» L’acrobatie et la danse classique exigent, dans une égale mesure, une technique que seuls dominent des professionnels hautement entraînés et qui tentent, chacun dans son domaine, de montrer quelque chose d’inhabituel ou d’extraordinaire. Pour le reste, leurs objectifs sont diamétralement opposés. Les acrobaties attirent l’attention par leur caractère difficile et dangereux. L’art, au contraire, cache tous les effets visibles. Son but n’est pas de produire des effets de gymnastique, mais de créer l’illusion d’un corps libre qui n’obéit pas aux lois de la gravitation. » Tamara KARSAVINA (Danseuse Étoile russe)
Photo de Stas LEVSHIN avec Irina PERREN et Marat SHEMIUNOV
» Cet homme immortel, comme tous les grands esprits, s’est frayé une voie personnelle. Imagination enflammée, fantaisie à l’avenant, grande intelligence harmonique, modulations d’un effet audacieux, accompagnement instrumental incomparable, tel est le caractère dominant de ses opéras. Le staccato de ses basses, qui leur confère presque l’insistance d’une pédale d’orgue, la précision du coloris musical, et particulièrement des effets crescendos et decrescendos, sont sa spécialité. » Christian SCHUBART (Poète et compositeur allemand – Il avait rencontré Jommelli en 1769, avait apprécié sa musique et avait souhaité rendre hommage à son travail dans son ouvrage Idées pour une esthétique de l’art musical.
( Vidéo : Ouverture/Sinfonia – Christophe ROUSSET à la direction des TALENS LYRIQUES)
Jommelli est né en 1714 à Aversa ( Italie ) – Il a étudié la musique dans le très célèbre et réputé Conservatoire San Onogrio de Naples. Ce fut un compositeur du baroque tardif, très apprécié sur toute la scène européenne durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui a beaucoup œuvré pour l’opéra séria. Ses partitions témoignent de son réel talent de mélodiste. Et pourtant c’est quasiment oublié qu’il décédera à Naples en 1774.
Il fut directeur de l’Ospedale degli incurabili à Venise, où, un peu comme Vivaldi, il a formé des jeunes filles douées pour le chant et la musique. Pour cet hospice il a écrit de nombreuses œuvres religieuses mais également des opéras ; ces derniers étaient non seulement interprétés dans la Sérénissime, mais à Naples, Bologne, Rome et Parme. D’autre part, il occupa ( durant 16 ans ) le poste de maître de chapelle et compositeur à la Cour du duc de Wurtemberg en Allemagne.
L’Armida abbandonata, avant dernier de ses opéras, est assez fascinant, original, expressif, avec un orchestral d’une grande richesse, et de magnifiques arias . Pourtant, il n’a pas énormément enthousiasmé l’auditoire lors de sa création au théâtre San Carlo de Naples en 1770 : le public et la critique l’ont trouvé un peu trop élaboré,en comparaison de ceux qu’ils avaient l’habitude d’entendre. De son côté, le jeune Mozart, admirateur de la musique de Jommelli (qui, du reste, influencera la sienne), assista à l’âge de 14 ans, à cet opéra et déclara : « beau mais trop sérieux et un peu démodé pour le théâtre « .
Le livret est de Francesco Saverio de Rogati d’après le poème épique La Jérusalem délivrée ( 1581 ) de Torquato Tasso dit Le Tasse.
( Vidéo : « Fra l’orror di notte oscura » Aria de Tancrède – Interprété par le ténor Gilles RAGON – accompagnement : Christophe ROUSSET à la direction des TALENS LYRIQUES )