» Parmi les mots du dictionnaire, il n’y en a peut-être pas un qui évoque plus de visions agréables que celui du jardin. Des fleurs, des fruits, des eaux jaillissantes, des ombrages, des lits de mousse, des chants d’oiseaux. Ce n’est pas pour rien que le Paradis est appelé le jardin d’Éden ! Et c’est sans doute la nostalgie de ce Paradis perdus qui pousse tant d’hommes, jeunes et vieux, à chercher le bonheur dans la possession d’un jardin. Quand l’ouvrière de Paris suspend à sa fenêtre un pot de réséda ou un de capucines, c’est un petit rayon de Paradis perdu qui vient illuminer son taudis. Quand le militaire ou le vieil employé de bureau rêvent de prendre leur retraite pour planter ou greffer leurs rosiers et voir mûrir leurs pommes, c’est le vieil homme, c’est Adam qui revit en eux, tel qu’il était avant sa chute, n’ayant rien à faire qu’à cultiver et à garder son jardin. » Charles GIDE (Enseignant et économiste français – Extrait de son livre La Cité jardin/1911)
