Sonate Arpeggione D.821 … Franz SCHUBERT

Schubert fut très intéressé par un instrument qui venait de voir le jour en 1824 : l’Arpeggione. Un instrument entre guitare et violoncelle, inventé par Johann Georg Stauffer en 1823. A la différence du violoncelle, il n’a pas de pique qui permette de le poser au sol. Il faut jouer, avec un archet, en le maintenant entre ses genoux.

Il décida de composer cette Sonate un an plus tard, pour piano et arpeggione, et la dédia au virtuose Vincenz Schuster, de base guitariste et qui deviendra arpeggioniste.

C’est une très belle page, rêveuse, pleine de charme, qui dégage beaucoup de sérénité, de nostalgie et il y a un très bel équilibre entre les deux instruments.

(Vidéo : Mstislav ROSTROPOVICH (violoncelle) – Benjamin BRITTEN (piano )

Fleur de printemps : le Lilas …

 » Dans les jardins de mon père,
Les lilas sont fleuris;
Dans les jardins de mon père,
Les lilas sont fleuris;
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids .
.. »  Vers extrait de la chanson populaire Auprès de ma blonde attribuée à André JOUBERT DU COLLET qui était lieutenant dans la marine royale de Louis XIV )

Le lilas fleurit au printemps dès le mois d’avril et de façon plus abondante entre mai et juin . Il fait partie de la famille des Oléacées. Il se décline en 900 espèces environ. Il apporte une note joyeuse et parfumée à nos jardins.

Joseph Pitton de Tournefort lui avait donné le nom de Syringat qui vient du grec Syrinx ( tuyau vide, flûte ou roseau ) probablement parce que les petites fleurettes de ses grappes (thyrses) , qui sentent si bon, ont un peu la forme d’une flûte à champagne. C’est sous cette dénomination qu’un autre botaniste et naturaliste suédois Carl Von Linné le baptisera en 1753. Il se décline en différents tons : blanc, mauve, violet, magenta, voire même bi-colore . Les premières notes à son sujet, ont été écrites au XVIe siècle par l’apothicaire et grand voyageur Pierre Belon.

On le dit natif d’Orient. Mais, à l’origine, il poussait à l’Est de la Roumanie, avant d’arriver à la Cour de Soliman le Magnifique à Constantinople.. Il portait alors le surnom qui lui avait été donné à savoir : queue de renard . Lors de l’un de ses voyages en Turquie, le diplomate autrichien Ogier Ghislain de Busbecq reçoit un plant de lilas de la part du sultan. Ce dernier le ramène en Europe et l’offrira au roi François Ier.

Ogier Ghislain DE BUSBECK

Toutefois, il ne sera véritablement cultivé qu’au XIXe siècle par le grand jardinier, horticulteur, hybrideur et pépiniériste originaire de Nancy : Victor Lemoine, avec lequel le lilas va connaitre un véritable essor non seulement en France, mais dans le monde . C’est lui qui créera le lilas Syringa vulgaris qui pousse désormais dans nos jardins. La Maison Lemoine ( qui n’existe plus) a donné naissance à plus de 200 variétés de lilas.

Victor LEMOINE

Comme beaucoup d’autres fleurs, le lilas a lui aussi sa légende. Il puise sa source dans la mythologie grecque. Pan, dieu des forêts et des champs, fut complètement sous le charme de la nymphe Syringa, à un point tel qu’il la suivait de partout. Cet empressement effrayait la jeune fille, si bien que pour lui échapper, elle décida de se transformer en un arbuste aux fleurs odorantes appelé Lilas.

Dans le langage des fleurs, le lilas blanc est synonyme d’innocence et de pureté. Si il est mauve, il exprime les premières émotions d’un amour naissant . Il peut avoir d’autres significations : aux Etats-Unis, par exemple, si l’on offre du lilas à une jeune fille, cela voudra dire qu’elle restera célibataire toute l’année. Il est recherché pour la confection des bouquets de mariée, associé à du lierre ce qui a pour symbolique un amour fort et qui dure.

En Orient, un bouquet de lilas était un signe de rupture. En Angleterre, il n’est pas bon d’amener du lilas blanc dans une maison car utilisé il y a des siècles pour des cérémonies funéraires.

Bien qu’elles soient décoratives, les fleurs de lilas sont utilisées également sous forme de tisane pour combattre la grippe et le rhume. Quand aux feuilles, elles servent (écrasées) pour soulager les ecchymoses et guérissent les abcès. L’huile essentielle de lilas (au demeurant très chère) est recommandée pour l’acné et les maladies respiratoires.

Les fleurs de lilas sont également très recherchées en parfumerie en raison de leur délicate senteur, légèrement poudrée, reconnaissable entre toutes . Toutefois, c’est une fleur muette. En conséquence de quoi, on ne peut extraire son odeur par distillation ou autre procédé, ni obtenir d’essence ou d’absolue de lilas. Il faut donc reconstituer son parfum. Les méthodes modernes actuelles permettent de le faire d’une façon assez incroyable et le résultat semble très naturel.

C’est ainsi qu’on le retrouve dans : Amour-Amour de Jean Patou, Fleur d’Interdit de Givenchy, Lilas mauve d’Yves Rocher , Guilty de Gucci, Lilas Exquis de Jacques Fath, Love de Chloé, White Linen de Esthée Lauder …

Le lilas a inspiré la poésie et la peinture et son nom revient dans certaines chansons connues. Sans oublier qu’il a donné son nom à l’ancienne Porte de Romainville à Paris, devenue Porte des Lilas.

 » Venez sous la tonnelle assombrie de lilas
afin que je suspende, ainsi qu’une médaille,
à votre cou pareil à la rousseur du blé
et au lisse raisin qui dort sur la muraille,
avec un fil de Vierge une rose bengale
…  » Francis JAMMES (Poète, romancier, dramaturge, critique littéraire français / Extrait de son recueil Clairière dans le ciel en 1902/06)

« Lilas blanc dans un vase  » Edouard MANET

 » Je rêve et je me réveille
Dans une odeur de lilas
De quel côté du sommeil
T’ai-je ici laissé ou là
…  » Louis ARAGON (Poète, romancier et journaliste français / Poème Les Lilas Extrait de son recueil Fou d’Elsa paru en 1964)

 »Le bouquet de Lilas » James TISSOT

 » Je vois fleurir, assis à ma fenêtre,
L’humble lilas de mon petit jardin,
Et son subtil arome qui pénètre
Vient jusqu’à moi dans le vent du matin..
. » François COPPÉE (Poète français / Poème A un lilas – Extrait de son recueil Le cahier rouge (1892)

 » Le lilas  » Max SLEVOGT

« Quand les lilas fleurirent pour la dernière fois dans le jardin
Et que, dans la nuit, la grande étoile, de bonne heure, échoua dans le ciel de l’ouest,
Je pleurais… et pleurerai encore avec l’éternel retour du printemps.

Ô printemps et ton éternel retour ! Tu m’offres la trinité à chaque fois ;
Les lilas qui, fidèles, fleurissent, et l’étoile qui vient s’échouer à l’ouest,
Et mes pensées vers celui que j’aime.

Dans le jardin qui se tient devant une ancienne ferme, près d’une palissade blanchie à la chaux,
Se trouve un buisson de lilas, haut en taille, ses feuilles en forme de cœur d’un vert profond,
Avec d’innombrables fleurs dressées, fières, délicates, au parfum tenace que j’adore,
Chaque feuille est un miracle…… née de l’arbuste dans le jardin,
Avec ses fleurs aux couleurs subtiles, ses feuilles en forme de cœur d’un vert profond
Le bout de la branche, garni d’une fleur, je le casse.
… …  » Strophes et vers extraits d’un poème écrit par Walt WITMAN (Poète, romancier, journaliste, éditeur américain) 

« Femme à la branche de lilas » Giovanni BOLDINI