblée Nationale.
Hugo a écrit de nombreux romans, des recueils de poésie, et pièces de théâtre, sans oublier ses très nombreuses correspondances ou autres textes divers. A travers toutes ses œuvres il a fait passer un message, non seulement à la France, mais au-delà des frontières de son pays
Il est né en 1803. Son père était un général de Napoléon Ier. Sa mère Sophie Trébuchat une monarchiste. Troisième fils du couple, le dernier. Avant lui il y eut Abel en 1798, et Eugène en 1800. Il a vécu une enfance plutôt heureuse au départ malgré les nombreux déplacements de la famille en raison des obligations de son père. Mais les choses vont très vite changer : ses parents ne s’entendent plus, et les enfants se retrouvent ballottés de l’un à l’autre.
L’installation dans la maison des Feuillantines, où il se posera et vivra avec sa mère et ses frères sera une vraie bénédiction. Il écrira à propos de cette maison » C’est le soleil levant de ma vie, c’est tout un monde de souvenirs pour moi « . Puis en 1818, le jugement de séparation définitive de ses parents, est prononcé. Ils s’installeront au 18 rue des Petits Augustins qui désormais est la cour de l’École des Beaux-Arts) . Il n’y a malheureusement, plus de jardin ….
« Adieu, beaux jours de mon enfance,
Qu’un instant fit évanouir,
Bonheur, qui fuis sans qu’on y pense,
Qu’on sent trop peu pour en jouir ;
Plaisirs que mon âme inquiète
Dédaignait sans savoir pourquoi,
Vous n’êtes plus, et je regrette
De vous voir déjà loin de moi !
Reviens, bel âge que je pleure,
Ou de moins renais dans mes chants ;
Je veux de songes séduisants
Me bercer avant que je meure,
Et quand viendra ma dernière heure,
Rêver encor mes premiers ans. …. « V.H
Il se révèlera être un élève brillant, écrivant des poèmes très tôt et publiera son premier recueil en 1821 (Ôdes). Il n’a que 19 ans. Au départ, il se tournera vers des études de droit, puis laissera tout tomber pour ne se consacrer qu’à l’écriture et la littérature. 1821 c’est aussi l’année où il a la douleur immense de perdre sa mère, et que son père lui annonce son re-mariage avec Catherine Thomas. Un an plus tard, Victor épouse Adèle Foucher, une amie d’enfance. Alfred de Vigny (Écrivain, poète) et Félix Biscarrat (un ami d’enfance ) sont ses témoins.
Adèle lui donnera cinq enfants : Léopold (qui va mourir en bas âge), Léopoldine (1824) , Charles (1826), François-Victor (1828) et Adèle (1830). En 1831 il apprend de son épouse qu’elle entretient une liaison avec l’un de ses amis, le critique littéraire et écrivain Charles-Augustin Sainte Beuve. L’amitié se brise et la haine s’installe entre les deux hommes. L’infidélité d’Adèle cessera en 1837 lorsque son amant partira pour la Suisse.
Hugo a été un peu sonné par cet aveu d’infidélité, mais il est aussi volage et aime beaucoup les femmes. Il rencontre Juliette Drouet, une actrice de 25 ans. Coup de foudre passionnel, elle devient sa maîtresse. Leur liaison va durer très longtemps et pour autant il ne quittera jamais Adèle. https://pointespalettespartition.wordpress.com/2020/08/17/victor-juliette/


La décennie qu’il traversera sera très « politisée » dans son travail que ce soit dans sa poésie, en littérature ou au théâtre. Si la reconnaissance est forte, qu’il est appelé à entrer à l’Académie Française, qu’il obtient professionnellement un gros succès, sa vie personnelle est jalonnée de drames : il perd son frère en 1837 et sa fille Léopoldine en 1843 (un décès dont il ne se remettra jamais vraiment). – Elle est morte noyée à l’âge de 19 ans avec son époux.

Son recueil Les Contemplations, publié en 1856, comporte 158 poèmes en hommage à sa fille bien-aimée. C’est un ouvrage de souvenirs, d’amour, de joie, mais aussi de mort, de deuil et de foi.
» Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur«
Hugo va trouver une épaule compatissante et bienveillante en la personne de la nouvelliste et dramaturge Léonie d’Aunet, rencontrée chez un ami en 1841 . Elle deviendra sa maîtresse. On peut dire que c’est elle qui lui a redonné goût à la vie. Il faut dire que la dame savait, semble t-il, lui apportait une jouissance à nulle autre pareille… A l’époque, elle était séparée de son mari. Mais celui-ci la fait suivre. C’est ainsi qu’elle est surprise dans un hôtel avec Hugo. Vu la position de l’écrivain, il n’est pas inquiété. En revanche, elle fait deux mois de prison. A sa sortie, elle quitte définitivement son mari avec ses enfants et c’est Victor qui les prend en charge et l’aide financièrement. Tout en étant avec elle, il continue sa liaison avec Juliette et bien d’autres ! Entre-temps, Léonie est devenue l’amie de son épouse Adèle. Elle souhaitait le suivre en exil, mais ne le fera pas sur les conseils d’Adèle . Ils s’écriront jusqu’à son décès en 1879.

» On voit en vous, pur rayon,
La grâce à la force unie,
Votre nom, traduction
De votre double génie,
Commence comme lion,
Et finit comme harmonie. » Vers dédiés à Madame Léonie – V.H.
Il a profondément aimé la France, mais en sera banni par décret en janvier 1852 : il fut l’ami et confident du roi Louis Philippe Ier. Lorsque ce dernier abdique pour son petit-fils, Hugo va se placer du côté de ceux qui sont contre l’insurrection, puis s’en tiendra éloigné et se mettra, en 1851, du côté de la résistance. Le régime en place le poursuit. Il doit fuir. L’exil commence. Il quitte donc son pays, rejoint Bruxelles sans se douter que cet exil va durer presque vingt ans et feront de lui une véritable conscience politique, une figure importante de la liberté. Il ne cessera d’évoquer ses convictions, de parler de ses combats et luttes incessantes : quelques années à Jersey et très longtemps à Guenersey (15 ans) : » l’exil c’est la nudité de droit. Rien n’est plus terrible. Pour qui ? Pour celui qui subit l’exil ? Non, pour celui qui l’inflige. Le supplice se retourne et mord le bourreau« .
Sa famille le rejoint, Juliette aussi. Sa fille Adèle, bi-polaire, mythomane, souffrant d’hallucinations, devient folle et sa femme meurt en 1868. Beaucoup de mystère enveloppe Adèle. Les vers écrits par son père « Ma femme, votre mère, ô pauvre être innocent, Me trompait, je le sais, je pardonne, et j’espère ; J’ignore, ange endormi, si je suis votre père » ont fait dire à certaines personnes que cette enfant n’était pas de Victor, mais le fruit des amours adultérines de sa mère avec Charles Auguste Sainte-Beuve, son parrain et ami de son père. On ne le saura jamais. Elle repose au cimetière de Villequier (Normandie) aux côtés de sa mère et de sa sœur)

C’est depuis son exil qu’il continuera d’élever et faire entendre sa voix dans des messages de liberté et de paix. Il bouillonne, écrira des œuvres sublimes : L’homme qui rit, La légende des siècles, Le théâtre en liberté, les travailleurs de la mer( Je dédie ce livre au rocher d’hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le petit peuple de la mer, à l’île de Guernesey, sévère et douce ), terminera Les Misérables qu’il avait commencé quinze ans plus tôt. Tout y est dans ce livre : l’emprisonnement, la liberté, la misère, l’enfance malheureuse, la prison, l’injustice, la condition de la femme, des enfants etc… Tous les personnages de ce roman vont être une force et vont transcender : Cosette, Jean Valjean, Gavroche, Javert etc…

A Guernesey il s’installe à Hauteville House une maison qu’il va décorer avec, là encore, beaucoup de libertés éclectiques, de contrastes et de modernité . « N’ayant plus la patrie, je veux avoir le toit » disait-il, eh bien ce sera chose faite. Avec les droits d’auteur du recueil Les Contemplations, il fait l’acquisition de cette demeure, laquelle a été léguée par ses héritiers , à la ville de Paris en 1927 . Avec l’Hôtel de Rohan-Guimenée (Maison Hugo) Place des Vosges, Hauteville House est devenue, elle aussi, un musée.


Il refusera une première amnistie en 1852, et en refusera une seconde en 1869 » Quand la liberté rentrera en France, je rentrerai » . Il ne voulait pas « être obligé » mais libre de choisir le moment où il rentrerait dans son pays. Il le fera de son propre chef en 1870. Il sera accueilli en héros. Physiquement, il a changé. Malgré la barbe et les cheveux blancs il dira qu’il est un adolescent à l’infini, parce que certes il a vieilli mais ses idées bouillonnent toujours autant dans sa tête et qu’il est robuste malgré l’âge.

Malheureusement il vivra de de nouveaux drames : deux de ses fils décèdent (Charles en 1871 et François Victor en 1873 ). Sa fille Adèle est internée dans un asile psychiatrique en 1872, elle y restera jusqu’à sa mort en 1915.
En 1876 il entre au Sénat , publie de nombreux ouvrages et poèmes. En 1878, il est victime d’une attaque cérébrale. Il part se reposer à Guernesey dans sa maison. Très affaibli, il y restera quatre mois. A son retour, il n’écrit plus. Il fait de longues promenades dans Paris. Se met souvent à sa fenêtre pour regarder la foule qui le salue et à laquelle il répond. La population voit en lui un membre de leur famille, un grand-père.
En 1883 , il perd Juliette. Sa mort met fin à une liaison passionnée qui aura duré 50 ans. Il est tellement accablé de douleur qu’il n’aura pas la force de l’accompagner dans sa dernière demeure au cimetière de Saint-Mandé.
A l’âge de 80 ans, il écrit à l’encre ses premières dispositions testamentaires. Il y a des ratures, des mots bien soulignés. On dit que ce testament est une véritable profession de foi philosophique et spirituelle. Il n’a pas oublié toutes les personnes qu’il aime et qui sont encore en vie (notamment à sa fille Adèle pour qu’elle ne manque de rien dans sa maison psychiatrique) , tout comme il n’a pas oublié les pauvres. Les exécuteurs testamentaires nommés à sa demande furent Léon Say (Économiste) , Léon Gambetta (Homme politique) et Jules Grévy (Ancien président de la République)
» Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises. Je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu ... » Demande faite dans le codicille du testament qu’il avait remis en 1883 à son ami le poète, dramaturge, photographe et journaliste français Auguste VACQUERIE)
» Aimer c’est agir » derniers mots écrits par Victor Hugo sur son carnet
Hugo ce fut aussi le grand écrivain, poète, dramaturge que nous connaissons tous. Il a laissé derrière lui des œuvres sublimes que ce soit en poèmes, pièces de théâtre, romans etc… qui n’ a pas entendu parler de Hernani, de Ruy Blas qui sont vraiment des pièces marquantes de Hugo . Qui ne connait pas l’histoire de Notre-Dame de Paris, roman publié en 1831, tant de fois adapté. C’est quasiment un roman historique ! Que dire de son célèbre recueil Les Contemplations, publié en 1856, en rapport avec la mort de sa fille Léopoldine, sinon qu’il est absolument sublime …. Et n’oublions pas, bien sur, Les Misérables, publié en 1862, qu’il achève lors de son exil à Guernesey, un roman où se côtoient des personnages magnifiques, issus de milieux sociaux différents : la pauvre Fantine obligée de confier sa petite Cosette aux Thénardier, des aubergistes qui vont exploiter cette enfant , Gavroche le fils, véritable titi de Paris , Marius un jeune homme bien qui va tomber amoureux de Cosette, etc… Hugo a voulu, dans ce roman, montrer la souffrance, la misère, le crime, l’absence d’éducation, la délinquance.
Par ses écrits, Hugo n’a cessé d’influencé d’autres auteurs, poètes, écrivains, et ce, pas uniquement en France, mais ailleurs dans le monde aussi.

Sérénade pour cordes Op.48… TCHAÏKOVSKY
Cette très célèbre, élégante, merveilleuse et brillante partition fut écrite en 1880. Tchaïkovsky avait mis fin à un mariage désastreux, il avait beaucoup voyagé et faisait son retour en Russie. L’œuvre sera créée en 1881 à Saint-Pétersbourg sous la direction du chef et compositeur Eduard Napravnik. Elle fut dédiée au violoncelliste Karl Albrecht, son professeur au Conservatoire.
Composée comme il le dira lui-même avec le cœur, elle est pleine d’esprit et comprend quatre mouvements : Sonatina – Valse – Elegie et Tema Russo qui lui apporteront, chacun à leur tour, un côté passionné, grave, intimiste, irrésistible, émotionnel, lyrique.
Ce que j’ai appris …
» Ce que j’ai appris au fil des années, c’est la différence entre prendre son travail au sérieux (ce qui est important) et se prendre au sérieux (ce qui est désastreux). Toute sorte de prétention, dans l’art et dans la vie, mène à la médiocrité. » Margot FONTEYN (Danseuse étoile britannique)

S’asseoir dans un jardin …
« Je ne connais rien de plus plaisant que de s’asseoir là, par un bel après midi d’été, le soleil frémissant à travers le feuillage et éclairant vos joyeux parterres où fleurs et massifs sont aussi serrés que les brins d’herbe d’une prairie, une floraison sauvage, tissée et entrelacée en couronne ou en guirlande avec une profusion au-delà de toute imagination. » Mary MITFORD (Écrivaine britannique / Extrait de son livre Notre village – 1820)
» S’asseoir dans un jardin est un rêve. Un rêve de paix et de repos après une journée de travail, après un an de travail, après une toute une vie de travail. » Gabriele TERGIT (Écrivaine allemande)
